Une équipe de scientifiques de l’Ifremer, de l’Université de Brême et de l’Université de Hambourg s’est embarquée sur le Thalassa, un navire de la Flotte océanographique française, pour une mission cruciale : étudier la circulation méridienne de retournement de l’Atlantique (AMOC) dans le cadre de la campagne CROSSROAD. Cette expédition, financée en partie par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et s’inscrivant dans le projet européen EPOC (Explaining and Predicting the Ocean Conveyor), vise à mieux comprendre le fonctionnement et l’évolution de cette circulation océanique vitale pour le climat mondial.
L’AMOC est un réseau complexe de courants océaniques, dont les plus connus sont le Gulf Stream et le courant du Labrador. Il joue un rôle essentiel dans la régulation des températures de l’hémisphère Nord en transportant les eaux chaudes de l’équateur vers les hautes latitudes où elles se refroidissent et plongent vers les abysses avant de retourner vers le sud. Ce processus influence non seulement le climat mais aussi les écosystèmes océaniques en transportant chaleur, nutriments, carbone et oxygène.
Une mission pour lever le voile sur l’AMOC
Le changement climatique pourrait perturber cette mécanique océanique. Le réchauffement des pôles et la fonte des glaces pourraient en effet modifier la densité des eaux, moteur principal de l’AMOC. « Pour l’instant, nous manquons de données pour affirmer que l’AMOC ralentit sous l’influence du changement climatique », déclare Damien Desbruyères, chef de mission et chercheur Ifremer. « Nos séries temporelles de mesures in situ sont trop peu nombreuses pour distinguer les tendances naturelles de celles causées par le changement climatique. »
Pour combler ces lacunes, l’équipe de scientifiques va étudier une zone clé de l’AMOC au large de Terre-Neuve, où les eaux froides subpolaires et chaudes subtropicales se rencontrent. Cette région dynamique, combinant courants puissants et relief sous-marin complexe, est idéale pour comprendre les mécanismes de cette circulation océanique.
Des technologies innovantes pour des données précises
Afin de cartographier la dynamique de l’AMOC, l’équipe utilisera des instruments de pointe. Un nouveau type de « mouillage » avec un capteur « profileur » sera déployé pour la première fois. Contrairement aux mouillages traditionnels avec capteurs fixes, ce système innovant pourra récolter des données continues sur toute la colonne d’eau, mesurant température et vitesse des courants avec une précision de quelques centimètres.
Les scientifiques utiliseront également des flotteurs Deep Argo capables de plonger jusqu’à 4 000 mètres et de suivre les courants tout en mesurant température, oxygène et salinité. Ces données seront complétées par la rosette bathysonde, équipée de capteurs et de bouteilles de prélèvement d’eau, permettant d’obtenir des « empreintes » détaillées de l’océan à différents niveaux.
Vers des modèles climatiques améliorés
« Les données récoltées et les connaissances acquises sur le fonctionnement des courants et de l’AMOC serviront, à long terme, à améliorer les modèles climatiques utilisés par le GIEC », explique Damien Desbruyères. La campagne CROSSROAD représente une étape cruciale pour comprendre l’impact du changement climatique sur l’AMOC et, par extension, sur notre climat global. Avec des technologies innovantes et une équipe de chercheurs déterminés, cette mission promet de fournir des insights précieux pour l’avenir de notre planète.
2 réponses à “Campagne océanographique CROSSROAD : À la poursuite des secrets de l’AMOC”
Bonjour, insights = connaissances en bon français ; défendons notre langue maternelle y compris Le Breton ; quant au réchauffement climatique, posons nous la question de son existence ou pas. Quand je vois le mot GIEC, je propose méfiance et faisons jouer notre esprit critique et défendons nos océans et nos forêts. Salut
Cet article manque de climato-scepticisme … L’auteur est probablement vacciné; grand bien lui fasse.