En 2023, les travailleurs indépendants en France affichaient en moyenne une durée annuelle de travail de 1 971 heures, soit 422 heures de plus que leurs homologues salariés, selon les dernières données publiées par la Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (Dares). Cette différence est principalement attribuable au fait que les indépendants travaillent un plus grand nombre de jours par an, et qu’ils prennent moins de congés ou de jours d’arrêt maladie par rapport aux salariés.
Des disparités importantes selon les secteurs et les profils
Les secteurs d’activité influencent fortement la durée de travail des indépendants, certains domaines étant particulièrement exigeants en termes de volume horaire. Selon la Dares, l’agriculture et les métiers de bouche présentent les durées les plus élevées parmi les travailleurs indépendants. En revanche, d’autres secteurs, comme les services, affichent des horaires plus flexibles et généralement moins intenses. La durée de travail varie également en fonction de l’âge, avec une hausse progressive jusqu’à environ 60 ans, âge auquel les indépendants tendent à travailler plus d’heures en moyenne que leurs collègues plus jeunes.
Les disparités sont également marquées entre les sexes. Les hommes indépendants travaillent en moyenne davantage que les femmes, un écart partiellement expliqué par la composition genrée des emplois, les femmes étant plus nombreuses dans des secteurs à horaires moins intenses ou aménagés. Par ailleurs, les indépendants employant des salariés au sein de leur entreprise travaillent plus longtemps que ceux qui n’en emploient pas, souvent en raison des responsabilités supplémentaires liées à la gestion de personnel.
Une baisse continue de la durée de travail des indépendants
La durée effective de travail des indépendants a cependant suivi une trajectoire descendante au cours des quinze dernières années, un contraste notable avec celle des salariés, qui est restée globalement stable sur la même période. Le développement du statut de micro-entrepreneur est l’un des facteurs ayant contribué à cette baisse : les micro-entrepreneurs, plus nombreux dans des secteurs où les missions sont de courte durée, enregistrent souvent des horaires réduits par rapport aux indépendants traditionnels.
Selon les analyses de la Dares, cette tendance est également renforcée par les impacts de la crise sanitaire. Depuis 2020, la durée de travail des indépendants n’a pas retrouvé son niveau d’avant crise, contrairement à celle des salariés, qui a montré une reprise plus rapide. En 2023, les indépendants affichaient encore un nombre moyen d’heures travaillées par an bien en deçà de celui observé avant la pandémie de Covid-19.
Moins de congés et arrêts maladie
Les données de la Dares révèlent que les indépendants s’absentent moins souvent pour congés ou pour arrêt maladie par rapport aux salariés. Cette situation est en partie liée à la nature de leur statut, qui ne leur garantit pas les mêmes protections sociales que celles offertes aux salariés. L’absence de congés payés formels, associée à une moindre couverture en cas de maladie, pousse de nombreux indépendants à limiter leurs absences pour maximiser leurs revenus.
Ainsi, même si la durée de travail des indépendants en France tend à baisser progressivement, elle reste encore bien supérieure à celle des salariés, reflétant un mode de travail souvent plus exigeant et moins flexible en termes de repos et de protections sociales.
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