Variole du singe. Un comité d’urgence convoqué par l’OMS quelques mois après la suspension du « traité sur les pandémies »

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Ghebreyesus, a annoncé mercredi 7 août qu’il convoquait un comité d’urgence du règlement sanitaire international pour évaluer la gravité de la récente épidémie de variole du singe (Mpox) en Afrique et décider si elle constitue une urgence de santé publique de portée internationale (PHEIC) – un pas de plus vers la déclaration d’une nouvelle pandémie.

S’exprimant lors d’une conférence de presse au siège de l’OMS à Genève, le directeur général a expliqué que les nouvelles préoccupations concernaient une nouvelle souche de variole du singe, plus mortelle que celle qui avait été déclarée urgence mondiale en 2022 et qui s’était propagée dans plus de 70 pays, affectant principalement les hommes homosexuels et bisexuels.

Cette nouvelle souche a déjà été détectée dans dix pays africains, dont la République démocratique du Congo, qui a été le foyer des précédentes épidémies de variole du singe et qui représente aujourd’hui plus de 95 % des nouveaux cas et des décès. Récemment, cependant, la nouvelle souche a commencé à se propager rapidement en dehors du Congo, en Afrique centrale.

« Depuis le début de l’année, plus de 14 000 cas et 511 décès ont été signalés, soit plus que pendant toute l’année dernière », a déclaré M. Ghebreyesus. « Au cours du mois dernier, plus de 50 cas confirmés ou suspects ont été signalés dans quatre pays voisins du [Congo] qui n’avaient pas été touchés jusqu’à présent, à savoir le Burundi, le Rwanda, le Kenya et l’Ouganda : Burundi, Rwanda, Kenya et Ouganda », a-t-il ajouté.

Le directeur général a souligné que ce qui est encore plus inquiétant que le taux de mortalité estimé à 3,6 %, c’est que le virus semble être particulièrement dangereux pour les enfants. 70 % des cas enregistrés et environ 85 % des décès concernent des enfants de moins de 15 ans.

Il n’y a cependant aucune raison de paniquer, car l’OMS maîtrise la situation.

« Il devrait être relativement facile de lutter contre cette maladie par des mesures et des interventions classiques de santé publique, en particulier pour ceux qui ont accès aux vaccins », a déclaré Michael Ryan, chef du programme d’urgence sanitaire de l’OMS, ajoutant qu’il existe déjà deux vaccins contre la variole du singe autorisés pour une utilisation en cas d’urgence.

Dans le même temps, le directeur a averti l’Occident de prendre l’épidémie au sérieux et d’investir pour l’arrêter avant qu’elle ne se propage en Europe et en Amérique, en demandant 15 millions de dollars à la communauté internationale pour aider à combattre la variole du singe sur le terrain. M. Ryan a également souligné que le monde devait « s’unir » et mettre en œuvre dès que possible des contre-mesures coordonnées à l’échelle mondiale, y compris la « surveillance ».

La désignation d’urgence de santé publique internationale (PHEIC) envisagée pour la variole du singe est l’alerte mondiale la plus forte que l’OMS puisse officiellement lancer (du moins jusqu’à l’adoption d’un traité sur les pandémies), avec certains niveaux d’obligations légales que les États membres doivent respecter en vertu de l’actuel règlement sanitaire international (RSI).

Pour être définies comme des PHEIC, les épidémies doivent remplir trois critères. Elles doivent être « graves, soudaines, inhabituelles ou inattendues », se propager à travers les frontières internationales et « nécessiter une action internationale immédiate ».

Sans minimiser l’importance de l’épidémie, il est intéressant de noter le timing de son annonce par rapport aux ambitions mondiales de l’OMS. Il y a quelques mois, l’organisation a dû suspendre temporairement son initiative de « traité sur les pandémies » après avoir échoué à convaincre les États membres que cet accord ne représentait pas une première étape vers une prise de pouvoir mondiale sans précédent, permettant à l’OMS de déclarer des pandémies à sa guise et d’imposer des mesures de santé publique à l’échelle mondiale.

Bien que l’OMS ait significativement assoupli le langage de son projet de document avant son congrès de mai pour apaiser la plupart des inquiétudes, certains États membres ont tout de même perçu ce traité comme une tentative progressive de s’approprier leur souveraineté, plutôt qu’une attaque frontale. D’autres ont soulevé des objections sur certains aspects techniques, notamment le fait que l’Occident aurait dû supporter le coût des mesures de préparation et de gestion des pandémies à l’échelle mondiale.

Malgré cela, M. Ghebreyesus a prolongé le mandat de l’équipe de négociation pour affiner le projet, avec l’objectif explicite de le faire adopter au printemps prochain. Et quoi de mieux pour convaincre les pays sceptiques de la nécessité d’une coopération mondiale accrue en matière de santé publique qu’une situation concrète en cours, avec des chiffres et des graphiques mis à jour quotidiennement pour maximiser l’impact psychologique, offrant ainsi une nouvelle cause à défendre ?

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