Le premier tour des législatives 2024 a confirmé la tendance qui s’était dessinée au soir des élections européennes qui s’étaient tenues 21 jours auparavant : la France est plus que jamais divisée en 3 camps antagonistes, le traditionnel clivage gauche-droite s’étant brisé pour donner naissance à un bloc d’extrême gauche, à un bloc d’extrême droite et à un bloc d’extrême centre.
L’extrémisme de chacun des blocs ne tient pas tant dans la radicalisation des programmes que dans la lutte pour la conquête d’un électorat recomposé. Certes, le second tour des législatives peut changer un peu le résultat d’ensemble. Mais ce changement ne peut désormais être que marginal, ce que le résultat du premier tour indique clairement.
A ce stade, il est donc permis de constater la volonté du peuple français, mais aussi une réelle fracture sociale. Ainsi, si l’on prend 10 électeurs, on observe que 3 d’entre eux ont voté pour le Rassemblement national (33 %), que 3 autres ont voté pour le Nouveau Front Populaire (28 %), que 2 ont persisté à soutenir le parti présidentiel (21 %), qu’1 électeur a fait confiance aux Républicains et aux divers droites (6,57 % + 3,66 %) et qu’1 électeur a choisi une offre politique résiduelle.
Quelles conclusions est-il permis de tirer de cette répartition ?
La première est que le camp présidentiel ne représente plus désormais qu’un cinquième des Français. Ce sont les 20 % de nos compatriotes qui tirent profit de la mondialisation et qui soutiennent encore la politique conduite par un président acquis au mondialisme. Face à ce constat, la question de la légitimité d’Emmanuel Macron à la tête de l’Etat pourrait se poser si l’on se réfère à l’exemple du général de Gaulle. Mais il est vrai que malgré le désaveu populaire, aucun des successeurs du fondateur de la Ve République n’a cru devoir s’inspirer de son exemple et démissionner.
La deuxième tient dans le succès du Rassemblement national qui représente à présent un tiers des Français. Après les échecs électoraux du RN aux élections municipales de 2020, puis aux élections départementales et régionales de 2021, le succès des élections législatives de 2022 ne réside pas tant dans le discours ou dans le programme du parti que dans les échecs de la politique du Gouvernement dont certains remontent au précédent quinquennat : la surdité d’Emmanuel Macron devant les revendications des Gilets Jaunes, la féroce répression qui a frappé ce mouvement populaire, la gestion anxiogène et défiant toute raison de la pandémie de covid-19 (Y a-t-il une erreur qu’ils n’ont pas commise ? Christian Péronne, Albin Michel, 2020), les conséquences dramatiques des confinements, puis la réforme forcenée des retraites ont abouti, pour la classe moyenne, à un véritable déclassement qui a pu précipiter ces Français vers le RN, parti qu’Emmanuel Macron a lui-même désigné comme son adversaire principal.
La troisième conclusion tient en ce qu’un bloc de gauche et d’extrême gauche s’est constitué au point de séduire près d’un tiers des électeurs. Ici, ce ne sont plus tant les classes moyennes que les catégories les plus défavorisées, ou encore les moins bien intégrées de la population qui ont manifesté leur peur de l’avenir : salariés à faible ou à très faible revenu, Français issus de l’immigration à la recherche d’une intégration plus que difficile, laissés pour compte d’une société en voie de paupérisation avancée et en proie à une insécurité grandissante. La France des pauvres et des exclus, car on en est là, et une partie de la France du communautarisme s’est tournée vers l’idéologie messianique portée par la gauche, faute de mieux. La consolidation et la croissance de ce bloc ne laisserait pas d’inquiéter si elle devait se produire.
Une quatrième conclusion repose sur l’éclatement et, parfois, sur l’effacement des autres offres politiques. En provoquant des élections législatives 3 semaines après les élections européennes, il est clair que le Président de la République a écarté de facto tous les petits partis, et notamment les souverainistes, qui ne pouvaient faire face aux dépenses de deux campagnes nationales aussi rapprochées. Dans une moindre proportion, Les Républicains, très affaiblis en 2022 par l’irruption sur la scène politique de la candidature d’Eric Zemmour, ont vu leur parti se fracturer entre la tendance Ciotti, favorable à un accord avec le Rassemblement national, et le reste du parti rejetant cette option au risque de nouvelles compromissions avec le Gouvernement et le parti macronistes. Les Républicains seront-ils condamnés à devenir les supplétifs soit du RN, soit du Président de la République ?
