Comment l’URSS a-t-elle étendu son influence en Europe centrale et orientale après la Seconde Guerre mondiale ? C’est la question au cœur de la série documentaire réalisée par Tania Rakhmanova et diffusée sur Arte. Ce récit historique captivant se penche sur les années de domination soviétique, de la fin de la guerre en 1945 à la construction du mur de Berlin en 1961. En retraçant les étapes de cette transformation politique, économique et culturelle imposée par le Kremlin, la série nous plonge dans la vie des populations locales, prises dans l’engrenage d’une répression omniprésente.
Yalta : un pacte aux conséquences lourdes
Tout commence en février 1945, lorsque les dirigeants alliés se rencontrent à Yalta pour déterminer l’avenir de l’Europe d’après-guerre. Sous prétexte de garantir la stabilité, Staline s’engage auprès des États-Unis et du Royaume-Uni à instaurer des élections libres dans les territoires libérés par l’Armée rouge. Cependant, loin de ses promesses de démocratie, l’Union soviétique profite du chaos de la reconstruction pour installer des régimes communistes dans plusieurs pays de l’Est. En Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie et Allemagne de l’Est, les populations voient leur quotidien se transformer sous l’effet de l’idéologie marxiste-léniniste, imposée de force.
La mise au pas des économies et des sociétés
Dès les premières années, le Kremlin met la main sur les ressources stratégiques des pays sous son influence, qu’il s’agisse de charbon, de blé ou encore d’uranium, essentiel pour le développement de la bombe atomique. Les industries sont réquisitionnées et placées sous contrôle direct de Moscou, privant ainsi les populations locales de toute autonomie économique. La propagande communiste, omniprésente, glorifie cette transformation et valorise l’égalité entre les travailleurs. Cependant, la réalité est tout autre : arrestations arbitraires, surveillance policière et répression des opposants deviennent le lot quotidien des citoyens de ces nouveaux États satellites.
Les témoignages des témoins recueillis par Tania Rakhmanova montrent l’ambivalence des sociétés de l’Est, où une double vie s’installe. Tandis que l’adhésion au régime est affichée publiquement, le rejet de l’idéologie communiste se manifeste dans la sphère privée, souvent sous forme de blagues ou de murmures. Ces récits personnels, mêlés aux archives, offrent une perspective poignante sur la lutte intérieure de millions d’Européens qui doivent cacher leurs véritables sentiments face à la brutalité du système.
La répression des minorités et des libertés
Un autre aspect clé de la soviétisation est la persécution des groupes minoritaires, religieux et culturels. Dans les années 1950, les persécutions se multiplient contre le clergé, tandis que les croyants sont surveillés de près. La collectivisation des terres force les paysans à abandonner leur indépendance et les soumet à des conditions de travail harassantes. Les rescapés de l’Holocauste, qui espéraient retrouver un semblant de paix derrière le rideau de fer, se voient également ciblés par la répression. En 1952, à Prague, des hauts dirigeants communistes, pour la plupart juifs, sont accusés de complots imaginaires lors d’un procès truqué et condamnés à mort, suscitant une peur généralisée dans tout le bloc de l’Est.
Une lueur d’espoir après Staline
À la mort de Staline en 1953, un espoir de changement naît dans les pays satellites. Les ouvriers de Berlin-Est manifestent pour réclamer de meilleurs salaires, mais le soulèvement est écrasé par les chars soviétiques. Quelques années plus tard, lors du XXe congrès du Parti communiste soviétique, Nikita Khrouchtchev dénonce certains des crimes de Staline, permettant un assouplissement temporaire de la répression. En 1956, une insurrection éclate en Hongrie, mais là encore, Moscou réprime durement le mouvement, détruisant les espoirs de liberté.
Un témoignage pour les générations futures
Ce documentaire de Tania Rakhmanova, diffusé par Arte, ne se contente pas de décrire les faits historiques ; il plonge le spectateur dans l’intimité des citoyens d’Europe de l’Est, révélant leurs souffrances, leurs espoirs et leurs résistances. À travers des témoignages de figures emblématiques comme l’ancien président allemand Joachim Gauck ou le cinéaste polonais Krzysztof Zanussi, ainsi que des images d’archives souvent issues de la propagande soviétique, la série illustre avec force les conséquences humaines de cette soviétisation forcée, et plus globalement, du communisme lorsqu’il est appliqué quelque part.
Crédit photo : DR
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3 réponses à “Rideau de fer. Histoire de l’occupation soviétique”
Peut-être Tania Rakhmanova complètera-t-elle un jour ces documentaires par un volet sur la manière dont la réalité soviétique a été ignorée, voire niée, à l’Ouest ? Ce serait d’autant plus utile que, de nos jours, Vladimir Poutine bénéficie d’une cécité du même genre. Et ce n’est pas si étonnant, dans le fond, puisqu’il n’y a jamais eu de désoviétisation comparable à la dénazification d’après-guerre. Les réseaux d’influence soviétiques (paradoxalement bien implantés à droite) ont pu se transformer en réseaux poutiniens et continuent à jouer sur la crédulité d’un certain public.
de toutes les façons nous DE FRANCE nous savons nous mettre en colère quand on se moque de nous !!!
que l’on touche à la liberté et PARIS se met en colère !!!
amities
Le partage du monde entre soviétiques et Etats-Unis ne date pas de Yalta en 45 mais de la conférence de Téhéran fin novembre début décembre 43 entre Staline Churchill et Roosevelt. Cette conférence permit le maintien de l’URSS et de son économie défaillante et la destruction de l’économie de l’Europe de l’Est; tout bénéfice pour les US qui restaient sans concurrents économiques. D’où la panique des US lors de la fin spontanée de l’URSS et d’où la destruction de l’économie ardemment désirée de la Russie et déjà réalisée de l’Europe.