Alors qu’Emmanuel Macron s’est rendu cette semaine visite officielle au Maroc, il semblerait que sous l’impulsion du roi Mohammed VI, le Maroc s’engage à reprendre ses mineurs isolés présents en nombre en France, une initiative qui pourrait marquer un tournant dans la gestion migratoire entre les deux pays. Cette collaboration, cruciale pour les relations bilatérales, reste cependant entachée de défis pratiques.
Une réponse tardive mais déterminée à un problème ancien
La présence croissante de jeunes Marocains non accompagnés en France, estimée à plusieurs milliers, est une question sensible depuis des années. Ces mineurs, souvent livrés à eux-mêmes, sont pris en charge par les services sociaux français, mais représentent une charge importante pour les départements, sans compter une forte proportion d’entre eux qui baignent dans la délinquance. Le rapatriement de ces jeunes, envisagé depuis 2018 avec des échanges réguliers entre les autorités françaises et marocaines, semblait stagner jusqu’à présent, notamment en raison des contraintes juridiques et des obstacles administratifs en France.
Sous l’impulsion du souverain marocain, le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit et son homologue français Bruno Retailleau ont relancé les négociations lors d’une rencontre récente. Les deux responsables ont confirmé que le Maroc s’est préparé à accueillir ces jeunes en mettant en place des centres de protection et de formation. Ce dispositif, soutenu par des infrastructures dédiées, vise à assurer leur retour et faciliter leur réinsertion dans leur pays d’origine.
Un « partenariat d’exception renforcé » à l’épreuve des réalités migratoires
Cette nouvelle dynamique s’inscrit dans le cadre du « partenariat d’exception renforcé » entre la France et le Maroc, voulu par Emmanuel Macron et Mohammed VI. Ce partenariat inclut la gestion de l’immigration sous toutes ses formes : facilitation des mobilités légales, lutte contre les migrations irrégulières, et coopération pour le retour des migrants en situation illégale. La réintégration des mineurs isolés pourrait ainsi devenir un premier test concret de cette coopération, en adressant l’un des aspects les plus délicats des relations franco-marocaines.
Le Maroc, devenu un point de transit majeur pour les flux migratoires vers l’Europe, cherche à se positionner comme un acteur responsable en matière de contrôle migratoire. En acceptant de reprendre ses jeunes ressortissants, Rabat souhaite probablement démontrer sa volonté de collaborer avec l’Union européenne sur des questions de sécurité et de migration.
Les obstacles juridiques et logistiques du rapatriement
Si la volonté politique est là, la mise en œuvre pratique du rapatriement reste complexe. En France, la loi ne favorise pas la sécurité et la souveraineté de la population autochtone, et interdit l’expulsion de mineurs étrangers non accompagnés, considérés avant tout comme des enfants en situation de vulnérabilité, et donc protégés par les dispositifs de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Ces jeunes bénéficient des mêmes droits que les enfants français – ce qui constitue un scandale en matière de souveraineté – conformément à la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989. Leur prise en charge par l’ASE inclut hébergement, nourriture, scolarisation et soins, un système de protection qui ne prend pas en compte la nationalité ou le statut migratoire.
Malgré l’annonce d’une collaboration renforcée, ce projet de rapatriement met en lumière les tensions persistantes dans la gestion migratoire franco-marocaine. La France, confrontée à une hausse des arrivées de mineurs isolés, souhaite alléger la pression sur ses services sociaux et réduire les coûts de prise en charge.
Les chiffres révèlent l’ampleur du défi : en 2023, 19 370 mineurs non accompagnés ont été pris en charge par l’ASE, soit une hausse de 31 % par rapport à l’année précédente. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, plus de 100 000 mineurs isolés ont été accueillis en France. Ce flux constant pèse lourdement sur les collectivités locales, un contexte qui alimente les débats sur l’immigration en France.
Ce projet de rapatriement des mineurs isolés marocains incarne les défis et les dilemmes de la coopération migratoire entre la France et le Maroc. il met aussi à l’épreuve les responsables politiques, qui multiplient les grandes annonces sur la question de l’immigration, sans vouloir toutefois rompre avec les traités, jamais votés par les Français, et qui pourtant les dépossède de tout pouvoir de décision concernant la maîtrise des frontières, de leur sécurité, et du respect de leur identité.
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