Selon des données récentes publiées par Die Welt, près de 4 600 migrants ont réussi à revenir en Allemagne cette année malgré une interdiction de revenir. Ces chiffres, issus du Registre central des étrangers, mettent en lumière l’inefficacité des contrôles aux frontières allemandes et les difficultés à faire respecter les décrets de reconduite à la frontière.
Durant les neuf premiers mois de 2024, 4 614 migrants précédemment expulsés sont ainsi retournés illégalement sur le sol allemand, et ce malgré une interdiction formelle. Sur la même période, l’Allemagne a procédé à 14 718 expulsions, mais la réentrée de milliers de personnes montre que les mesures de dissuasion peinent à produire leurs effets.
Les nationalités les plus représentées parmi ces retours illégaux sont les Afghans (443), Moldaves (431), Syriens (385), Serbes (304), Macédoniens (277), Algériens (266), Turcs (255), Géorgiens (221), Albanais (220) et Bosniaques (173).
Pour Rainer Wendt, président du syndicat de la police allemande, la situation est préoccupante. Il souligne que « la probabilité de récidive est très élevée pour ceux qui reviennent illégalement ». Selon lui, le non-respect des interdictions d’entrée devrait être sanctionné par des peines d’emprisonnement, et il propose de prolonger les interdictions de réentrée à dix ans au lieu des cinq actuels. En effet, après cette période de cinq ans, les interdictions d’entrée sont effacées des registres, ce qui complique la détection des retours illégaux.
Ces données mettent en lumière les limites des contrôles aux frontières et les nombreuses difficultés que rencontrent les autorités allemandes pour faire respecter les expulsions. En effet, pour les six premiers mois de 2024, si environ 9 500 expulsions ont été menées à terme, plus de 14 000 tentatives ont échoué. Les raisons invoquées sont variées : annulations de vols, absence ou maladie des expulsés, et divers problèmes d’organisation.
Le débat sur l’immigration est redevenu brûlant en Allemagne, suite à plusieurs attaques violentes impliquant des migrants, dont certains étaient des demandeurs d’asile déboutés mais restés dans le pays. Ces événements ont suscité la colère de nombreux Allemands face à l’incapacité du gouvernement à endiguer l’immigration illégale. Ce mécontentement s’est d’ailleurs traduit par une montée en puissance de l’Alternative für Deutschland (AfD) lors des récentes élections régionales.
Alors que des élections anticipées sont prévues pour février, l’alliance d’opposition CDU/CSU, actuellement en tête des sondages, promet des mesures plus fermes sur l’immigration. Leur programme inclut notamment le renvoi des migrants non éligibles à l’asile dès la frontière. Toutefois, ces promesses devront encore être concrétisées, d’autant plus qu’une coalition avec les Sociaux-démocrates ou les Verts, plus favorables à l’immigration, pourrait limiter leur marge de manœuvre.
De plus, les critiques n’oublient pas que la CDU/CSU, sous Angela Merkel, avait ouvert les frontières allemandes à des centaines de milliers de migrants lors de la crise migratoire européenne de 2015. Cette décision, encore controversée aujourd’hui, amène de nombreux électeurs à douter de la sincérité de la rhétorique actuelle de la CDU/CSU sur le sujet de l’immigration.
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