Les récentes révélations sur la présence de mercure dans les boîtes de thon suscitent une polémique en France. Selon une étude menée par les ONG Bloom et Foodwatch, des taux élevés de mercure ont été détectés dans toutes les boîtes testées, soulevant des inquiétudes pour la santé des consommateurs. Face à ces accusations, la Fédération française des Industries d’Aliments Conservés (FIAC) défend la sécurité de leurs produits et dénonce ce qu’elle qualifie d’enquête « alarmiste ».
Une présence de mercure préoccupante dans le thon ?
L’étude de Bloom, réalisée sur un échantillon de 148 boîtes de thon, montre que chaque produit analysé contenait du mercure, un métal lourd toxique pour le système nerveux. D’après les résultats, une boîte sur dix dépasse même le seuil réglementaire pour le thon frais, soit plus d’un milligramme de mercure par kilo, et plus de la moitié des échantillons excèdent le seuil de 0,3 mg fixé pour d’autres types de poissons.
Julie Guterman, chargée de recherche chez Bloom, dénonce cette situation comme un « scandale sanitaire » et insiste sur la nécessité de renforcer les normes de sécurité. Selon elle, « la boîte avec le plus de mercure qu’on a trouvé avait 3,9 mg de mercure par kilo. Soit 13 fois plus de mercure que ce qui est autorisé pour un anchois ». Les ONG recommandent aujourd’hui des mesures plus strictes pour limiter l’exposition au mercure, notamment un meilleur étiquetage des produits.
La consommation de thon en conserve est actuellement limitée à deux fois par semaine selon les recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Une précaution particulièrement importante pour les femmes enceintes et les jeunes enfants, plus vulnérables aux effets du mercure.
« Une enquête alarmiste » selon les professionnels de la filière
En réaction à la publication de Bloom et Foodwatch, les professionnels de la filière du thon en conserve, représentés par la Fiac, ont vivement critiqué l’étude. Dans un communiqué publié le 30 octobre, la fédération a dénoncé ce qu’elle appelle une enquête « partielle et volontairement alarmiste », insistant sur le fait que « la consommation de thon en conserve n’est pas dangereuse pour la santé ». Selon la Fiac, tous les produits vendus en France respectent scrupuleusement la réglementation française et européenne, et l’analyse de Bloom ne reflèterait pas la réalité de leurs contrôles .
La fédération souligne que les doses maximales de mercure autorisées sont basées sur des « critères scientifiques rigoureux » définis par l’Agence européenne de sécurité sanitaire. Contrairement à Bloom, qui a testé 148 boîtes, la base de données de la filière compte « plus de 2 700 résultats d’analyses collectés depuis 8 ans au niveau français », avec une teneur moyenne de mercure de 0,2 mg/kg, bien en dessous de la limite de 1,0 mg/kg autorisée.
Quelles conclusions pour les consommateurs ?
Au-delà des résultats quantitatifs, cette controverse rappelle que les poissons sont eux aussi confrontés à diverses pollutions et doivent faire l’objet d’une surveillance accrue de la part des autorités sanitaires.
La Fiac maintient que les contrôles réguliers menés sur leurs produits sont suffisants pour garantir la sécurité des consommateurs. Ces analyses, qu’elle décrit comme « mutualisées » dans une base de données et communiquées aux autorités sanitaires, visent à rassurer les consommateurs sur la qualité de leurs produits.
Les consommateurs français ayant eu écho de ces analyses pourraient être nombreux à s’interroger sur leur fréquence de consommation de thon en conserve. Pour leur part, les ONG appellent à une transparence accrue et à des règles plus strictes pour mieux informer les acheteurs des risques potentiels.
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