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Voir les choses telles qu’elles sont et non telles qu’on voudrait qu’elles soient

Un prof de l’école des Arts et Métiers des années 70 disait à ses élèves qu’il y avait deux façons de visser un sifflet sur une locomotive à vapeur de plusieurs dizaines de tonnes :

Soit le visser sur la locomotive

Soit tenir le sifflet fixe et faire tourner la locomotive.

Il voulait simplement dire à ses élèves-ingénieurs en prenant cet exemple frappant que le moyen le plus simple pour atteindre un objectif est toujours le meilleur.

Nos dirigeants politiques ont, pour beaucoup d’entre-eux, ceci de particulier qu’ils ne sont pas clairs sur leurs objectifs réels.

Exemple d’actualité : le redressement financier de la France.

L’état de nos finances publiques est catastrophique et tout le monde politique s’accorde à le dire.

On pourrait penser que c’est une priorité absolue que de tout faire pour les redresser et que les mesures à prendre seraient à hauteur de la situation. Et bien, ce n’est pas vraiment le cas. Le nouveau Premier Ministre, dont tout laisse à penser qu’au-delà de son esprit de répartie, est quelqu’un de bon sens, nous a servi la rituelle coutumière, la même qui nous est servie depuis un demi-siècle. Il faut diminuer nos dépenses et augmenter nos recettes.

A aucun moment depuis de Gaulle, personne n’a voulu aborder le problème pourtant crucial qui est celui de la perte de notre souveraineté financière. Comment peut-on prétendre diriger le navire si on est pas maître de la timonerie ?

Depuis des décennies, on nous a vendu les immenses mérites d’une monnaie unique qui allait nous permettre de faire nos achats à l’étranger avec notre propre monnaie, mais on s’est bien gardé de nous parler du revers de la médaille et, à tout bien peser, ces menus avantages n’allaient pas l’emporter sur les inconvénients qui allaient apparaître ensuite.

Et parmi ceux-ci, le fait de ne plus pouvoir contrôler notre monnaie est aujourd’hui celui qui nous paralyse le plus.

Le cas de la Grèce

En 2010, la situation financière de la Grèce était assez semblable à celle de la France aujourd’hui.

Une dette vertigineuse et un déficit budgétaire énorme, résultant en partie de la crise financière de 2008 mais également du fait que les chiffres communiqués par la Grèce ne reflétaient pas son économie réelle. Le traité de Maastricht imposait des critères dit « de convergence » (déficit < 3 % et rapport dette/PIB < 60%) qui n’étaient pas respectés dans le cas de la Grèce. Mais, à l’époque, en 2001, mus par une sorte de frénésie d’imposer la monnaie unique partout, les euro-mondialistes devaient « faire du chiffre » et n’étaient pas regardants.

En 2015, malgré les efforts faits par la Grèce, la situation avait encore empiré et un plan élaboré par la « Troïka » fut imposé à la Grèce. Le Premier ministre Alexis Tsipras, organisa un référendum et plus de 60 % des Grecs refusèrent ce plan. Seule issue envisageable : la sortie de l’euro.

Ce fut une sorte d’électro-choc pour les dirigeants, européistes convaincus, qui entrevoyaient brutalement la possibilité de voir s’écrouler le rêve euro-mondialiste qui était l’œuvre de leur vie.

Imaginez un seul instant que la Grèce se soit tirée d’affaire en reprenant sa souveraineté financière avec la remise en service du drachme !

Tous les pays en difficultés auraient pu avoir envie de faire sécession et comme le traité de Maastricht ne prévoyait pas de sortie de la zone euro, il fallait qu’ils quittent tous l’Union Européenne. Comment aurait-on pu justifier cela à l’oncle Sam ?

A noter que, depuis 2019 et l’affaire du COVID, personne en Europe ne s’est soucié des fameux    « critères de convergence »…

Le cas de la France

Il est curieux de constater que la Commission Européenne, de plus en plus assimilable à un gouvernement européen dont les ministres ne seraient pas élus, a décidé de s’intéresser au cas de la France seulement après que le président Macron, grand euro-mondialiste, se soit lui-même mis hors jeu. Compte-tenu de notre situation quasi-désespérée, on peut douter de l’efficacité du « plan Barnier » qui reprend les mêmes poncifs que ses prédécesseurs. En 2007, aux dires du Premier ministre de l’époque, François Fillon, la France était déjà en faillite. Qu’y a-t-il d’étonnant à ce qu’elle le soit toujours, dans la mesure ou rien n’a vraiment été fait pour y remédier ?

Notre déséquilibre de la balance commerciale s’est accentué au fil du temps, au rythme de la désindustrialisation de notre pays. Quelle en était l’origine ? Qui a mis en œuvre cette doctrine suivant laquelle les pays industrialisés devaient passer à l’ère « post-industrielle » ? Comment a-t-on pu croire à de telles sornettes ?

Bien sûr, l’idée était séduisante. Les rêves les plus fous des financiers allaient se réaliser ! Les arbres allaient grimper jusqu’au ciel ! Le paradis des spéculateurs étaient en vue. Un seul maître-mot : faire de l’argent.

Petit problème néanmoins : tout notre système est bâti sur la croissance. Produire plus, toujours plus pour vendre plus. Cela peut se vérifier pour les marchandises, mais l’argent est-il une marchandise ?

La suite a montré que non. Tout ce système monétaire dont l’émission est basé sur la dette ne peut que conduire à une croissance exponentielle de celle-ci. Il faut bien comprendre que ce sont les intérêts versés sur ces dettes, qui constituent des emprunts pour nous, qui enrichissent nos créanciers qui, grâce au système des « réserves fractionnaires » ont créé la plus grosse partie de cet argent à partir de rien.

