Après quarante ans de détention, le militant libanais Georges Ibrahim Abdallah, figure controversée de la lutte antisioniste, a vu sa libération conditionnelle acceptée par le tribunal d’application des peines. Pourtant, cette décision, subordonnée à son départ du territoire français, est suspendue suite à l’appel du Parquet national antiterroriste (PNAT).
Un parcours militant marqué par la radicalité
Né en 1951 à Kobayat, au nord du Liban, Georges Ibrahim Abdallah s’engage très tôt dans la politique en rejoignant le Parti social nationaliste syrien, avant de militer activement au sein du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un mouvement marxiste et antisioniste. Blessé lors de l’invasion israélienne du Liban en 1978, il fonde ensuite les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), groupe responsable de plusieurs attentats meurtriers en France au début des années 1980. Ces actions visaient des diplomates américains et israéliens en réponse à l’occupation du Liban par Israël.
Arrêté en 1984 à Lyon en possession de faux passeports et d’un arsenal d’armes, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1987 pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates, l’Américain Charles Ray et l’Israélien Yacov Barsimentov, ainsi que pour tentative de meurtre sur un consul américain.
Assassin et terroriste pour les uns, symbole de résistance pour les autres
Depuis son incarcération, Georges Ibrahim Abdallah a suscité des soutiens multiples, notamment de la part du Parti communiste français, de l’extrême gauche et de plusieurs associations pro-palestiniennes. Il est décrit par ses défenseurs comme un « prisonnier politique », victime d’une « justice d’État ». Des municipalités françaises, comme Bagnolet ou Grenay, sont allées jusqu’à le nommer citoyen d’honneur, ce qui a souvent déclenché des polémiques.
D’un autre côté, ses opposants, notamment les gouvernements américains et israéliens, dénoncent son rôle actif dans des actes qualifiés de terroristes. Ces deux États ont régulièrement exercé des pressions diplomatiques pour empêcher sa libération, arguant que ses actes justifient son maintien en détention.
Une libération conditionnelle suspendue
Libérable depuis 1999, Georges Ibrahim Abdallah a vu toutes ses précédentes demandes de libération conditionnelle rejetées, à l’exception d’une en 2013, conditionnée à une expulsion jamais exécutée. La décision récente du tribunal d’application des peines marque une évolution significative, renforcée par une lettre des autorités libanaises assurant que son retour ne troublerait pas l’ordre public.
Cependant, l’appel du PNAT pourrait retarder cette décision de plusieurs mois. L’issue reste incertaine, car une nouvelle audience devra statuer sur cette libération très attendue par ses partisans.
Dans son pays d’origine, Abdallah est perçu comme un héros de la cause palestinienne. Le Hezbollah, ainsi que d’autres mouvements pro-iraniens et pro-palestiniens, militent activement pour sa libération, y voyant un symbole de résistance face à l’impérialisme.
En France, son cas illustre les tensions entre impératifs judiciaires, diplomatiques et politiques. Alors que certains y voient une opportunité de tourner la page sur une affaire vieille de quatre décennies, d’autres redoutent que sa libération ne soit perçue comme un affront aux victimes de ses actes.
L’avenir de Georges Ibrahim Abdallah repose désormais entre les mains de la cour d’appel. Sa libération conditionnelle, si elle est confirmée, marquerait la fin de l’un des chapitres les plus longs et controversés de l’histoire judiciaire française.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
Une réponse à “Georges Ibrahim Abdallah, « le plus vieux détenu de France » bientôt libéré ?”
»La France » garde dans ses prisons de dangereux criminels »étrangers » qui nous coûtent très cher »à l’entretien » (nourriture, logement, etc.)..C’est dommage que monsieur Badinter ait supprimer »la peine de mort » car j’estime que des personnes qui ont donné volontairement la mort doivent être tuées, à leur tour!…Si on libère ces dangereux criminels ils peuvent, de nouveau, tuer comme on l’a vu avec des pédophiles qu’on avait libérés!..