Ces conclusions conduisent à s’interroger sur l’avenir.
Il semble que le second tour des législatives sera essentiel en ce qu’il donnera la majorité absolue au RN à l’Assemblée nationale, ou pas.
Dans le cas où le RN disposerait de la majorité absolue, il semble difficile d’imaginer un Gouvernement qui ne serait pas issu de cette majorité au risque d’être renversé au premier désaccord. La question qui se pose est donc de savoir qui le Président de la République appellerait au poste de Premier ministre. Le choix du leader du parti ayant gagné les élections est une option séduisante dans la mesure où ce choix placerait Jordan Bardella dont on sait l’inexpérience dans l’obligation de constituer un gouvernement, de procéder à une déclaration de politique générale, de mettre en œuvre un programme, de prendre en charge l’état dégradé de la France et de subir l’usure du pouvoir dans le contexte d’une cohabitation que le quinquennat visait à éviter. Mais le choix présidentiel pourrait tout aussi bien se porter sur un autre Premier ministre qui aurait alors à assumer une mission gestionnaire et de transition jusqu’à la prochaine élection présidentielle. Mais dans tous les cas de figure, un Gouvernement RN aurait incontestablement une obligation de résultats.
Dans le cas inverse où le RN ne disposerait pas de la majorité absolue, le Président de la République pourrait se résoudre à constituer un Gouvernement « d’extrême centre gauche », dont le chef s’appuierait tantôt sur la gauche, tantôt sur la droite pour faire aboutir son projet gouvernemental. Extrême centre et extrême gauche formeraient alors une coalition hétéroclite, alliance de circonstance destinée à placer le RN dans un isolement parlementaire à défaut d’avoir pu le contenir dans les urnes. Le RN serait alors confirmé dans son rôle de parti d’opposition jusqu’à la prochaine échéance électorale, et disposerait alors de temps supplémentaire pour élaborer un programme plus sérieux destiné à pallier en partie l’expérience de gouvernement qui lui manque, mais aussi pour rassurer les instances, nationales et supra nationales, qu’il n’est pas encore parvenu à convaincre.
André Murawski
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7 réponses à “Législatives 2024. La France fracassée ! [L’Agora]”
Tope la et cochon qui s’en dédit.
Hier aux actualités télévisées, un ancien Président, candidat à la députation nous annonce solennellement que les promesses ne pourront pas être tenues à cause de l’impérieuse nécessité de faire face à l’extrême droite.
Soit, mais les électeurs ne doivent pas oublier ce qu’il est advenu des promesses qu’il avait faites pour se faire élire Président alors qu’il avait la majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Il fut un temps, pas si lointain, où en France les négociations se concluaient par un tope la et un verre à l’un des débits de boissons de la place du village.Il était impossible de se dédire et de manquer à sa parole sans risquer le déshonneur et l’ opprobre à vie.
Les gens avaient de la mémoire, la parole avait plus de valeur que l’écrit et la confiance en l’autre était un des rouages de la société. Aujourd’hui à l’heure du vivre ensemble, les valeurs sont inversées et il devient très difficile de savoir si votre interlocuteur est de bonne foi. Seuls compte la signature, les juges, les lois et la confiance en l’autre il n’y en a presque plus.
L’exemple venant du plus haut sommet de l’ Etat comment s’en étonner ?
Non, il n’y a pas trois blocs, antagonistes ou pas, depuis bien longtemps l’humanité est fracturée en deux, d’un côté les nantis qui tiennent tous les leviers du pouvoir et s’y accrochent comme le morpion aux poils du derrière, de l’autre le citoyen trop naïf (ou pire) qui continue à voter les premiers sans état d’âme et sans se poser de questions. Quand on est né mouton il y a peu d’espoir de changement, on reste majoritairement mouton !
