En octobre 2024, la CGT a publié une mise à jour de sa liste noire des plans de licenciements en France, couvrant la période de septembre 2023 à septembre 2024. Ce bilan alarmant illustre une nouvelle étape dans la désindustrialisation du pays, avec un impact massif sur l’emploi et une politique économique critiquée pour son manque de vision à long terme.
Une crise de l’emploi sans précédent
Selon le recensement, 180 plans de licenciements ont été identifiés, menaçant ou supprimant 47 272 emplois, dont 21 191 dans le secteur industriel. En intégrant les emplois indirectement touchés, ce chiffre pourrait grimper entre 86 654 et 135 881 emplois. Ces suppressions concernent principalement les secteurs de l’automobile, de la chimie, de l’énergie et de l’agroalimentaire. Les fermetures de sites emblématiques, comme celles de Casino ou de l’équipementier automobile Marelli, témoignent d’une perte continue de savoir-faire et de compétences dans des secteurs stratégiques.
Des politiques publiques en question
Les mesures telles que les aides publiques, qui ont atteint 170 milliards d’euros en 2023, sont largement critiquées. Bien que ces aides soient censées stimuler l’investissement et préserver l’emploi, elles semblent avant tout profiter aux grands groupes qui continuent de verser des dividendes record. Par exemple, Sanofi a supprimé 330 postes malgré un bénéfice net de 10 milliards d’euros en 2022 et des aides publiques massives via le Crédit d’Impôt Recherche.
L’initiative « Choose France », vantée par le gouvernement pour attirer les investissements étrangers, apparaît également en décalage avec la réalité. Si 15 milliards d’euros d’investissements étrangers ont été annoncés en 2024 pour la création ou le maintien de 10 000 emplois, ces chiffres sont insignifiants comparés aux suppressions massives constatées. La CGT dénonce un coût exorbitant de 1,5 million d’euros par emploi créé ou sauvegardé, ce qui illustre, selon elle, une inefficacité criante des politiques actuelles.
Un impact social et territorial
La désindustrialisation ne se limite pas à une simple perte d’emplois. Elle fragilise le tissu économique local et exacerbe les inégalités territoriales. Des régions entières, particulièrement celles qui dépendent d’industries spécifiques comme l’automobile ou la chimie, sont durement touchées. Par exemple, en Bretagne, la fermeture de la Fonderie de Bretagne met en péril 500 emplois, symbolisant l’abandon des bassins industriels.
Pour de nombreux acteurs, cette situation est le fruit de décennies de désengagement de l’État face à la mondialisation et aux politiques néolibérales. Une refonte profonde des politiques économiques et industrielles est urgente pour éviter un effondrement complet de l’industrie française.
Avec un secteur manufacturier ne représentant plus que 10 % du PIB, la France se situe loin derrière ses voisins européens. Le défi est colossal, mais il est encore temps d’agir pour rétablir une souveraineté industrielle et garantir un avenir viable aux travailleurs et aux territoires. Les responsables de ce massacre industriels seront-ils jugés et condamnés un jour ?
Illustration : DR
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