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Faut-il défendre Christian Troadec ? [L’Agora]

Christian Troadec, le maire autonomiste de gauche de Carhaix et cinq autres élus étaient convoqués en juillet devant la justice pour « violences et séquestrations » dans l’affaire du mouvement de défense de l’hôpital de Carhaix, Christian Troadec reviendra au tribunal en janvier prochain pour une histoire de conduite avec 1,6 grammes, Christian Troadec et ses banquets paillards, Christian Troadec et les Vieilles Charrues, « je t’aime moi non plus », Christian Troadec ceci et surtout cela.

L’homme a ses failles. Ça… Mais à Breizh-Info nous ne jugeons pas les personnages publics sur leur vie privée mais sur leurs actes pour la communauté. Christian Troadec ne doit sûrement pas lire Breizh-Info car il est toujours un peu trop influencé gauchiste sur les bords mais nous sommes sûrs qu’une bonne âme du camp du bien lui fera suivre cet article. A la suite de quoi, Christian Troadec fera peut-être même un communiqué outré pour dire combien il récuse ce « torchon », rappelant « les heures les plus sombres de notre histoire » alors que la Bretagne, et particulièrement Carhaix, sont « ouverts sur le monde » et autres balivernes devenues figures imposées par le terrorisme intellectuel de la gauche.

Ou peut-être pas.

Politiquement Christian Troadec a tout exploré à Gauche. Il ne lui reste plus que Lutte Ouvrière et Alternative Libertaire et encore… Proche du PS, d’Eva Joly des Verts (qu’il « admire » et auquel il accordera son parrainage à la présidentielle de 2012), de l’UDB, du Parti Breton, des indépendantistes par le truchement de Charlie Grall son conseiller, mais également « autonomiste », « régionaliste », « Bonnet Rouge », « populiste », « agrarien », « Bayrou-compatible », « Krivino-compatible » parfois un peu au Centre, proche des nationalistes basques tendance radicale. Bref, Troadec a toujours été avant tout « Troadequiste » et plus selon l’air du temps ou les circonstances du moment. Opportuniste ? Complètement ! Mais comme ils le sont tous…

Et que dire de ses prises de position pro-palestiniennes (Carhaix est jumelé avec El Arroub, un camp de réfugié de Cisjordanie), sa décision iconoclaste de hisser le drapeau marocain sur la mairie de Carhaix, etc… Christian Troadec c’est un peu ça : une soirée chopines avec ses conseillers dans son débit de boisson favori et hop, une initiative à la con !

Carhaix, the place to be !

Mais Breizh-Info se fout des étiquettes et des extravagances et regarde avant tous les faits. Avant Christian Troadec et sa victoire aux municipales de mars 2001 (23 ans !), Carhaix était un trou. Avant les Vieilles Charrues créées en 1992 et amenées à Carhaix en 95, c’était même un super-trou ! Même si la population carhaisienne avait fait un bond entre 1950 et 1980 (absorbant surtout les populations des campagnes avoisinantes), le Poher ne respirait pas la joie de vivre et le dynamisme économique.

Christian Troadec a amené cela à Carhaix, du dynamisme ! Et cette force motrice a rayonné dans tout le secteur du Poher. A bien des égards, Carhaix est « the place to be » pour quantité de secteurs et domaines. Ce ne sont pas Gourin, Loudéac, Rostrenen, Ploërmel ou Locminé qui pourraient en dire autant.

Karaez evit ar brezhoneg

En matière de langue bretonne, il est indéniable que Carhaix a été précurseur : les enseignes bilingues dans les commerces, les panneaux de signalisation, le lycée de Kerampuilh, l’Ofis, les associations et collectifs hébergés à la maison des assos, etc…  Sans parler des évènements organisés au Glenmor dont le « salon du Livre en Bretagne ».

Sur la question ô combien symbolique des panneaux de signalisation intégralement bilingues, tout à commencé à Carhaix ! Et l’exemple a été suivi à Langonnet, Rosporden, etc… Et grâce à Christian Troadec et l’argent des Vieilles Charrues, Diwan a pu être maintenu la tête hors de l’eau pendant un moment tout de même. En 1999, ce ne sont pas moins de 1 millions d’euros qui avaient été donnés à l’association par le festival !

Le virage des Bonnets Rouges

En matière d’emploi ou d’Ecotaxe, tout le monde se souvient de l’épisode des Bonnets Rouges. Si cette fièvre est d’abord partie d’un ras-le-bol agricole et ouvrier, elle est rapidement devenue « nationalitaire » englobant la problématique nationaliste bretonne dans le slogan « Vivre, Travailler et Décider au Pays ». A la base de cette surprenante évolution (qui n’était pas gagnée au départ), deux hommes : le militant nationaliste breton Jean-Pierre Le Mat passé par les mouvements radicaux irlandais, alors président de la CGPME 22, et Christian Troadec.

Or l’épisode résume bien la personnalité de Troadec : se foutant des étiquettes, changeant au gré des opportunités, il défendra toujours la Bretagne, son peuple, avec acharnement et constance, contre « Paris ». Contre les décisions « venues d’en haut » et surtout de l’Est. Comme il défend toujours l’hôpital de Carhaix et ce depuis des années.

Alors bien entendu, notamment sur ce dernier point, les actions de Christian Troadec sont parfois ératiques, sa gestion en tant que président du conseil d’administration de l’hôpital a fait l’objet de maintes critiques. Son caractère, sa vie privée, son côté « rabelaisien » (nous choisissons nos mots pour éviter un éventuel procès), son silence sur l’immigration et l’insécurité qui est en train de transformer Carhaix, tout cela est critiquable et l’on pourra trouver 1000 défauts à Christian Troadec.

En déclin ?

Mais tout cela ne peut ternir son bilan. Bilan pour Carhaix, pour la population, pour la Bretagne, pour le breton. Troadec a été de tous les combats pour la Bretagne, mouillant la chemise, se déplaçant pour soutenir des militants en procès, pour la Réunification, pour Diwan, etc… Localement, il a été élu sans discontinuer à la mairie de Carhaix depuis 2001. La dernière fois en 2020 avec 51,87% au premier tour, plus de 20 points devant son premier poursuivant tout de même !

Aujourd’hui, on le dit en déclin. Usé par certains excès, proche de la fin de sa vie politique. Cerné par les affaires et les inimitiés. Lâché par tout le monde. Même avec Erwan Chartier, l’un de nos plus fidèles lecteurs, le torchon brûle à ce qu’on dit. La Gauche a toujours cette habitude de focaliser, un moment, sa haine sur l’un des siens. Ca la soude et ça la purge.

De notre côté, nous l’affirmons : il y a une trentaine de villes moyennes en Bretagne, plus les gros bourgs. Beaucoup sont dans le Centre-Bretagne ou, au moins, dans l’intérieur des terres. Si chacune avait eu un maire comme Christian Troadec, la Bretagne et la langue bretonne seraient aujourd’hui à un autre niveau.

La Bretagne a quelques élus d’exceptions comme lui : Marc Le Fur et Paul Molac ont ou ont été de cette trempe. Patriotes bretons à leur manière et appréciés de leur population pour leur action locale et leur engagement.

Christian Troadec est bourré de défauts c’est sûr, a fait des erreurs, mais il est un patriote breton qui agit pour la population qui l’a élu. Et qui va jusqu’au bout. Dans ses combats, comme dans ses excès.

ML

Précision : les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.

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Une réponse à “Faut-il défendre Christian Troadec ? [L’Agora]”

  1. Hervé Brétuny dit :

    et en plus il a eu affaire à Richard Ferrand à une époque …..

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