La série « Ne dis rien » (Say Nothing), disponible sur Disney+ en France depuis le 11 décembre 2024, plonge les spectateurs au cœur des Troubles en Irlande du Nord, une période marquée par des conflits intenses entre les années 1970 et 1990. Inspirée du livre éponyme de Patrick Radden Keefe, cette mini-série en neuf épisodes retrace des événements réels tout en prenant certaines grosses libertés narratives avec l’histoire. Une excellente série au final, mais à ne pas visionner comme on visionne une série historique.
Une immersion dans les Troubles
« Ne dis rien » débute avec l’enlèvement de Jean McConville, une mère célibataire de dix enfants, en 1972. Accusée à tort d’être informatrice pour l’armée britannique, son sort tragique sert de fil conducteur pour explorer les violences perpétrées par l’Armée républicaine irlandaise (IRA) et les répercussions sur les familles touchées. La série s’étend sur quatre décennies, offrant une perspective approfondie sur les motivations et les actions des principaux acteurs du conflit.
Au centre de la narration se trouvent Dolours et Marian Price, deux sœurs issues d’une famille républicaine de Belfast. Leur évolution, de militantes pacifiques à membres actives de l’IRA, est dépeinte avec une intensité remarquable. Lola Petticrew incarne une jeune Dolours passionnée et déterminée, tandis que Maxine Peake offre une performance poignante en tant que Dolours plus âgée, confrontée à ses choix passés. Hazel Doupe apporte une profondeur subtile au personnage de Marian, illustrant les dilemmes moraux auxquels elle est confrontée.
Gerry Adams, figure politique controversée, est interprété par Josh Finan et Michael Colgan à différentes étapes de sa vie. La série le présente comme un leader charismatique mais énigmatique, mais surtout comme un chef de l’IRA, organisation dont il a toujours réfuté avoir fait partie (la série le précise à chaque fin d’épisode). . Brendan Hughes, joué par Anthony Boyle et Tom Vaughan-Lawlor, incarne le stratège militaire dévoué, dont la loyauté est mise à l’épreuve par les réalités du conflit.
Une réalisation soignée mais controversée
Visuellement, « Ne dis rien » impressionne par sa reconstitution fidèle des années 1970 et 1980 en Irlande du Nord. Les scènes de violence sont filmées avec une intensité qui capture la brutalité de l’époque, sans tomber dans le sensationnalisme. La bande sonore, discrète mais efficace, accompagne les moments clés sans détourner l’attention du récit. Cependant, la série a suscité des critiques pour sa représentation de certains événements et personnages. Notamment, Marian Price a intenté une action en justice contre Disney pour sa représentation dans la série, affirmant que celle-ci est hautement préjudiciable et injustifiée
De plus, Gerry Adams, qui a toujours nié toute implication dans l’IRA, n’a pas vu ses demandes prises en compte dans la narration.
Bien que basée sur des faits réels, « Ne dis rien » prend des libertés avec l’exactitude historique. La série s’appuie sur le livre de Patrick Radden Keefe, mais certaines scènes et dialogues sont romancés pour renforcer le drame. Cette approche a conduit à des débats sur la fidélité de la série aux événements historiques et sur la manière dont elle dépeint les responsabilités morales des protagonistes.
Un point d’entrée pour les non-initiés
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec les Troubles, « Ne dis rien » offre une introduction accessible à cette période complexe. La série parvient à captiver l’attention et à susciter l’intérêt pour l’histoire de l’Irlande du Nord. Cependant, il est essentiel de compléter ce visionnage par des recherches supplémentaires pour comprendre pleinement les nuances et les vérités historiques des différents camps impliqués.
Cinématographiquement, une très bonne série. Mais à regarder comme un divertissement, introduction aux Troubles en Irlande du Nord. Il faudra ensuite creuser par soi même.
Illustration : DR
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