Un débat grandissant agite le Royaume-Uni autour des « incidents de haine non criminels » (NCHIs), des faits perçus comme motivés par la haine ou les préjugés mais qui ne constituent pas des infractions. Nick Herbert, président du College of Policing et membre de la Chambre des Lords, a récemment pris position contre cette pratique qu’il qualifie de « distraction » pour les forces de l’ordre.
We need to rebalance the policing of non-crime hate incidents — the police should not be drawn into the policing of mere disputes which is bad for public confidence in the service — @Telegraph reports my question in the @UKHouseofLords https://t.co/lKK1Lvf0gZ
— Nick Herbert (@nickherbertcbe) November 22, 2024
Des incidents « triviaux » qui mobilisent la police
Ces incidents de haine non criminels sont recensés par la police lorsque des plaintes font état de comportements perçus comme offensants, sans pour autant constituer des délits. Parmi les exemples récents, on retrouve des faits aussi insignifiants que des sous-vêtements sales suspendus à un étendoir ou des remarques d’élèves affirmant qu’une camarade de classe « sentait le poisson ». Au total, plus de 13 200 incidents de ce type ont été enregistrés sur une période de 12 mois.
Nick Herbert dénonce une tendance inquiétante où les forces de police sont détournées de leurs missions prioritaires. Selon lui, les policiers devraient être capables de dire aux plaignants : « Nous comprenons que vous trouviez cela offensant, mais cela ne relève pas de notre compétence. »
Un appel à la « raison » et au bon sens
Lord Herbert insiste sur la nécessité d’une approche « pragmatique et raisonnable » pour éviter que les policiers ne se retrouvent pris dans des querelles futiles. Bien qu’il rappelle l’importance de lutter contre des phénomènes graves comme l’antisémitisme ou les véritables discriminations, il alerte sur le risque de nuire à la confiance du public envers les forces de l’ordre.
Interrogé par The Times sur l’opportunité de supprimer complètement l’enregistrement de ces incidents, Lord Herbert a répondu : « Potentiellement. » Il souligne que les priorités des forces de l’ordre devraient se recentrer sur les crimes graves tels que les violences sexuelles, les abus d’enfants ou les crimes violents.
Une priorité pour les autorités ou un frein inutile ?
La critique ne vient pas uniquement de Lord Herbert. Des figures influentes, dont un ancien commissaire de la police métropolitaine, exhortent également les autorités à revoir leur approche. Toutefois, le gouvernement travailliste dirigé par Keir Starmer semble vouloir étendre encore davantage le suivi de ces incidents, malgré leur impopularité croissante.
Cette posture a provoqué la colère de défenseurs de la liberté d’expression, dont l’organisation Free Speech Union, qui menace d’engager des actions en justice. En parallèle, certains incidents récents, comme des fusillades meurtrières ou des accidents impliquant des véhicules volés, continuent de susciter des interrogations sur la priorité donnée par les forces de l’ordre.
Une société tiraillée entre sécurité et liberté
Alors que les taux de criminalité violente préoccupent de plus en plus les Britanniques, la gestion des incidents de haine non criminels divise. Pour Lord Herbert et d’autres critiques, cette approche détourne des ressources précieuses des véritables priorités policières. Ce débat illustre une tension croissante entre le souci de protéger les minorités et le besoin d’assurer une sécurité publique efficace.
Dans un contexte où des crimes graves continuent de frapper les grandes villes britanniques, la question demeure : la police doit-elle encore s’occuper d’incidents non criminels, ou est-il temps de recentrer ses efforts sur des menaces bien réelles ?
Illustration : DR
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