Depuis le 1er juillet, Viktor Orban, Premier ministre hongrois, occupe le siège de la présidence tournante du Conseil de l’Union Européenne. Nous avons de lui une image quelque peu déformée de sa personnalité et de ses visions politiques.
Beaucoup critiqué pour avoir rendu visite à Vladimir Poutine, on sent bien que les plus « otanophiles » de l’UE se seraient passés sans trop de regrets de cette présidence…
Pour éclairer le jeu, il n’est peut-être pas superflu de rappeler certaines de ses paroles : « Cette année, nous pouvons mettre fin à cette époque peu glorieuse de la civilisation occidentale. Nous pouvons mettre fin à l’ordre mondial fondé sur l’hégémonie libérale. L’esprit progressiste et libéral du monde a échoué. Elle (l’hégémonie libérale) a provoqué guerres, chaos, troubles, effondrement économique et confusion dans le monde. Confusion dans la politique internationale, familles appauvries, détérioration de la sécurité publique dans les rues et sur les places. C’est une époque étrange et un esprit étrange.
Soyons francs. Cet ordre mondial a produit des dirigeants incapables d’être des dirigeants. Ils ne sont pas aptes à cette tâche. Ils font beaucoup d’erreurs. Et à la fin, ils courent vers leur propre destruction ». (paroles prononcées le 15 mars 2024).
C’est sûr qu’avec de tels propos, Viktor Orban sort des poncifs de bon aloi qui sont devenus la coutume des réunions du Conseil européen. Qu’un futur président du Conseil de l’Union européenne, même s’il ne l’est que pour six mois, tienne délibérément ces propos mérite qu’on s’y attarde quelque peu.
Où se situe l’Union Européenne ?
Viktor Orban ne parle que de « l’hégémonie libérale » en faisant référence à « l’esprit progressiste et libéral du monde » Il considère ainsi que l’Union Européenne n’est qu’une façade d’une autre entité qui la coiffe intégralement et qu’il désigne par cette hégémonie libérale. Et il dénonce la liste de ses méfaits qui ont frappé le monde entier depuis des décennies sous couvert de l’installation d’un « ordre mondial » dominé par elle.
Ce discours, qui ramène l’Union européenne à une simple partie d’un ensemble plus important sur lequel elle n’a aucune prise, devrait faire réfléchir les autres dirigeants européens sur ce qu’elle est réellement.
Beaucoup de gens qui constituent les peuples européens s’imaginent que cette Europe qu’on leur vante depuis des décennies constitue avant tout une protection contre les agressions potentielles des autres pays du monde. A ce titre, plus nous sommes menacés et plus l’Europe doit être forte.
En réalité, cette vision, qui a déjà prévalue lors de la création de l’OTAN en 1949, renforce en permanence notre dépendance envers cette hégémonie libérale que certains assimilent beaucoup trop rapidement aux États-Unis pris dans leur ensemble.
J’introduis cette nuance importante car il est de plus en plus coutumier de confondre les peuples et ceux qui les dirigent. Viktor Orban fait aussi ce distinguo en observant que beaucoup de dirigeants produits par cet ordre mondial sont des « incapables qui courent vers leur destruction ».
Un programme pour Viktor Orban ?
Certains indices le laissent penser. Il commence sa phrase par « cette année, nous pouvons mettre fin à cette époque peu glorieuse de la civilisation occidentale ». Étant donné qu’il va prendre la présidence tournante du Conseil de l’Union Européenne trois mois plus tard, tout laisse penser qu’il pense agir dans ce sens. Il constate l’échec de la politique qui a été imposée au monde entier par une oligarchie qui a semé malheur et confusion.
Après des paroles aussi définitives, il est peu probable qu’elles demeurent lettre morte et sa première visite (à titre personnel, selon lui) a été pour rencontrer Vladimir Poutine.
Cela lui a valu de nombreux reproches mais sa démarche indique clairement qu’il a l’intention de passer à l’action et que des changements dans la politique européenne vis à vis de la force montante que deviennent les BRICS+ et l’OCS risquent d’intervenir rapidement.
Cela lui permet également de faire remarquer que la position des dirigeants de l’Union Européenne dans le conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine est entièrement dictée par les intérêts américains et que les dirigeants européens devraient surtout chercher à défendre les intérêts des peuples européens.
D’autant plus qu’il a récidivé quelques jours plus tard en rendant visite au président chinois (naturellement toujours à titre personnel) et toujours mû par le désir de mettre un terme le plus rapide possible à la guerre en Ukraine.
Un faux naïf
On pourrait penser que le Premier ministre hongrois agit en tant que Président du Conseil de l’UE avec une certaine candeur. Il a pris son « bâton de pellerin » et va courir le vaste monde au nom de la paix. La réalité semble un peu différente. Il a probablement choisi ce terrain pour mettre en évidence l’écart grandissant qui va entre les peuples de l’Union Européenne, majoritairement opposés à une guerre contre la Russie, fût-elle au travers de l’OTAN, et les dirigeants de ces peuples de plus en plus inféodés à cette oligarchie qui veut continuer à diriger le monde et qui, pour ce faire, à besoin de ce conflit sur le sol européen.
