L’auteur de bande dessinée André Juillard est décédé le 31 juillet 2024 à Port-Blanc, à l’âge de 76 ans. Son œuvre très riche a véritablement commencé en 1982, avec la série à succès Les 7 vies de L’Epervier, scénarisée par Patrick Cothias, à l’origine de la collection Vécu chez Glénat, et de ce nouveau genre, la « bande dessinée historique » qui a connu ensuite ses années de gloire chez tous les éditeurs de BD.
Né le 9 juin 1948 à Paris, André Juillard s’est rapidement imposé comme une figure incontournable de la bande dessinée française. Dès son plus jeune âge, Juillard se passionne pour le dessin, un intérêt nourri par la lecture de l’hebdomadaire Tintin, qui influencera durablement son style. Après des études à l’École nationale supérieure des arts décoratifs, où il se forme rigoureusement aux techniques de l’illustration et du graphisme, il fait ses débuts professionnels dans la bande dessinée au milieu des années 1970.
L’ascension avec Les Sept Vies de l’Épervier
Le tournant décisif de sa carrière survient en 1983 avec la parution de Les Sept Vies de l’Épervier, une série historique scénarisée par Patrick Cothias et publiée dans Circus. Cette œuvre, qui s’étend sur sept tomes, plonge le lecteur dans la France du XVIIe siècle, mêlant habilement faits historiques et fiction. Le succès est immédiat. Les Sept Vies de l’Épervier est saluée tant pour la rigueur historique de son scénario que pour la qualité graphique des planches de Juillard, qui capture avec une précision inégalée les détails de l’époque. Ce travail consacre Juillard comme un maître de la bande dessinée historique, un genre dans lequel il excelle tout au long de sa carrière.
L’univers de Blake et Mortimer
En 2000, André Juillard franchit un nouveau cap en reprenant la célèbre série Blake et Mortimer, créée par Edgar P. Jacobs. Avec le scénariste Yves Sente, il réalise plusieurs albums, dont La Machination Voronov (2000) et Le Sanctuaire du Gondwana (2008). Ces albums permettent à Juillard de s’immerger dans l’univers d’un autre auteur tout en laissant sa marque distincte sur la série. Sa capacité à respecter l’héritage graphique de Jacobs tout en apportant une touche personnelle est largement reconnue par les critiques et les lecteurs.
Le Cahier bleu et l’exploration des sentiments
Parallèlement à ses projets historiques, Juillard explore d’autres facettes de son art avec des œuvres plus introspectives. Le Cahier bleu, publié en 1994, est sans doute l’une de ses œuvres les plus personnelles et marquantes. Ce récit, qui narre l’histoire d’une rencontre amoureuse à travers les pages d’un carnet intime, témoigne de la capacité de Juillard à capturer les nuances des émotions humaines avec une finesse rare. Le Cahier bleu reçoit de nombreux éloges et plusieurs prix, dont le prix Alph-Art du meilleur album au Festival d’Angoulême en 1995.
Outre ses propres créations et la reprise de Blake et Mortimer, Juillard collabore également avec d’autres figures importantes de la bande dessinée. L’une des collaborations les plus notables est celle avec le scénariste Pierre Christin, avec qui il réalise Léna (2006), une série d’espionnage moderne et élégante qui explore les intrigues politiques et les jeux de pouvoir. Cette collaboration est une autre preuve de la polyvalence de Juillard, capable de s’adapter à des récits très divers tout en conservant un style graphique reconnaissable entre tous.
Une influence durable
Tout au long de sa carrière, André Juillard a su allier rigueur historique, sensibilité narrative et une technique de dessin précise et élégante. Son œuvre est marquée par une grande attention aux détails et une capacité à donner vie aux personnages et aux époques qu’il dépeint. Sa contribution à la bande dessinée a été maintes fois récompensée, et il reste une figure respectée et admirée dans le milieu du neuvième art.
Décès et héritage
André Juillard s’est éteint le 31 juillet 2024 à Port-Blanc, en Bretagne, à l’âge de 76 ans, des suites d’une longue maladie. Son décès a suscité une grande émotion dans le monde de la bande dessinée et au-delà. Les hommages se sont multipliés, témoignant de l’influence durable qu’il a exercée sur des générations de lecteurs et de créateurs. Juillard laisse derrière lui une œuvre riche et diversifiée qui continuera d’inspirer les passionnés de bande dessinée.
« Assidu à son travail de dessinateur de BD mais aussi de grand illustrateur, il était précis et documenté, afin qu’il ne manque jamais un seul bouton aux costumes de ses personnages historiques du règne d’Henri IV. Son encrage magnifique suscite l’admiration des collectionneurs de planches originales de BD. André Juillard était un homme tranquille, élégant, cultivé, discret, généreux et fidèle en amitié. Les éditions Glénat présentent leurs condoléances à son épouse Anne, à ses enfants et petits-enfants » indique les Editions Glénat dans un communiqué hommage.
YV
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