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L’Etat antifa vs Compact Magazine. Quand l’État allemand attaque l’opposition de manière ciblée

Les élections fédérales de l’automne 2021 ont donné à l’Allemagne le gouvernement le plus à gauche de son histoire. Les Verts, portés par l’engouement du fridays-for-future, et les sociaux-démocrates, profitant des erreurs des chrétiens-démocrates, sont sortis clairement vainqueurs des élections. Les libéraux du FDP ont également fait leur entrée au gouvernement. Le parti a marqué des points auprès des électeurs, notamment grâce à sa critique de la Corona et de la bureaucratie. Il a abandonné ces deux points pour participer au gouvernement.

Pour un acteur patriotique, le programme gouvernemental et la liste des postes ministériels ressemblent à une histoire d’horreur. Plus de migration, une naturalisation simplifiée, une meilleure acceptation du mouvement LGBTQ et la désormais célèbre « lutte contre la droite » figuraient en tête du programme gouvernemental. Avec Nancy Faeser, c’est une social-démocrate particulièrement engagée contre l’opposition qui a décroché le poste de ministre de l’Intérieur. Dès le début, elle n’a pas caché ses intentions de rendre la vie difficile à la droite.

La lutte contre la droite

Ce slogan est utilisé depuis des décennies par les groupes de gauche radicale et d’extrême gauche. Ils l’utilisent pour décrire des actions pacifiques ou violentes contre des acteurs politiques et des organisations de droite. On peut tout regrouper sous ce terme, des « programmes de sortie » aux articles de dénonciation et aux incendies criminels de biens appartenant à des personnes peu recommandables. Sous le gouvernement de l’Ampel – Ampel, parce que les couleurs des partis sont le rouge, le jaune et le vert – ce concept parvient désormais à s’imposer au cœur de la société et sur le banc du gouvernement.

On s’efforce en permanence de donner à l’opinion publique l’image d’une république menacée par des terroristes de droite contre lesquels l’Etat doit se défendre. L’intérêt du gouvernement est si grand que chaque incident qui pourrait être causé par la droite est compté comme tel ou du moins présenté comme tel. Ainsi, le portail d’information Nius, proche des chrétiens-démocrates, a enquêté sur le fait que sur 80 attaques signalées contre des centres d’asile, 38 n’impliquaient pas de centre d’asile. Les suspects n’existent que dans la moitié des cas. Selon les enquêteurs, l’attribution à un crime de droite se fait sur la base de l’expérience de la police.

Des complots contre le gouvernement sont également volontiers construits. Ainsi, en décembre, la police a effectué 180 perquisitions et plusieurs arrestations chez des retraités. Ils auraient planifié un coup d’État violent contre le gouvernement. Une personne aurait été un « prepper » et aurait stocké de la nourriture. De l’argent liquide et des armes ont également été trouvés, mais ceux-ci ont plutôt un caractère de collection et ne sont pas adaptés à des missions de combat modernes. Un spectacle vraiment mal mis en scène.

Interdiction des petites associations

Deux autres associations ont été victimes de cette hystérie nationale à l’été 2023. Les Hammerskins, une ancienne camaraderie skinhead qui avait entre-temps pris de l’âge et qui limitait ses activités à des barbecues et des concerts, a été mise hors circuit par Nancy Faeser, tout comme l’Artgemeinschaft : une communauté völkisch et ésotérique qui élevait les enfants selon les anciennes coutumes germaniques. Ces deux associations sont estimées à moins de 100 membres et n’ont aucune influence sur la politique allemande. Leur interdiction a été une simple mesure de relations publiques du gouvernement sans réelle conséquence politique.

La république après Potsdam

La découverte d’une réunion de réseaux de droite près de Potsdam a apporté une fois de plus de l’eau au moulin des combattants anti-droite. Sur le mensonge éhonté selon lequel les acteurs de droite planifiaient un deuxième holocauste, l’establishment de gauche a non seulement mobilisé des centaines de milliers de citoyens dans les rues, mais le gouvernement a travaillé sur une loi qui nous occupera encore longtemps. La loi sur la promotion de la démocratie est le dernier chapitre d’horreur de la République fédérale et s’explique simplement. L’Etat finance des associations de gauche radicale à l’extrême gauche avec des milliards d’euros d’impôts allemands. L’argent est généreusement distribué à tous ceux qui participent à la lutte systématique contre leur propre opposition. En outre, certains « chercheurs sur l’extrémisme » bénéficient d’un accès exclusif à des informations acquises par les services secrets – à des fins de recherche uniquement, bien entendu.

Le gouvernement fait donc de la récupération avec l’aide de ses services secrets intérieurs – le Verfassungsschutz allemand est unique en Europe. Aucun autre pays n’entretient un service secret qui espionne l’opposition – des informations auxquelles les journalistes conventionnels n’auraient pas accès (adresses, lieux de rencontre, informations sur les réseaux) et les met à la disposition de radicaux de gauche déguisés en chercheurs sur l’extrémisme. Personne ne peut dire si et dans quelle mesure ces données parviennent ensuite à la presse ou à des groupes militants antifascistes.

Le gouvernement mise sur la répression

L’interdiction de Compact, signée dès le mois de juin, est une nouveauté absolue en République fédérale. Jamais encore un gouvernement n’avait fait interdire un média d’opposition. Cela montre qu’il y a une réelle volonté de faire tomber tous les masques et de passer complètement à la répression. Les résultats catastrophiques du gouvernement dans les sondages, qui l’enverront lui-même dans l’opposition en 2025, semblent être un moteur tout aussi puissant pour se relancer avant la passation de pouvoir, tout comme les élections à venir dans les Länder de l’Est, le Brandebourg, la Saxe et la Thuringe. Dans ces trois Länder, l’AfD est la force la plus importante. En Saxe et en Thuringe, une majorité absolue est envisageable. De quoi empêcher l’un ou l’autre fonctionnaire des feux de signalisation de dormir la nuit.

Comment les choses vont-elles évoluer ?

Il faut partir du principe que toutes les interdictions du passé n’étaient que des tests avant la grande épreuve de force : L’interdiction de l’AfD.

En Allemagne, les interdictions de partis sont encore liées à des obstacles supplémentaires et semblent être un sujet trop brûlant pour le gouvernement actuel. On préfère s’échauffer pour le combat principal contre des retraités et des associations insignifiantes qui n’ont pas beaucoup de soutien, et tester jusqu’où on peut aller. Compact, en revanche, dispose de moyens financiers et d’un grand nombre de partisans. Il sera décisif de repousser cette attaque du régime en espérant que l’on n’osera plus faire de même avec la génération identitaire ou l’AfD.


Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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