Le rapport publié en novembre 2024 par le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) révèle une situation préoccupante en Azerbaïdjan, marquée par des violations systématiques des droits humains et une répression ciblée à l’encontre des minorités, des dissidents politiques, et même des ressortissants étrangers. Dans ce contexte, l’organisation de la COP29 à Bakou apparaît comme un paradoxe criant, l’Azerbaïdjan étant l’un des États les plus dépendants des hydrocarbures.
Nettoyage ethnique et torture dans les prisons
Depuis l’agression de septembre 2023 contre le Haut-Karabakh, plus de 120 000 Arméniens ont été forcés à l’exil dans ce que les institutions européennes qualifient de nettoyage ethnique. Outre les déplacements massifs, une centaine de prisonniers arméniens, civils et militaires, sont soumis à des conditions inhumaines dans les prisons azerbaïdjanaises. Ruben Vardanyan, ancien ministre d’État d’Artsakh, figure emblématique de cette répression, aurait été victime de tortures documentées par l’ECLJ. Ces pratiques violent non seulement les Conventions de Genève, mais également la Convention européenne des droits de l’homme, dont l’Azerbaïdjan est signataire.
Les prisonniers politiques azéris ne sont pas épargnés. Des figures critiques comme l’économiste Gubad Ibadoghlu subissent des détentions arbitraires et des traitements dégradants, révélant une répression systématique à l’encontre de toute opposition.
Des représailles ciblées contre la France
La répression azerbaïdjanaise s’étend au-delà de ses frontières. Trois ressortissants français sont actuellement détenus arbitrairement à Bakou. Parmi eux, Théo Clerc, condamné à trois ans de prison pour un graffiti dans le métro de la capitale, une sentence disproportionnée perçue comme une réponse diplomatique au soutien affiché de la France à l’Arménie.
Ces incidents diplomatiques témoignent d’un usage délibéré du système judiciaire azerbaïdjanais comme outil de pression internationale, particulièrement envers les pays critiquant la politique d’Ilham Aliyev.
Le paradoxe de la COP29 : une hypocrisie écologique
L’organisation de la COP29 à Bakou, du 11 au 22 novembre 2024, a suscité l’indignation des défenseurs des droits humains. En effet, avec 90 % de ses exportations reposant sur les hydrocarbures, l’Azerbaïdjan incarne une dépendance énergétique à l’opposé des objectifs climatiques mondiaux. Cet événement a été qualifié de tentative de « greenwashing » pour masquer des abus systématiques. Les militants locaux dénoncent également une répression accrue à l’occasion de ce sommet.
La participation du président du Conseil européen, Charles Michel, a été vivement critiquée, ce dernier ayant félicité Aliyev pour l’organisation de la conférence.
L’inaction européenne : une complicité tacite ?
L’Union européenne, bien que consciente des abus, reste en partie silencieuse en raison de sa dépendance au gaz azéri, renforcée par l’accord énergétique de 2022. Cette posture compromettante trahit les valeurs fondamentales de l’UE et affaiblit son autorité morale sur la scène internationale.
Le Parlement européen a récemment adopté une résolution exigeant des sanctions contre Bakou et la suspension de l’accord gazier. Il appelle également à subordonner tout futur partenariat à des réformes concrètes en matière de droits humains et à la libération des prisonniers politiques. Le silence de l’Europe, motivé par des intérêts énergétiques à court terme, met en péril sa crédibilité. Il est impératif que les institutions européennes et internationales adoptent des mesures fermes pour garantir le respect des droits fondamentaux et soutenir les victimes de ce régime.
Le rapport complet peut être consulté ici
Illustration : DR
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