Selon les médias subventionnés et Emmanuel Macron en personne, l’arrestation de Pavel Durov ne serait « en rien une décision politique« . L’hypothèse d’une attaque à la liberté d’expression écartée [sic], l’opération contre la messagerie cryptée serait une avancée vers un monde plus sûr. Et une fois n’est pas coutume, pour convaincre de la justesse de l’arrestation on a dérangé rien de moins que… la pédophilie ! Le mandat d’arrêt contre l’informaticien russe ayant été émis par l’Office français de lutte contre les violences faites aux mineurs, l’OFMIN.
« Une bonne chose » pense le Français moyen qui, à moins d’être un sadique ou un lecteur de Libération, considère encore la pédocriminalité comme une manifestation du mal absolu. Oui, le commun des mortels ne peut que se réjouir de toute entrave faite au partage de photos et vidéos à caractère pédopornographique. Mais l’opération contre Telegram a un je-ne-sais-quoi de foutage de gueule. Parce que soyons honnêtes : s’il y a UNE typologie de crimes dont la justice semble se contrefoutre, c’est bien la pédocriminalité. Si les peines dérisoires, les incarcérations non-effectuées pour vice de forme et les plaintes non suivies d’effet ne suffisent pas, que l’on nous explique pourquoi il est ENCORE si aisé pour les prédateurs sexuels de racoler sur Facebook, Instagram et Tiktok sans que personne ne soit inquiété. Et ce, alors que ce sont bien là les canaux préférés des chasseurs de mineurs. Les témoignages de la Team Moore, un groupe de civils engagés dans la chasse aux pédocriminels sur les réseaux sociaux, sont à ce sujet effarants.
Je veux bien que le Dark web soit un tantinet difficile à nettoyer, mais je n’aurai de cesse de répéter que si peu, sinon rien n’est fait pour protéger l’enfance de la pédocriminalité, de l’hypersexualisation et de l’accès illimité à la pornographie, les trois étant intimement liés. Emblématique, le clic sur « J’affirme avoir plus de 18 ans » permettant l’entrée sur n’importe quelle plateforme où des Teens (donc des mineures, puisque la différence en anglais entre teen et young adult est nette) se font… par des adultes.
Les plus affûtés l’auront compris : arguer vouloir freiner la pédophilie en mettant un terme au cryptage de Telegram est un argument pour convaincre la plèbe du bien-fondé de cette nouvelle percée de Big Brother. Et ce même si nos contemporains trouvent de plus en plus normal d’être épiés 24 heures sur 24…
C’est bien l’absence de modération et de coopération de Telegram avec les forces de l’ordre, qui est inacceptable pour les autorités françaises, et c’est cela qui rendrait son PDG complice de tout ce qu’il se passe sur son réseau, du trafic de stupéfiants, des escroqueries en tout genre, aux infractions à caractère pédophile etc.
Bref, une autorité complètement incapable d’endiguer le crime sur son territoire – le veut-elle seulement ? – qui n’a de cesse de libérer les pires meurtriers, violeurs et agresseurs, fabriquant de fait des multirécidivistes et encourageant ce faisant le passage à l’acte, entend être plus sévère et plus efficace une fois de nouvelles données en sa possession. Ben voyons.
Les mots de Bernanos résonnent de plus en plus fort :
« La menace qui pèse sur le monde est celle d’une organisation totalitaire et concentrationnaire universelle qui ferait, tôt ou tard, (…) de l’homme libre une espèce de monstre réputé dangereux pour la collectivité tout entière (…). Le monde moderne [poursuit] son évolution vers ce régime de dirigisme universel auquel semble aspirer les démocraties elles-mêmes. » La liberté, pour quoi faire ? 1947
Audrey D’Aguanno
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3 réponses à “Telegram, pédocriminalité et hypocrisie [L’Agora]”
Oui ce qui gêne nos dirigeants et big brother, c’est le cryptage !
bientot le goulag façon soviétique en france! pour l’instant ils se restreignent un peu mais …juste un peu
Si le matamore Micron veut réellement lutter contre la pédophilie et le trafic de drogue, qu’il se batte contre le Dark Web (s’il l’ose ! parce que c’est pas gagné…)