La politique politicienne a ses exigences. Elle imposait, par exemple, aux députés Nupes de Loire-Atlantique – Jean-Claude Raux (EELV, Châteaubriant), Julie Laernoes (EELV, Nantes-Rezé), Ségolène Amiot (LFI, Nantes-Saint-Herblain), Matthias Tavel (LFI, Saint-Nazaire), Andy Kerbrat, (LFI, Nantes centre) – de mettre leur grain de sel dans l’affaire Josso-Guerriau ; ils l’ont fait avec ardeur. Non seulement ils apportent leur « soutien plein et entier » à Sandrine Josso (Modem, Guérande), mais encore ils s’affirment d’accord avec le président du Sénat Gérard Larcher (LR) pour demander à Joël Guerriau (Horizons) de « démissionner de ses fonctions […] et de se mettre en retrait de toutes ses activités liées à son mandat de sénateur », le temps de la procédure judiciaire (Ouest-France, Loire-Atlantique, vendredi 24 novembre 2023).
C’était sans prévoir la suite… Une suite qui allait se montrer très embarrassante pour les signataires qui proclamaient leur « profonde indignation » envers les méthodes de Guerriau. Acte 1 : jeudi 17 octobre 2024, Andy Kerbrat est pris la main dans le sac par les policiers alors qu’il achetait de la drogue dans le métro, à la station Lamarck-Caulaincourt (Paris). Pas du cannabis, mais du 3-MMC, une drogue de synthèse souvent appelée “la nouvelle cocaïne“ ; Kerbrat est un client sérieux ! Réaction des députés NFP de Loire-Atlantique – Karim Benbrahim (PS), Ségolène Amiot (LFI), Julie Laernoes (EELV), Fabrice Roussel (PS), Jean-Claude Raux (EELV), Matthias Tavel (LFI) – : pas de communiqué dans la presse, silence radio. Acte 2 : vendredi 15 novembre 2024, Médiapart révèle que Andy Kerbrat piochait dans son avance de frais de mandat (5 950 euros/mois) pour acheter de la drogue. « Rien qu’en 2023, période de son pic de consommation de drogue, l’élu a accumulé pour près de 25 000 euros de virement ou de retraits en liquide depuis cette enveloppe. Des retraits se faisant souvent en pleine nuit. » (Le Télégramme, samedi 16 novembre 2024).
Tout en reconnaissant avoir « fait n’importe quoi » avec ses frais de mandat, Kerbrat, qui est en arrêt maladie, conteste avoir utilisé cet argent pour acheter des stupéfiants. Lorsque l’affaire avait éclaté, le député s’était défendu en expliquant qu’il faisait face à « des fragilités psychologiques » qui expliquaient ses « addictions » (Ouest-France, Pays de la Loire, 16-17 novembre 2024)
« Etre député, c’est avoir un devoir d’exemplarité (…) Si les faits sont avérés, je saisirai la justice », commente Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale (Le Monde, dimanche 17-lundi 18 novembre 2024). De son côté l’association anti-corruption AC!! a déposé plainte contre le député nantais auprès du Parquet national financier ce lundi 18 novembre pour détournement de fonds publics.
Il paraît que Kerbrat a demandé à être hospitalisé en psychiatrie. Dans ce cas, la démission s’imposera ; d’où une élection partielle dans la circonscription de Nantes centre. Le “droit de suite“ jouera-t-il en faveur de LFI, son candidat utilisant l’enseigne Nouveau Front populaire ou bien les socialistes nantais chercheront-ils à jouer leur carte ? De toute manière, Johanna Rolland (PS) doit tenir compte des élections municipales de 2026. Peut-elle se permettre d’entrer en guerre avec les Insoumis ?
Bien entendu, nous attendons avec impatience la réaction à l’acte 2 de Benbrahim, Amiot, Laernoes, Roussel, Raux et Tavel. Ils peuvent s’inspirer de Mélenchon… Après l’acte 1, ce dernier avait apporté son « soutien très amical dans cette lutte » à Kerbrat. Il ajoutait : « Contre l’addiction qui le domine pour l’instant, il engage un traitement. Nous l’entourons pour cela. Il n’a commis de dommages que sur lui-même » (Presse Océan, jeudi 24 octobre 2024). « Nous lui apportons du soutien dans le processus de soins qu’il entame », affirme, bonne camarade, Marie Vitoux, cheffe de file du groupe écologiste et citoyen au conseil municipal de Nantes (Presse Océan, samedi 16 novembre 2024). Donc tout va bien et ses électeurs peuvent se préparer à voter pour lui en 2027…
Bernard Morvan
Illustration : DR
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3 réponses à “Nantes : Andy Kerbrat (LFI) est une vedette”
Encore et toujours la paille et la poutre!
Kerbrat comme Guerriau sont présumés innocents. Mais Kerbrat a été pris en flagrant délit et avoue, tandis que Guerriau nie et que son affaire n’a pas de témoin. Et c’est le second que tout le monde voudrait sanctionner avant jugement !
L’attitude des potentats nantais est parfaitement compréhensible. Les professionnels de la communication qui les assistent sont… professionnels : une affaire dont on ne parle pas n’existe pas. D’où leur silence quasi absolu à Nantes.
Il y a une autre considération : le risque d’une victoire de la droite étant minime, EELV devrait logiquement tenter une rupture d’alliance, une sorte d’opération Barbarossa, lors des prochaines municipales afin de prendre la mairie de Nantes aux socialistes. Avec qui irait LFI ? Et vaudra-t-il mieux y aller avec LFI que contre LFI ? La première réponse s’impose très probablement, car presque tout le monde aura oublié Kerbrat en 2026). Donc ni le camp de Johanna Rolland ni celui de Julie Laernoes ne peut dire du mal de Kerbrat : il ne faut pas insulter l’avenir, et tant pis pour le présent.
Il y a longtemps que LFI, cette secte de voyous aurait dû être dissoute .