Excellente analyse qui montre deux choses: le machiavélisme de Macron et la toxicité de l’article 4 de la constitution mettant les partis politiques, c’est à dire les divisions, voire les diviseurs, au-dessus du peuple.
Cela dit la classification droite et gauche, y compris extrême est fallacieuse en elle-même, cette tromperie éclatant au grand jour avec ces élections, puisque les programmes sont essentiellement les mêmes, seul le verbiage diffère: il n’y a pas de droite, et cela depuis la sinistre année 1793. En effet, la droite c’est la fidélité dans la liberté, l’audace dans la fidélité et la liberté dans l’audace, alors que depuis 1793 la seule réelle valeur de la caste politique c’est le lucre, celle de la classe technocratique étant la médiocrité.
Et s’il n’y avait, au fond, plus que deux France : celle qui veut rester française derrière les composantes de la droite patriote, et celle de ses adversaires mortels, qui se découvrent enfin ?
LFIslamiste et le chaos préalable à une révolution islamiste planétaire qui balaiera vite la stratégie des 1000 coups d’épingle actuelle, d’un côté. La France mondialisée, sorte de caravansérail multiculturel, avec une population lobotomisée, gavée de vaccins, de football, de PMU et de RMU, sorte d’entité géographique gérée par des technocrates new-yorkais et bruxellois éradiquant toute idée de Nation ou de Patrie, adorant Mammon, son propre reflet, ou le grand rien du tout à l’égo, de l’autre.
Par ce qu’il s’agit de la mise en œuvre du Plan, du grand reset et de l’Agenda 2030, avec ses deux ailes marchantes. Que LR s’est fracturé selon cette ligne de partage entre les zélateurs des sectes mondialistes (YL, YGL, Bilderberg, etc. : cherchez un peu…) et les patriotes, fiers de la vocation de la France, en bonne partie chrétienne.
Nous sommes bien confrontés à une lutte existentielle. Sans merci. Alors, faites comprendre ces alternatives à ceux qui vous sont chers.
Tope la (suite)
Plus que jamais d’actualité la chanson de Jacques Dutronc : »L’opportuniste ».
A visionner sur le net.
Comme tous les « progressistes », les tenants du « centre » ne reculent devant aucune vanité, aucune forfanterie, aucune prétention, se célébrant eux-mêmes comme le môle de la raison, de la responsabilité, de la dignité,… On a bien raison de les qualifier d’extrémistes, car mépriser les sentiments populaires, détruire la souveraineté (et donc la démocratie indirectement), faire de ses lois des transpositions de directives élaborées par des bureaux étrangers, recevoir sans retour des centaines de milliers d’illégaux, abolir les frontières, abandonner sa monnaie, se subordonner à une technocratie qui ne veut s’exprimer qu’en anglais (incompréhensible par la plupart des « citoyens »), dire tout et le contraire de tout pour ramener la politique à de la communication (qui fera le bonheur d’animateurs de télé bien payés pour gloser des heures sur le moindre communiqué, en attendant le prochain « signal » que les chefs voudront bien émettre), confier à un individu la pouvoir stupéfiant de régenter l’existence de plus de 60 millions d’autres personnes, confisquer plus de la moitié du produit du travail humain, interdire préventivement des réunions, rompre avec l’histoire nationale, etc., ça n’a rien de modéré, ni de tempéré!
Moi, je vais vous résumer simplement les choses : la politique, c’est la GAMELLE.
Comme le dit en commentateur, chacun cherche un fauteuil et veut s’y accrocher comme un morpion au poil du C**. Mais l’électeur intelligent (pas les moutons au cerveau lavé par le baratin) fait un choix : il vote pour un parti, ou bien vote blanc ou bien s’abstient. Dans le cas où il choisit un parti, il élimine celui qui lui paraît le plus pourri de tous avec une grosse composante d’enfoirés de frais, qui tueraient père et mère pour un poste, qui serrent des mains en se bouchant le nez, tout en préparant un couteau pour le planter dans le dos des amis de circonstance.
Vous voyez ce que je veux dire ?