Trois gardiens de phare disparaissent mystérieusement au début des années 1900. Deux jeunes filles disparaissent dans la jungle du Panama. Cinq hommes abandonnent leur voiture en pleine montagne, puis s’enfoncent dans la forêt pour une raison inconnue et y mourir l’un après l’autre. Un jeune homme disparaît. On ne le retrouvera que sept ans plus tard emmuré dans la cheminée d’une cabane au milieu des bois…
Depuis des temps immémoriaux, l’humanité a été confrontée à des crimes inexpliqués et des disparitions mystérieuses. Parfois quand il s’agit d’assassinats ou d’accidents si improbables, le paranormal semble la seule explication possible. Passionné par ce genre d’affaires énigmatiques, Geoffrey Claustriaux revisite douze d’entre elles dans son livre intitulé Les Dossiers de l’impossible – Crimes et disparitions. Il vous invite à découvrir les faits bruts tels qu’ils sont connus à ce jour et propose une fin fictionnelle possible pour chacun de ces crimes et disparitions.
Nous l’avons interrogé ci-dessous.
Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Geoffrey : Bonjour à toutes et à tous ! Je m’appelle Geoffrey Claustriaux, j’ai 38 ans et je suis auteur de romans, scénariste et critique cinéma spécialisé dans l’horreur. Je possède une chaîne YouTube où je parle de cinéma avec humour (La Maison Claus) et je suis devenu, il y a plus d’un an, chroniqueur sur BTLV, la chaîne spécialisée dans le paranormal.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire sur des affaires aussi mystérieuses et souvent troublantes ? Pourquoi avoir choisi ces douze affaires en particulier ? Qu’ont-elles en commun, selon vous, pour susciter autant de fascination ?
Geoffrey : D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été fasciné par le paranormal. Adolescent, j’étais abonné à des magazines comme Facteur X et Dossiers OVNI, et bien entendu, quand X-Files était diffusé à la télévision, je ne manquais aucun épisode. Aussi, quand je suis devenu auteur, je me suis longtemps demandé comment aborder ce genre d’histoires. Je voulais proposer une approche qui sorte un peu des sentiers battus, pas seulement lister des faits divers. J’ai donc choisir de mixer le réel et la fiction, en proposant en premier lieu des nouvelles romancées, suivies des faits bruts tels qu’on les connait.
Concernant les 12 affaires, j’ai suivi plusieurs critères. D’abord, elles devaient rester irrésolues tout en étant suffisamment riches en détails pour alimenter des théories (plus ou moins) crédibles. Ensuite, il me fallait trouver un angle narratif solide. Certaines affaires pourtant fascinantes ont été écartées faute de pouvoir les aborder sous un prisme captivant.
Et ce qu’elles ont en commun, c’est de placer des personnes ordinaires face à l’étrange, que ce soit au niveau de leur comportement ou des faits en eux-mêmes.
Breizh-info.com : Votre livre mêle une présentation factuelle des événements et une interprétation fictionnelle. Qu’est-ce qui vous a motivé à explorer ces récits sous cet angle ? Pensez-vous que la fiction est un moyen efficace de rendre ces affaires plus accessibles au grand public, ou risque-t-elle d’altérer la perception des faits historiques ?
Geoffrey : On m’a souvent dit que le concept de mon livre faisait penser aux Histoires Extraordinaires de Pierre Bellemare, ce qui est vrai, mais il y a une chose qui m’a toujours frustré dans le travail de ce grand monsieur, c’est le flou sur l’origine des récits, le manque de sources. Mon objectif était d’éviter cet écueil et de permettre aux lecteurs d’accéder directement aux faits véridiques. Ainsi, chacun peut démêler le vrai du faux et construire sa propre interprétation.
Je pense également, comme vous le soulignez, que cette approche permet de toucher un public plus large, un public qui n’est pas spécialement intéressé par le réel mais souhaite lire des histoires divertissantes, tout comme cela peut intéresser les amateurs de documentaires true crime. En revanche, en cette période de fake news, je souhaitais éviter autant que possible d’altérer la perception de ces faits historiques, ce qui a été une raison supplémentaire d’inclure les faits de base.
