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Marguerite Stern (Transmania) menacée de mort par des transactivistes : « C’est un harcèlement extrêmement conséquent, qui parfois met en danger mon intégrité physique et mentale évidemment » [Interview]

Marguerite Stern est une jeune féministe française particulièrement engagée que nos lecteurs connaissent déjà (voir son interview ici). Elle est autrice de plusieurs ouvrages (dont le dernier, Transmania, qui suscite l’hystérie, la violence et la folie de transactivistes) et anime des podcasts [https://www.margueritestern.com/podcasts-feministes] où elle offre une tribune à des femmes de divers horizons. Son parcours professionnel l’a menée à passer quatre mois dans la jungle de Calais, auprès des migrants, et à travailler près de trois ans avec des mineurs isolés étrangers à Marseille. Avant d’évoluer, sur la question du féminisme notamment (et d’ouvrir les yeux, bien grands). En raison de son engagement politique , elle a perdu son emploi et a été la cible de vagues de harcèlement.

Matisse Royer l’a interviewé pour breizh-info.com et Freilich Magazine dans le cadre de notre partenariat commun (Vision d’Europe) entre les deux journaux.

Breizh-info.com : Vous avez été militante au sein de Femen pendant plusieurs années. Qu’est-ce qui vous a poussée à rejoindre ce mouvement, et comment avez-vous vécu cette expérience ?

Marguerite Stern : Pour moi, c’est vraiment la question du harcèlement de rue. En fait, j’ai emménagé à Paris, j’avais 17 ans et demi, j’allais avoir 18 ans. J’ai grandi en Auvergne, dans un petit village, le harcèlement de rue, je ne connaissais pas. En arrivant à Paris, c’était un gros choc. Et donc, à ce moment-là, j’ai vu les filles de Femen débarquer sur mes écrans. Il me semble que Femen est arrivée en 2012 en France. Je les ai rejoints au mois d’octobre. À cette époque, je n’étais pas vraiment féministe. Simplement, cette question du harcèlement de rue me pesait beaucoup. Je dépensais beaucoup d’énergie à répondre [aux personnes qui m’agressaient] car je n’ai jamais accepté. Donc voilà, puis finalement, les rencontrant, j’ai évidemment discuté avec elle. Il fallait que je voyais aussi si j’étais d’accord avec ce qu’elle « prenait ». Et finalement, je suis tombée d’accord avec elles. C’est le seul groupe où j’ai vraiment adhéré. J’ai jamais adhéré à aucune association, à aucun parti politique. Et Femen, j’adhérais pleinement.

Le mouvement Femen est né en Ukraine en 2008, qui a été fondée par Anna Hutzol. Elles se sont mises à faire des actions seins nus à partir de 2010. Et en 2012, Inna Shevchenko a tronçonné une croix de 8 mètres de haut à Kiev en soutien aux Pussy Riot. Elle a dû partir de Kiev parce qu’elle était poursuivie par la police et qu’elle aurait été mise en prison. Et donc elle est arrivée en France et elle a un peu exporté le mouvement Femen à l’échelle internationale, en montant cette antenne en France. D’autres antennes se sont montées ensuite ailleurs. Sacha Shevchenko a monté une antenne en Allemagne. Je précise qu’elles ont le même nom de famille, mais c’est un nom de famille très courant en Ukraine, elles n’ont pas de lien de parenté.

J’ai très bien vécu cette expérience. C’étaient les plus belles années de ma vie. Ça a été très fort. C’était un mode de vie total. C’était un engagement auquel je croyais pleinement : Une grande réalisation.

Breizh-info.com : Après avoir quitté Femen, vous avez initié le mouvement des collages féministes en 2019. Comment est née cette idée, et quel impact espériez-vous avoir en collant ces messages dans l’espace public ?

