Guémené-sur-Scorff, commune historique du Morbihan, traverse une crise financière majeure, révélée par un récent rapport accablant de la Chambre régionale des comptes de Bretagne. Avec un endettement record, des pratiques de gestion critiquées, et une situation budgétaire désastreuse, cette « petite cité de caractère » est aujourd’hui un symbole des défis auxquels font face les collectivités locales mal gérées.
Un héritage patrimonial qui pèse lourd
Guémené-sur-Scorff, connue pour son patrimoine médiéval et ses spécialités gastronomiques, doit composer avec un territoire exigu et densément urbanisé. Bien que dotée d’équipements publics nombreux, sa population vieillissante (51 % ont plus de 60 ans) et des ressources financières limitées compliquent la gestion quotidienne. La commune, avec seulement 1 097 habitants, tente de maintenir un niveau de service élevé, mais au prix d’un alourdissement considérable de sa dette.
Des fautes de gestion multiples et répétées
Le rapport met en lumière des décisions financières lourdes de conséquences :
- Budgets insincères : Absence de comptabilité des engagements et sous-estimation des charges.
- Surendettement : Emprunts inconsidérés pour des projets d’investissement disproportionnés. La dette a atteint des niveaux insoutenables, hypothéquant les recettes futures.
- Dépassements budgétaires : En 2023, la commune cumulait 870 000 € de factures impayées, représentant sept mois de charges de fonctionnement.
- Pratiques discutables : Augmentation des indemnités des élus et mise à disposition d’une carte carburant personnelle pour le maire, sans délibération préalable.
Une gouvernance à restructurer
Le maire, René Le Moullec, est sévèrement critiqué pour avoir ignoré les recommandations précédentes de la Chambre des comptes. Depuis 2018, la commune n’a pas inversé sa trajectoire financière malgré les multiples alertes. L’instabilité administrative, avec cinq directeurs des services en six ans, a amplifié les dysfonctionnements.
Des mesures urgentes mais insuffisantes
En 2024, face à un déséquilibre budgétaire de plus d’un million d’euros, le préfet du Morbihan a pris des mesures drastiques, notamment :
- Réduction des indemnités des élus.
- Hausse limitée des impôts locaux.
- Suspension des investissements. Cependant, ces mesures ne suffiront pas à rétablir la situation avant la fin du mandat actuel. La Chambre recommande un plan de redressement pluriannuel, incluant la vente de patrimoine non essentiel, la restructuration des services communaux, et une meilleure mutualisation avec la communauté de communes Roi Morvan.
La situation de Guémené-sur-Scorff soulève des questions fondamentales sur la gestion des petites collectivités. Faute de mesures radicales, la commune risque la mise sous tutelle ou la fusion avec une collectivité voisine comme Locmalo. Le défi majeur reste de restaurer la confiance des habitants et de garantir la continuité des services publics.
La situation critique de Guémené-sur-Scorff illustre les dérives d’une gestion municipale déconnectée de ses réalités financières. Elle met en lumière la nécessité d’une gouvernance transparente et responsable pour éviter que d’autres collectivités bretonnes ne suivent le même chemin.
Le rapport complet de la chambre régionale des comptes est à consulter ici.
Illustration : Wikipedia (cc)
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7 réponses à “Guémené-sur-Scorff : la commune bretonne au bord du gouffre financier”
Il est à craindre que beaucoup de communes bretonnes soient bientôt dans le même cas….
Nos élus semblent restés cliqués aux trente glorieuses….hélas! hélas !!!
Quand va t’on comprendre que la démocrassie n’a jamais été synonyme de compétence ?
Autrefois on savait que les maires, contrairement aux conseillers généraux et régionaux, aux députés et sénateurs, étaient au service de leur petite communauté, et ce quasi bénévolement (le traitement des maires était, sauf grandes villes, dérisoire ; il a fallu l’augmenter – et plus encore celui des adjoints ! – eu égard à la crise des vocations, là aussi). La nouvelle génération des élus a fait d’un « service » un mandat juteux : jusqu’à une carte personnelle de carburant… qui doit servir à toute la famille et à toutes les voitures de la famille. Ce maire devrait être démis, au moins condamné à tout rembourser.
Qui a élu le maire dépensier et impécunieux ?
Une fois de plus les Maires ont tous les pouvoirs. Comme en Eure et Loir, un village ou la Maire a failli tuer la femme d’un gendarme par le non entretien de la voie publique verglacée.
Comment une commune peut entretenir son patrimoine sans que les habitants paient des lourdes taxes?
Le maire a demandé beaucoup de subventions et mis l’argent dans l’immobilier une bonne chose, mais comme tout les maires ou beaucoup il va trop vite…et voilà le résultat.
Sans compter les arrangements qu’il doit avoir…
Une gestion comme çà , mérite une municipalité de gauche , je me trompe …!!