Romain Petitjean est le coordinateur de l’Institut Iliade. Cet Institut a pour vocation la transmission des traditions de la civilisation européenne et la formation à la connaissance et sa défense. En 2024, lors du colloque annuel, l’Iliade a réuni près de 1500 personnes, l’affluence croît d’année en année. Différents intervenants participent à cette rencontre européenne, les Anglais de The European Conservative, les Italiens, Français, également les Allemands avec la conférence de Benedikt Kaiser et d’autres nations européennes, comme la venue d’une délégation corse et d’un effectif solide de Bretons.
Nous l’avons interviewé, pour inaugurer une série d’interviews que nous vous proposons en collaboration avec Breizh-Info et Freilich Magazin.
Breizh-info.com : Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis un père de famille installé en Bourgogne. Après des études d’histoire et d’anthropologie, j’ai fait ma carrière dans le monde du spectacle et de la culture tout en étant militant identitaire avant de prendre des responsabilités au sein de l’Institut Iliade dont j’ai participé au développement depuis sa création en 2014. En tant que païen, je suis tout particulièrement attaché à ma terre, mon peuple et ses traditions et me bat pour préserver la polyphonie du monde, c’est-à-dire conserver la diversité des langues, des couleurs, des dieux et des races, cela même que le système de la marchandise tente de faire disparaitre.
Breizh-info.com : Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste la mission de l’Institut Iliade et comment vous contribuez à transmettre les traditions de la civilisation européenne ?
La mission de l’Institut Iliade se déroule essentiellement dans le champ des idées. Notre vocation est effectivement la transmission d’un héritage, mais il s’agit surtout pour nous de participer au réarmement idéologique et éthique et à susciter le réveil des Européens. Nous ne cherchons pas à nous gargariser bêtement de notre histoire comme des conservateurs de musées mais à s’abreuver à la source pérenne pour continuer la grande aventure européenne. La tradition ce n’est pas le passé, c’est ce qui ne passe pas, disait Dominique Venner qui est à l’origine de notre Institut.
Ainsi l’Institut Iliade œuvre depuis 10 ans contre le Grand effacement de notre culture et de notre civilisation française et européenne, qui permet le Grand Remplacement ethnique de nos peuples.
Pour cela l’Institut Iliade mène un combat métapolitique à travers la formation de 150 personnes par an, l’édition d’une soixantaine de livres dans cinq collections, un colloque annuel réunissant près de 1500 personnes à Paris et un Pôle Etudes qui s’affaire à une « réforme intellectuelle et morale » de notre camp, sans oublier de nombreuses initiatives nées dans le giron de l’Iliade comme un raid motorisé, un portail de citations, un fonds d’investissement ou un incubateur de projets enracinés, le Nid
Breizh-info.com : Comment défendre et faire vivre l’héritage européen ?
Tout d’abord en se comportant en bon européen. La jeunesse, en partie engluée dans un monde glauque et sans idéal, fait face de très nombreux périls : le rouleau compresseur techno marchand qui tente de tout transformer en marchandise ou en niche commercial ; l’immigration afro-maghrébine qui martyrise notre jeunesse ; l’effondrement anthropologique avec des tendances de plus en plus fortes à l’auto-domestication, à l’affaissement physique et à l’androgynie.
Il faut donc forger un type d’homme inaccessible aux lubies du moment, un homme spirituel et assez fidèle et courageux pour défendre et faire prospérer notre civilisation au moment où les décontructeurs de l’intérieur et les colonisateurs de l’extérieur se donnent la main.
L’Iliade a pour responsabilité de tirer notre peuple vers le haut avec des modèles et des exemples forts et mythiques. Il faut reformer une aristocratie de corps et d’esprit.
Breizh-info.com : Quels sont les principaux objectifs que vous visez à travers les activités et les événements organisés par l’Institut, notamment le colloque annuel ?
Gagner la bataille des idées et renverser la table politiquement.
Cela passe par un travail métapolitique malheureusement boudé par les grands partis du champ électoral.
C’est pour cela que notre activité principale est la formation de cadres de la Renaissance européenne. Un homme formé en vaut trois et cela, c’est pour la vie. Se former, avoir une colonne vertébrale idéologique, donne une force tranquille en toute situation, cela permet d’avoir un discours cohérent et accessible, sans renier sa radicalité (l’approfondissement de ses racines), en toute situation, en famille, à l’université, au bistrot, dans la rue ou au travail. Nos sessions de formation sur l’histoire, l’histoire des idées, l’éthique de la tenue, la géopolitique, ou les idées non conformes y participent.