Marguerite Stern : J’ai commencé à coller toute seule à Marseille en février 2019. Et puis ensuite j’ai déménagé à Paris à la fin de l’été 2019. Et je me suis installée dans un lieu, un squat, qui s’appelait le Jardin d’Enfer, à Denfert-Rochereau. Et là-bas, j’ai accueilli plein de filles, des centaines de filles, à qui j’ai transmis cette technique. Et donc, très vite, on a recouvert Paris. La presse est arrivée, des antennes se sont ouvertes un peu partout en France, même à l’international. Cette idée est née d’un mélange de plein de choses. Je n’aurais jamais eu cette idée si je n’avais pas fait partie de FEMEN, parce que pour moi, dans FEMEN, on prenait le soin de vraiment faire attention à la façon dont on s’inscrivait dans l’espace public, la façon dont on construisait des tableaux vivants dans l’espace public. On créait des images, on était créatrices d’images. C’était important de prendre de la place. Et les collages contre les féminicides, c’est ça aussi. C’est pour ça qu’il n’y a qu’une seule lettre par feuille à quatre. Parce qu’avec cette technique-là, les messages prennent de la place dans l’espace public. Et pour moi, c’est important de faire des grandes choses, des choses visibles, qui se voient de loin, et qui prennent vraiment leur place dans l’espace public. Il y a d’autres choses qui m’ont inspiré, comme des inspirations artistiques aussi derrière les collages contre les féminicides. J’en parle dans mon livre « Héroïne de la rue ». Je n’ai pas forcément envie de développer ici. C’était des inspirations, disons, peut-être plus intimes. Mais disons qu’en fait, j’ai toujours considéré que le Beau, la Beauté, c’était important. Et que la beauté s’ouvrait le monde. Pour moi, c’était important que ces collages, soient beaux. Donc la typographie était importante. Comme la forme des lettres. Moi, mes collages, je les trouvais très beaux quand je les faisais. Et après, quand j’ai transmis ça à d’autres filles, je les ai aussi formées là-dessus. Les typographies moches, je les faisais recommencer. Ce n’était pas possible pour moi. Je pense qu’on ne peut pas avoir d’impact en faisant des choses moches. Enfin, en tous les cas, on ne peut pas avoir un impact positif. C’est impossible.

L’impact que j’espérais avoir, c’est de simplement parler au gouvernement. À l’époque, il y avait le Grenelle des Violences conjugales organisé par Marlène Schiappa, les féministes unissaient leur voix pour demander un milliard d’euros pour mettre fin au féminicide, même si, évidemment, ce n’est pas possible d’y mettre fin totalement. Mais moi, j’espérais que la France se calque sur le modèle espagnol, qui a beaucoup fait sur cette question-là, qui a fait des choses efficaces, qui marchent. On sait ce qu’il faut faire pour mettre fin aux féminicides. Tout simplement, déjà appliquer la loi, parce qu’elle n’est pas suffisamment appliquée en France. La mise en place de juridictions spécialisées, le fait de délivrer beaucoup plus d’ordonnances de protection, des choses comme ça. Et en fait, moi, j’espérais tout simplement ça, de façon peut-être un peu naïve.

Breizh-info.com : Vous avez récemment publié un nouveau livre. Qu’est-ce qui vous a inspirée à l’écrire et quel message principal souhaitiez-vous faire passer à travers cet ouvrage ?

Marguerite Stern : J’ai publié un livre co-écrit par Dora Mouto « Transmania, enquête sur les dérives de l’idéologie transgenre ». Donc le message principal, c’est qu’il y a des dérives dans l’idéologie transgenre. Bon, il faut lire le livre ou au moins le résumer. 

C’est un livre avec un grand-angle sur le sujet. Il y a quelques livres déjà en France sur le sujet trans, avec des angles plutôt réduits. On va parler juste des enfants, on va parler juste de l’aspect philosophique, tout ça. Nous, notre livre avec Dora, il parle de beaucoup de sujets, parce que le sujet trans a beaucoup de ramifications. C’était important pour nous de faire un livre grand public sur la question qui montre toutes les ramifications.

Ce qui m’a inspirée à écrire ce livre, c’est quatre ans de harcèlement, bientôt cinq, Dora aussi. Au bout d’un moment, on s’est dit qu’il fallait écrire un livre, parce qu’on avait amassé beaucoup de connaissance.

Breizh-info.com : Votre livre aborde des sujets délicats, notamment sur les questions de genre et de féminisme. Pensez-vous que l’écriture vous permet d’exprimer des nuances que l’activisme ne permet pas toujours ?

Marguerite Stern : Oui, l’écriture permet d’exprimer des nuances que l’activisme ne permet pas toujours.

Breizh-info.com : Vous avez exprimé des critiques vis-à-vis de l’inclusivité de certaines branches du féminisme, notamment sur la question des personnes transgenres. Comment en êtes-vous arrivée à cette position et pourquoi pensez-vous que ce débat est important ?