Le remboursement du capital ne les intéresse pas car il devraient le détruire une fois remboursé.

Un désir de garder l’opacité

Le Premier ministre se garde bien d’évoquer tout ce système et coupe court en disant que nous devons réduire nos déficits budgétaires et notre endettement. Le problème est que nous sommes entièrement à la merci des banques centrales, qui peuvent décider unilatéralement des taux d’intérêt.

C’est de cette servitude dont nous devons sortir en reprenant notre souveraineté monétaire car ce ne sont pas les 60 milliards de recettes supplémentaires (impôts et réduction des dépenses comprises) qui peuvent nous sortir de cette impasse. Ce qui nous attend est analogue au sort de la Grèce qui, après des années de restrictions considérables, n’arrive toujours pas à augmenter le pouvoir d’achat des Grecs.

Plutôt que de faire un constat objectif des différentes étapes qui ont conduit à cette situation catastrophique, nos dirigeantsont toujours préféré esquiver les vraies raisons qui ont conduit à cette situation. Elle trouve son origine à la libération, lorsque l’administration américaine a décidé de l’occupation des territoires européens qu’elle avait libéré.De Gaulle s’y est toujours opposé et il avait compris que le salut de la France passait par une reconquête de sa souveraineté et de tous ses attributs. Malheureusement, nos dirigeants politiques, par idéologie ou par intérêt, ont cédé au chant des sirénes « euro-mondialistes » et ont obeï à cette tutelle américaine qui se faisait de plus en plus pesante, faisant de l’Europe de l’Ouest en général et de la France en particulier un ensemble entièrement vassalisé dépendant de plus en plus des décisions de l’administration américaine, relayés par une classe politique elle-même colonisée.

Retrouver indépendance et souveraineté

On ne le dira jamais assez, mais il ne peut y avoir de démocratie sans souveraineté populaire, chose que contestent aujourd’hui nos élites mondialistes, résolument partisanes de « l’Etat de droit » qui permettrait de contourner la souveraineté populaire.

Pour retrouver cette souveraineté, plusieurs étapes sont nécessaires afin de « détricoter » l’engrenage qui nous a conduit à sa perte.

Il faut absolument retrouver notre souveraineté monétaire, en expliquant clairement au peuple français pourquoi c’est nécessaire. Ensuite, nous devons augmenter notre production d’énergie tout en diminuant son coût. Il ne peut y avoir de réindustrialisation sans une énergie suffisante et bon marché. La croissance ne peut-être que le résultat d’une production augmentée liée à un gain de productivité et de compétitivité. Il nous faut également, comme le font tous les autres pays, privilégier notre production nationale et sortir des chimères des coopérations destinées avant tout à nous faire perdre toute autonomie. Ces coopérations, dont le principe est souhaitable,  doivent uniquement être au service de la croissance des pays coopérants, et ne devraient pas servir à diminuer les indépendances et les souverainetés nationales comme ce fut le cas depuis des décennies.

L’ordre des choses est établi et on peut noter que le spectaculaire redressement de la France de de Gaulle s’était accompli avec des séquences analogues. Le triptyque « monnaie, énergie et industrie » peut être le tiercé gagnant si on en respecte l’ordre.

Jean Goychman 

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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2 réponses à “Voir les choses telles qu’elles sont et non telles qu’on voudrait qu’elles soient”

  1. Brounahans l'Alsaco dit :

    Nos dirigeants ne veulent pas s’attaquer aux raisons de la dette, puisque ils veulent toujours plus creuser la dite dette pour un jour prochain effacer la France des tablettes des pays souverains. Ce n’est pas encore clair pour tout le monde ?

  2. Pschitt dit :

    Le cas de la France ressemble en effet à celui de la Grèce, mais vous devriez aller au bout de votre raisonnement. Une fois entrée dans la zone euro, la Grèce a pu s’endetter déraisonnablement parce que ses créanciers se sentaient protégés : les « critères de convergence » garantissaient sur le papier une gestion raisonnable des finances publiques ET l’euro garantissait que leurs créances ne seraient pas dévaluées. La Grèce a triché ET les créanciers ont dû consentir au moins 100 milliards d’euros d’abandons de créance (des « prêts » doublement gratuits, intérêt et principal, pour la Grèce), tandis que la BCE en rachetait une partie. La Grèce a donc coûté fort cher à l’Union européenne et lui doit une fière chandelle : si elle était retournée à la drachme, celle-ci n’aurait pas valu beaucoup plus que le prix du papier. Le pays aurait peiné pendant des décennies à tenter d’apurer en monnaie dévaluée une dette souscrite en monnaie forte ; bien entendu, elle n’aurait pas pu placer de nouveaux emprunts avant longtemps. Avec l’euro, elle a souffert mais elle s’en sort.

    La France, toutes proportions gardées, a elle aussi profité de l’euro pour s’endetter de manière excessive. En se privant de la possibilité de rembourser ses créanciers en monnaie de singe, ce qui est le premier avantage de la souveraineté monétaire, elle s’est obligée à rembourser VRAIMENT ses dettes. Ce qui lui a permis de trouver des prêteurs au-delà de ce qui était raisonnable…

    Hélas, la comparaison avec la Grèce a ses limites : l’Union européenne n’a sans doute pas les moyens d’accorder à la France les mêmes aides qu’à un petit pays comme la Grèce. Pour elle, la tentation devrait être grande de nous OBLIGER à reprendre notre « souveraineté monétaire », autrement dit : « Demerdieren Sie sich ! » Et tant pis s’il nous faut une brouette de papier-monnaie pour acheter une baguette de pain, au moins nous la paierons en francs !

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