D’autant plus qu’un certain nombre d’évènements prévisibles, comme le sommet des BRICS+ au mois d’octobre et la possible réélection de Donald Trump à la Maison Blanche en novembre, peuvent singulièrement contre-carrer les plans élaborés par un certain nombre de dirigeants européens.
Jean Goychman
Crédit photo : Flickr (cc)
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10 réponses à “Mettre fin à l’ordre mondial fondé sur l’hégémonie libérale : le plan de Viktor Orban”
Cher Monsieur Viktor Orban, vous ne voulez pas prendre la nationalité Française pour venir nous sauver !!
Merci Jean Goychman de nous ouvrir les yeux. Excellente analyse mettant en exergue le Premier Ministre Hongrois Viktor Orban. En ce qui me concerne, je dirais qu’actuellement, c’est l’homme politique le plus éclairé de toute l’Europe. En outre, dans le cadre du conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine, avec juste raison il alerte que la position des dirigeants de l’Union Européenne est entièrement dictée par les intérêts américains. Ce qui est extremement dangereux pour l’Europe puisque ces mêmes dirigeants oublient purement et simplement de defendre les intérêts des peuples européens.
Toutefois, un bémol qui m’est personnel : Contrairement à ce qu’affirme l’auteur en fin d’article, je ne pense pas que Trump, Futur President des USA, et contrairement à ce qui se trame actuellement à Washington au sein de l’administration sous la presidence du « debris Biden », cherchera à contre-carrer les plans élaborés par un certain nombre de dirigeants européens. Au contraire, je suis presque certain qu’il s’en rapprochera.
Il ne faudrait pas oublier que la première visite que M. Orban a effectuée a été pour M. Zelensky en Ukraine, puis ensuite Moscou et Pékin.
Bon article sur la politique européenne vassalisée par la monnaie de singe dollars subventionnée par la dette américaine. Les USA et leur sionisme évident massacrent le monde en guerre permanente pour faire tourner le militaro business45% de leur PIB et 25 millions d’emplois. Budget qui et de 1500 milliards annuel avec toutes les maintenances à 40 % de ce budget. Cela en dit long sur l’effondrement monétaire qui entraînera l’Europe dans son sillage. Ajouter une puissante dédollarisation par l’échange de tous les pays des BRICS, avec la fin effective des petrodollars. L’Europe de technocrates idéologues, libérale est un leurre et une utopie. L’Europe doit être une fédération reconnaissante des pays avec la libertés des états pour gérer leurs problèmes. Cela ne peut pas être autrement puisque l’harmonisation n’existe pas. Ce ne sont pas ces technocrates idéologues qui font nous nourrisse et gère les pays. Car en effet il n’y a aucune langue commune, aucunes harmonisation fiscale, taxes, impôts, salaires, structures, idées, dépenses, budget. Il y a aussi des dettes incommensurables dépassant les 25’000 milliards irremboursables. On rééchelonne celles-ci de temps en temps lorsque les USA nous témoignent de l’affection en nous faisant un épidémie de laboratoire du virus sur activé SARS COV 2, pour nous diminuer en économie. La dernière fut une perte de 8’000 milliards environ. Les USA ordonnent à l’Europe de prendre les intérêts des actifs russes mais eux ont enlevés toutes les sanctions contre les banques russes. Ces USA accusent la Russie de guerre erre en 2014. La prise de territoires par la Russie pour limier les bases de missiles américains, mais eux par le biais de 8 multinationales détiennent 40 millions d’hectares de terres céréalières de l’Ukraine. Contre l’éphémère échange d’armes et prêts de dollars monnaie de singe subventionnée par de la dette. Le peuple ukrainien va certainement se nourrir avec des missiles et des obus. Bref tout cela va nul part et Viktor ORBAN à mille fois raison. La prochaine étage ce sera un puis deux pays européens voulant adhérer aux BRICS.
Il entend ‘libéral’ au sens anglo-saxon,c.-à-d. socialiste…
Il entend ‘libéral’ au sens anglo-saxon, c.-à-d. socialiste…
Quand Mr Orban tance les dirigeants européens « incapables d’être dirigeants » comment ne pas penser à notre lumière de l’économie et des finances qui, voulant ruiner la Russie, a ruiné la France … et manœuvre actuellement en espérant pouvoir se casser discrètement pour se faire oublier. Un seul mot d’ordre : fermeture immédiate de toutes nos frontières pour l’appréhender le cas échant et le ramener là où il doit être.
orban le second homme politique à abattre (après trump), il veut défendre les libertés, les coutumes, les européens et surtout la paix
Cher Gaï de Ropraz, concernant votre « bémol », les paris sont ouverts.
La logique voudrait que Donald Trump s’écarte de l’Union Européenne. Les propos de son candidat vice-président Vance vont dans le même sens.
Quelle probabilité aurons nous, nous européens, que ORBAN prenne un jour en main les destins de l’Europe hors giron des USA et des fortunes financières de l’ordre mondial?