Marguerite Stern : Nous répondons à cette question dans notre livre avec Dora Mouto. Je ne suis pas contre le fait d’inclure des personnes transgenres. Je suis contre que les hommes aillent dans des espaces réservés aux femmes. Ça me semble simple. Après que ces personnes se ressentent femmes ou pas, ça n’est pas mon affaire. Je me fiche de leur ressenti, si vous voulez. En tant que femme, je ne veux pas d’hommes dans les vestiaires des femmes ou dans les prisons pour femmes.

C’est une position assez simple. Dans notre livre, on développe, par exemple, la question des sports. On explique, parce que du coup, il faut développer tout un argumentaire pour expliquer en quoi les corps des femmes et des hommes sont différents, même si certains de ces messieurs se ressentent madame. Donc voilà, biologiquement, un homme et une femme, ce n’est pas la même chose, donc les hommes n’ont rien à faire dans les compétitions sportives des femmes. À l’heure actuelle, il y a plus de 600 hommes qui ont volé des podiums sportifs à des femmes, donc ça commence à faire beaucoup. Il y a des cas de viol dans des prisons pour femmes. Des hommes transidentifiés, qui ont souvent commis des crimes sexuels, qui sont emprisonnées dans des prisons pour femmes, et violent leurs co-détenus.

Breizh-info.com : Vos prises de position sur ces sujets ont généré beaucoup des réactions, souvent très violentes, comme du harcèlement, allant trop souvent vers des menaces physiques, y compris jusq’à des menaces de mort et surtout du harcèlement. Comment vivez-vous cela et ce déchainement contre vous ?

Marguerite Stern : On a perdu des emplois. On est insulté sur les réseaux sociaux, tous les jours, je reçois des insultes sur les réseaux sociaux, on est parfois menacé de mort. Il y a une peintre qui a peint ma décapitation. On a été agressé physiquement, j’ai reçu des œufs dans le visage lors d’une manifestation féministe, j’ai également été frappée par des antifas. J’ai été faire une conférence à l’ISSEP, l’école s’est fait brûlée.

[https://x.com/Margueritestern/status/1836797943912804764?t=ozzexANDk6O6x2wd-ZgN3A&s=19

https://x.com/Margueritestern/status/1836806323700179386?t=ozzexANDk6O6x2wd-ZgN3A&s=19 ]

Sur notre site internet avec Dora qui s’appelle « Femelliste », il y a une page sur le harcèlement qu’on subit, on a listé en plusieurs catégories avec Dora pour que si certains journalistes veulent se pencher sur le sujet de notre harcèlement, il puisse le faire, alors peu le font, mais cette page existe. [https://www.femelliste.com/harcelement-cancel-culture-terfs-blog/harcelement-marguerite-stern-terf]

On a aussi un harcèlement qui vient parfois de certains élus, il y a des députés qui sont déjà allés jusqu’à nous insulter de transphobes au sein même de l’hémicycle. La presse nous diffame, une certaine presse dit qu’on a des dispositions haineuses anti-transphobes. Cela participe à la création d’une certaine réputation qui fait qu’un certain vide se fait autour de vous. C’est un harcèlement extrêmement conséquent, qui parfois met en danger mon intégrité physique et mentale évidemment. Le harcèlement est une violence et le harcèlement ne peut pas bien se vivre.

Breizh-info.com : En tant que militante ayant traversé plusieurs phases d’engagement, comment voyez-vous l’évolution du féminisme en France ? Pensez-vous que certains sujets sont encore sous-estimés dans les luttes actuelles ?

Marguerite Stern : Je pense que le féminisme devrait se concentrer sur les questions comme les violences sexuelles, les violences conjugales. Ce sont des sujets qui me paraissent centraux. Le rapport au corps, la maternité, les maladies typiquement féminines, le sport féminin, des choses comme ça.

Propos recueillis par Matisse Royer

Crédit photo : DR
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Une réponse à “Marguerite Stern (Transmania) menacée de mort par des transactivistes : « C’est un harcèlement extrêmement conséquent, qui parfois met en danger mon intégrité physique et mentale évidemment » [Interview]”

  1. Bran ruz dit :

    Très courageuse madame Stern d’écrire et de dire tout haut ce que beaucoup de personnes pensent tout bas. Mais que font les féministes , les vrais, pas les agitées du bocal de cette mouvance plutôt minoritaire qui pollue un débat nécessaire pour l’avenir de nos enfants.

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