De plus en plus de parents partagent des images de leurs enfants sur les réseaux sociaux. Toutefois, cette pratique comporte des risques significatifs pour la vie privée et le bien-être des enfants, souvent utilisés comme des « prolongations narcissiques » de leurs parents.
Atteintes à la vie privée
Publier des photos d’enfants sur les réseaux sociaux pose des questions de protection de la vie privée. Comme le rappelle la CNIL, ces images peuvent être utilisées à des fins malveillantes si elles tombent entre de mauvaises mains. Par exemple, la géolocalisation des photos peut révéler des informations sensibles, telles que les lieux que fréquente l’enfant ou son école. Les photos partagées en ligne peuvent également être exploitées pour du vol d’identité ou même à des fins publicitaires sans que les parents ne le sachent.
Selon Cyril di Palma, de l’association Génération Numérique, cité par le magazine Vies de famille, « 50 % des photos échangées sur les réseaux pédopornographiques sont publiées par les parents eux-mêmes ». En publiant des photos de leurs enfants, même avec de bonnes intentions, les parents doivent être conscients de ces risques importants. Il est donc essentiel de mesurer l’ampleur des dangers avant de publier des contenus en ligne.
Contrôle difficile et « prolongation narcissique »
Une fois publiées, les photos peuvent facilement échapper au contrôle parental. Les images peuvent être partagées, sauvegardées ou même détournées, même si les paramètres de confidentialité sont bien réglés. Le phénomène de « sharenting », décrit par la CNIL comme étant « la publication de photos et de vidéos de mineurs sur les réseaux sociaux », soulève des questions éthiques. De nombreux enfants grandissent aujourd’hui avec une identité numérique qu’ils n’ont pas choisie.
Comme le souligne Milk Magazine, cette pratique expose également les enfants à être vus comme une « prolongation narcissique » de leurs parents. Ces derniers, en quête de validation sociale, utilisent parfois les images de leurs enfants pour améliorer leur propre image en ligne.
Les parents doivent se demander si leurs enfants apprécieront cette exposition une fois adultes. En effet, certains enfants peuvent plus tard se sentir envahis ou manipulés par ces publications qu’ils n’ont pas contrôlées. Cette réflexion sur l’impact à long terme est essentielle dans une société où les traces numériques ne disparaissent jamais complètement.
Conséquences psychologiques et sociales
Au-delà des atteintes à la vie privée, les conséquences psychologiques peuvent être significatives. Les enfants risquent de grandir avec un sentiment d’exposition, parfois confrontés à des images embarrassantes qu’ils ne contrôlent pas. Comme le souligne BFMTV, l’humiliation potentielle et les critiques reçues en ligne peuvent nuire à leur développement et à leur estime de soi.
Des photos, pourtant partagées à des fins innocentes, peuvent être réinterprétées de façon négative, engendrant des moqueries ou du harcèlement en ligne. Cette exposition peut aussi entraîner une confusion chez l’enfant sur les frontières entre vie privée et publique, influençant sa construction identitaire.
En outre, l’utilisation excessive des enfants sur les réseaux sociaux comme outil de valorisation personnelle par leurs parents peut affecter leur perception de l’intimité et de l’authenticité des relations familiales. Grandir dans un environnement où chaque moment de vie est potentiellement partagé en ligne peut altérer la manière dont l’enfant construit ses relations interpersonnelles, influençant son besoin de validation extérieure.
En somme, l’exposition des enfants sur les réseaux sociaux comporte des risques importants, tant pour leur vie privée que pour leur bien-être à long terme. Il est essentiel pour les parents de réfléchir aux conséquences de ces publications et de respecter l’intégrité et le consentement de leurs enfants avant de les exposer au regard du public.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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3 réponses à “Exposer ses enfants sur les réseaux sociaux : une pratique narcissique… et dangereuse”
Ce besoin compulsif d’un vedettariat éphémère est l’apanage des blaireaux utilisant leurs enfants pour se valoriser….ignorant les dangers potentiels de cette exposition non obligatoire, ils risquent de donner des images à des réseaux pédophiles ou à des rapts d’enfants. Même sur les smartphones, il faut être vigilants avant d’envoyer des dizaines d’images de mineurs. Une intelligence moyenne devrait pouvoir le comprendre….!
des risques et des menaces potentielles sur les enfants, sur les proches, sur les intérieurs des maisons exposés aux cambrioleurs, … qui se traduisent souvent dans les faits!
La sottise est sans limites!