Le mystère entourant la mort de quatre sangliers, retrouvés échoués sur deux plages d’Hillion, dans les Côtes-d’Armor, relance le débat sur l’impact des algues vertes dans la baie de Saint-Brieuc. Découverts le 30 octobre 2024, les cadavres de ces animaux suscitent des interrogations, en particulier du fait de leur localisation sur des plages, comme celle de la Grandville, régulièrement envahies par des dépôts d’algues vertes en décomposition. Cette situation, loin d’être un phénomène isolé, reflète un problème de santé publique et environnementale qui persiste depuis des années en Bretagne.
Des analyses en cours pour élucider les causes de la mort
Après la découverte macabre, les cadavres ont été pris en charge par l’Office français de la biodiversité (OFB) et transportés au laboratoire Labocéa de Ploufragan pour autopsie et analyses toxicologiques. Bien qu’aucune trace de balles ou de blessures apparentes n’ait été observée, les autorités cherchent à déterminer si les sangliers ont succombé à une intoxication, potentiellement causée par les émanations d’hydrogène sulfuré, un gaz libéré lors de la décomposition des algues vertes. En 2023, un cas similaire avait déjà fait parler de lui : un sanglier retrouvé mort dans la baie avait d’abord été suspecté de s’être intoxiqué au gaz, avant que les analyses ne révèlent une infection.
L’ombre des algues vertes : un risque persistant
La plage de la Grandville, située dans une zone régulièrement touchée par les échouages d’algues vertes, est particulièrement exposée aux émanations toxiques en période de décomposition de ces algues. En effet, les marées vertes — une problématique récurrente en Bretagne — sont provoquées par une prolifération d’ulves favorisée par les nitrates d’origine agricole. Lors de leur décomposition, ces algues dégagent des gaz toxiques, notamment l’hydrogène sulfuré, dangereux pour la santé humaine et animale. L’association Défense des victimes de marées vertes, présidée par André Ollivro, a une nouvelle fois alerté les autorités sur les risques de ces gaz et demande des réponses plus claires concernant la gestion de ce fléau.
La multiplication de ces incidents témoigne des impacts environnementaux et sanitaires que subit la région. Si l’hypothèse d’une intoxication aux gaz des algues vertes reste à confirmer, le problème est loin d’être nouveau. En effet, depuis plusieurs décennies, les échouages massifs d’algues vertes ont déjà entraîné des décès animaux, et parfois même des hospitalisations humaines. Les riverains et associations locales dénoncent régulièrement le manque de transparence des autorités quant aux mesures mises en place pour surveiller et limiter les risques d’intoxication.
Des conséquences au-delà de la biodiversité
La mobilisation des autorités locales et des associations est cruciale face à un phénomène qui menace non seulement la biodiversité de la baie de Saint-Brieuc, mais aussi la santé des habitants. La répétition de ces cas de mortalité animale interroge sur l’inaction apparente des pouvoirs publics face à ce qui pourrait bien être un scandale écologique. André Ollivro demande que les résultats des autopsies soient publiés rapidement afin de lever les doutes et, surtout, d’alerter les riverains sur les dangers potentiels.
En attendant les résultats des analyses, la prudence reste de mise pour les visiteurs des plages de la baie de Saint-Brieuc. Mais, au-delà de cette enquête en cours, les événements récents posent la question d’une gestion durable de l’environnement et de l’agriculture intensive dans la région. La problématique des algues vertes en Bretagne, devenue une véritable épine dans le pied des collectivités locales, demande des actions fortes pour éviter que la baie de Saint-Brieuc ne devienne un exemple tragique des conséquences de l’inaction environnementale.
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