Suite à la victoire du victoire du FPÖ aux dernières législatives en Autriche, nous avons interrogé un journaliste alternatif local, Philippe Huemer, pour recueillir son avis sur le sujet
Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs ?
Philipp Huemer : Je m’appelle Philipp Huemer, j’ai 29 ans et je suis rédacteur en politique intérieure pour AUF1. Auparavant, j’ai été rédacteur en chef du Heimatkurier et j’ai milité plusieurs années au sein du mouvement identitaire.
Breizh-info.com : Dans quelle mesure êtes-vous particulièrement fier d’être autrichien ?
Philipp Huemer : Le terme « fierté » n’est pas approprié. Il ne s’agit pas de fierté, mais de l’obligation de transmettre à l’avenir l’héritage millénaire de nos ancêtres. Je me dois d’être digne de cette mission.
Breizh-info.com : Comment décririez-vous les Autrichiens sur le plan politique ?
Philipp Huemer : Conservateur, pour le meilleur et pour le pire.
Breizh-info.com : Quel rôle joue l’histoire du FPÖ dans son image publique actuelle ?
Philipp Huemer : L’image populiste que Jörg Haider a donnée aux Freiheitlichen au milieu des années 90 est particulièrement marquante pour la perception du FPÖ par le public. Il était ainsi bien en avance sur son temps et a anticipé le populisme des années 2010 (mot-clé : Trump). L’évolution mouvementée qui a précédé peut être pertinente pour les débats (politico-)scientifiques, mais pas pour l’image publique.
Breizh-info.com : Comment le paysage médiatique autrichien rend-il compte du FPÖ ? Pensez-vous qu’il y a une couverture équilibrée ou y a-t-il des tendances qui parlent pour ou contre le FPÖ ?
Philipp Huemer : Il n’existe pas plus de reportage équilibré sur le FPÖ en Autriche que sur les autres forces de droite en Europe. Les partis et les médias du système forment un réseau symbiotique qui réagit de manière allergique à toute force d’opposition. Le FPÖ l’a toutefois compris depuis des années et s’est créé son propre réseau de médias proches du parti. A cela s’ajoute l’importance croissante des médias indépendants et alternatifs, comme justement AUF1. Cela a permis de desserrer progressivement l’étau des partis et des médias du système.
Breizh-info.com : Comment décririez-vous les récents développements politiques en Autriche ? Quels sont les événements importants qui ont marqué la politique autrichienne au cours des dernières années ?
Philipp Huemer : C’est simple et cela a déjà été confirmé par la recherche électorale : l’immigration, la Corona, la guerre en Ukraine et le renchérissement/l’inflation ont été les thèmes déterminants de ces dernières années et donc aussi les motifs décisifs lors des élections au Conseil national. Les conséquences de la politique des mesures Corona ne doivent pas être sous-estimées : dans les communes électorales où la vaccination est peu pratiquée, le FPÖ a obtenu des résultats significativement meilleurs que dans celles où la vaccination est pratiquée de manière intensive (aussi bien à la campagne qu’en ville !). Grâce à son positionnement clair pendant la pandémie, le FPÖ a pu élargir considérablement son espace de résonance et son milieu.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui, selon vous, explique son attrait actuel parmi les électeurs autrichiens ? Quels sont les thèmes clés que le FPÖ met en avant pour attirer l’électorat ?
Philipp Huemer : Le FPÖ, sous la direction de Herbert Kickl, a clairement misé sur une ligne anti-système pour tous les sujets mentionnés ci-dessus. Il a pu récolter les fruits de ces graines lors des dernières élections.
Breizh-info.com : Le FPÖ avait-il une stratégie particulière pour les élections autrichiennes dans les régions plus libérales ou urbaines ?
Philipp Huemer : Non, il n’y a pas eu de discours particulier – cela n’aurait pas été authentique non plus. Néanmoins, le FPÖ a obtenu un score inférieur à la moyenne, mais tout à fait solide, dans les zones urbaines.
Breizh-info.com : Quelle est la conception de la remigration du FPÖ, notamment en ce qui concerne son application concrète ?
Philipp Huemer : Pour cela, il suffit de jeter un coup d’œil au programme électoral du FPÖ. La remigration y est définie comme suit :
La remigration est un terme générique qui désigne un changement de paradigme dans la politique actuelle, d’asile, des frontières et de migration. Elle est la conséquence d’une politique migratoire basée sur l’identité et comprend un ensemble de mesures visant à inverser les flux migratoires. La suppression de toutes les incitations pour les réfugiés économiques en quête d’assistance, associée à une politique de culture dominante et à une forte pression d’adaptation et d’assimilation, doit permettre d’inverser les « facteurs d’attraction et de répulsion » de l’immigration. Concrètement, la remigration prévoit le rapatriement de tous les immigrés illégaux sur la base de dispositions légales, la sécurisation des frontières, une réforme du droit d’asile, des étrangers et de la citoyenneté ainsi que la création et la promotion de programmes de retour volontaire. Une attention particulière est accordée aux sociétés parallèles islamiques.
Breizh-info.com : En quoi le FPÖ se distingue-t-il des autres partis autrichiens en matière de politique économique ?
Philipp Huemer : C’est dans le domaine de la politique économique qu’il y a le plus de recoupements avec d’autres partis, surtout avec l’ÖVP et le NEOS. Alors que le parti est fondamentalement libéral sur le plan économique, il met également l’accent sur la responsabilité sociale et critique l’importation de main-d’œuvre étrangère (dumping salarial, etc.).
Breizh-info.com : Comment réagissez-vous aux résultats du FPÖ ?
Philipp Huemer : Le fort résultat du FPÖ m’a tout à fait surpris. Il ne sera toutefois pas possible de diriger un gouvernement en raison du refus catégorique des autres partis. Il en résulte toutefois une chance de continuer à se développer dans l’opposition. Car il faut être honnête : avec 29%, un changement de système n’est pas encore possible. Le résultat du FPÖ n’est donc pas encore une victoire, mais un succès qui montre la voie à suivre.
Breizh-info.com : La gauche en Europe bénéficie d’un nombre considérable d’infrastructures organisationnelles (ONG, médias subventionnés, universités, etc.). Pensez-vous que nous devrions créer un pré-carré des droites européennes ? En d’autres termes, un ensemble de structures conçues pour renforcer les liens, notamment par la culture, mais aussi par la métapolitique
Philipp Huemer : Bien sûr que oui. Un changement de système, comme je l’ai mentionné plus tôt, ne peut pas être obtenu par le « patriotisme parlementaire » (Martin Sellner). Il faut une métapolitique et la création d’une élite idéologique qui soit à l’écoute du peuple. C’est la tâche historique à laquelle nous sommes confrontés.
Propos recueillis par Matisse Royer
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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Une réponse à “Autriche. Philipp Huemer : « Le résultat du FPÖ n’est pas une victoire totale, mais un succès qui montre la voie à suivre » [Interview]”
tiens dans toute l’europe des partis « d’estrêême droaaate » gagneraient des voix ?