Breizh-info.com : Ces affaires semblent parfois toucher au paranormal ou à l’impossible. Pensez-vous que cela reflète une quête humaine d’explications face à l’inexplicable ?
Geoffrey : Je pense en effet que c’est profondément ancré en nous. L’être humain cherche depuis toujours à comprendre l’univers qui l’entoure, à donner du sens à ce qui paraît inexplicable. Cette quête nous pousse à explorer toujours plus loin, que ce soit dans l’espace, la génétique ou le transhumanisme.
Breizh-info.com : Parmi les affaires que vous avez traitées, y en a-t-il une qui vous a particulièrement marqué ou troublé ? Pourquoi ?
Geoffrey : L’affaire des deux jeunes femmes perdues dans la jungle du Panama me fait frissonner à chaque fois que j’y repenser. Imaginer ce qu’elles ont pu endurer et ressentir me glace le sang. J’ai même douté à un moment : avais-je le droit de raconter une telle tragédie de cette manière ? Heureusement, après en avoir discuté avec ma correctrice, j’ai été rassuré : l’approche que j’ai choisie reste respectueuse et ne contient rien de diffamatoire.
Sinon, l’affaire de l’étudiante aux mains coupées me trouble aussi : qu’est-ce qui pousse quelqu’un à couper les mains d’une jeune femme pour ensuite les jeter dans la rivière ? Ce comportement me dépasse et m’effraie.
Breizh-info.com : Dans une époque hyperconnectée, pensez-vous que de tels mystères pourraient encore se produire ou rester inexpliqués ?
Geoffrey : Absolument. Les affaires inexpliquées restent nombreuses, avec des centaines de cas qui surviennent chaque année à travers le monde. C’est un terrain de jeu inépuisable pour un auteur ! Paradoxalement, l’hyperconnexion a même créé des mystères qui n’auraient peut-être pas existé à une autre époque.
Prenons l’exemple des jeunes femmes au Panama : grâce au bornage de leurs téléphones portables et à cette étrange série de photos qu’elles ont prises, on a pu reconstituer une partie de leur parcours. Pourtant, ces mêmes éléments technologiques soulèvent autant de questions qu’ils apportent de réponses. Idem pour l’affaire de l’étudiante aux mains coupées : les caméras de surveillance et les relevés téléphoniques, au lieu de tout éclaircir, ont ajouté de nouvelles zones d’ombre.
Et puis, n’oublions pas qu’il existe encore aujourd’hui de nombreux endroits sur Terre où internet n’est pas accessible. Ces zones blanches, loin d’éliminer le mystère, le renforcent parfois. À mon sens, l’hyperconnexion n’est pas une barrière au mystère, mais elle change simplement leur nature par rapport à ceux d’autrefois.
Breizh-info.com : Votre livre interroge la frontière entre science et mysticisme. Pensez-vous que l’ouverture à des hypothèses paranormales enrichit ou fragilise notre compréhension des faits ?
Geoffrey : À mes yeux, le paranormal n’est rien d’autre que ce que la science ne parvient pas encore à expliquer. Que l’on parle d’extraterrestres, de cryptides ou de fantômes, je suis convaincu qu’il existe une explication rationnelle à tout phénomène — même si nous ne la connaissons pas encore. Prenons l’exemple des fantômes : ils pourraient très bien évoluer sur un plan dimensionnel différent du nôtre. D’ailleurs, la science a récemment fait des découvertes intrigantes, comme ces mystérieuses particules détectées en Antarctique, qui semblent indiquer l’existence possible d’autres dimensions.
Pour répondre à votre question, je pense que l’ouverture à des hypothèses paranormales enrichit notre compréhension des faits, mais qu’elle peut la fragiliser si elle est la seule piste considérée. Il est important de garder un équilibre. Si je suis ouvert à ces hypothèses, je pense qu’il faut envisager le paranormal comme une hypothèse de dernier recours. Par exemple, sauter immédiatement à la conclusion qu’une disparition est liée à des extraterrestres, c’est risquer d’ignorer des explications plus terre-à-terre et rationnelles. Pour citer Sherlock Holmes : « Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, aussi improbable soit-il, est nécessairement la vérité. »
Propos recueillis par YV
Illustration : DR
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