En 2023, la consommation d’antibiotiques a légèrement diminué en France après deux années consécutives de hausse. Selon Santé publique France, cette tendance est encourageante, mais le pays reste loin d’atteindre ses objectifs. La France demeure l’un des plus grands consommateurs d’antibiotiques en Europe, occupant le cinquième rang européen.
Une diminution qui peine à combler le retard français
Les données publiées le 6 novembre par Santé publique France montrent une légère baisse de 3,3 % en doses journalières d’antibiotiques pour 1 000 habitants par rapport à 2022. En médecine de ville, environ 820,6 prescriptions pour 1 000 habitants ont été enregistrées, soit une stabilité par rapport à l’année précédente. Cette baisse est en ligne avec la tendance modérée de diminution observée avant la pandémie de Covid-19, entre 2013 et 2019. Toutefois, selon le Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France, la France reste « loin de l’objectif cible de moins de 650 prescriptions pour 1 000 habitants par an ».
Le défi est de taille, car la résistance bactérienne menace la santé publique. En septembre dernier, une étude internationale prédisait qu’à l’échelle mondiale, près de 39 millions de personnes pourraient mourir d’ici 2050 des suites d’infections causées par des bactéries résistantes aux antibiotiques. Pour le Dr Semaille, ce contexte appelle à « mieux sensibiliser » les professionnels de santé et les patients à l’usage raisonné des antibiotiques.
Des disparités selon l’âge, le sexe et les régions
Les données de Santé publique France révèlent également des disparités notables dans l’usage des antibiotiques en fonction des tranches d’âge et des régions. Par exemple, les prescriptions ont diminué chez les enfants de moins de 5 ans en 2023, atteignant des niveaux inférieurs à ceux de 2019. Cette diminution n’a pas été constatée chez les personnes âgées, un groupe où la consommation d’antibiotiques a même légèrement augmenté. Par ailleurs, les femmes continuent de consommer davantage d’antibiotiques que les hommes, et certaines régions comme la Corse et Provence-Alpes-Côte-d’Azur enregistrent des niveaux de prescription plus élevés que la moyenne nationale.
Santé publique France note que cette baisse pourrait en partie s’expliquer par une incidence plus faible des infections hivernales en 2023. Les autorités de santé rappellent cependant que le respect des bonnes pratiques d’utilisation des antibiotiques reste inégal, et cette baisse ne peut être attribuée uniquement à un usage plus raisonné de ces traitements.
Le rôle des différents prescripteurs
L’étude de Santé publique France montre également que la baisse des prescriptions concerne principalement les médecins généralistes, qui ont réduit leurs ordonnances de 1,3 % en 2023. En revanche, les spécialistes et les dentistes ont eu davantage recours aux antibiotiques, avec des augmentations respectives de 4,6 % et 1,4 %. Trois classes d’antibiotiques demeurent les plus couramment administrées : l’amoxicilline, l’association amoxicilline-acide clavulanique, et les macrolides, souvent prescrits pour traiter des infections bactériennes.
Pour rappeler l’importance d’un usage adéquat des antibiotiques, Santé publique France lancera une nouvelle campagne de sensibilisation à partir du 18 novembre sous le slogan « Les antibiotiques, bien se soigner, c’est d’abord bien les utiliser ». Cette campagne vise à rappeler que ces traitements ne sont utiles qu’en cas d’infections bactériennes, et non pour les infections virales, comme le rhume ou la grippe.
En dépit des progrès constatés, il reste des efforts importants à fournir pour atteindre l’objectif national de réduction de la consommation d’antibiotiques.
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