Il s’agit pour nous aussi d’imposer les termes du débat sur les grandes questions qui traversent notre société : Europe vs Occident, sécession vs reconquête, civilisation européenne vs civilisation judeo-chrétienne, localisme vs universalisme…
Pour cela nous avons différents outils, le colloque étant avant tout une vitrine de notre savoir-faire, sur le fond et la forme, mais l’essentiel reste bien le programme de la formation générale, ou nos publications comme les livres doctrinaux, notre Manifeste, Ce que nous sommes, Pour un réveil européen ou les Cahiers du Pôle études, de type universitaire.
Breizh-info.com : Comment expliquez-vous l’augmentation de l’affluence au colloque annuel de l’Iliade au fil des années ? Quels facteurs contribuent à cet intérêt croissant pour la transmission de l’héritage européen ?
Nous pourrions grandir encore mais nous sommes limités par la taille de la salle. Il faudrait une mobilisation encore plus massive de nos donateurs pour passer ce cap. Que tous ceux qui nous soutiennent déjà soient ici remerciés.
Le succès du colloque que nous tentons d’organiser comme un grand opéra européen tient à une approche globale : des interventions fruit d’une réflexion poussée d’universitaires et experts sur des thématiques parfois désertées par la droite comme l’écologie, l’anthropologie ou l’économie par exemple ; un soucis de l’esthétique, que ce soit dans le décorum ou la carte blanche que nous donnons chaque année aux artistes ou les moments musicaux proposés sur scène, puis bien sûr notre fonctionnement sous forme d’agora et de forum qui nous permet de réunir de très nombreux groupes soucieux de travailler ensemble, au-delà des chapelles partisanes…
Nous avons choisi un lieu qui marque par sa beauté faisant la synthèse des styles XVIIIe et Art déco, la Maison de la chimie, à quelques encablures des lieux de pouvoir. Symboliquement il faut rappeler que nous sommes chez nous et que la prise du pouvoir doit être dans la ligne de mire.
A l’occasion de la dernière édition, il y avait un très grand nombre de jeunes et beaucoup de nouveaux visages. Tout l’enjeu est de s’assurer que cette belle jeunesse ne se contente pas de témoigner et s’engagent dans le réel (faire un tweet ce n’est pas suffisant).
Breizh-info.com : Pouvez-vous nous parler des intervenants et des sujets abordés lors du colloque annuel de l’Iliade ? Quelle est l’importance de cette diversité d’intervenants pour promouvoir une vision européenne commune ?
Nous ne faisons pas de casting en nous demandant qui est connu ou parle bien. Nous menons au contraire une réflexion sur le fonds pour chaque thème (le déclin anthropologique, la nature comme socle, l’économie au service des peuples, la nécessité des frontières, l’univers esthétique des Européens…) et travaillons sur un corpus théorique et idéologique avant d’imaginer qui pourrait avec talent porter tel ou tel développement. Ce qui est aisé grâce au grand nombre d’universitaires et experts qui travaillent à nos côtés et prennent la parole au pupitre de la maison de la chimie : Baptiste Rappin, Christophe Reveillard, Olivier Rey, Pascal Gauchon, Michel Maffesoli, Alain de Benoist, Renaud Camus, Olivier Battistini, Julien Rochedy…sans oubliez les auteurs maison, notre président l’historien Philippe Conrad, Pierluigi Locchi, Lionel Rondouin, Jean-Yves Le Gallou, Thibaud Gibelin, Rémi Soulié, Olivier Eichenlaub, Henri Levavasseur, Fabien Niezgoda ou Bernard Lugan…
C’est le sérieux de nos analyses et de nos prises de positions qui permet de se démarquer dans un monde bourré d’anathèmes et de moraline.
Breizh-info.com : Comment l’Institut Iliade travaille-t-il avec d’autres organisations européennes ou nationales pour atteindre ses objectifs ?
L’Institut Iliade entretien un réseau européen conséquent notamment grâce à l’action de notre responsable des relations européennes, Pierluigi Locchi mais aussi plus naturellement grâce au soucis commun de groupe européens de travailler ensemble par-delà les frontières nationales.
Nos livres sont édités en Allemagne (JungEuropa Verlag), Espagne (Fides), Italie (Passagio al Bosco), Grande Bretagne (Arktos), ou en Norvège (Legatum Publishing) et nous avons déjà procédé à la traduction dans nos collections de textes importants venus de Hongrie, Italie ou Allemagne…Sans compter la participation régulière de nombreux orateurs européens dans nos colloques (Martin Sellner, Adriano Scianca, Benedikt Kaiser, Duarte Branquinho, David Engels, Javier Esparza, Ferenc Almassy…). Beaucoup d’entre eux ont d’ailleurs témoigné dans une vidéo produite à l’occasion de notre dernier colloque consacré à l’Europe
Il est certain que notre colloque inspire beaucoup ailleurs en Europe. Mais aussi notre façon de faire comme le prouve en Espagne la naissance de l’Institut Carlos V qui marche dans nos pas.
Breizh-info.com : En Allemagne, l’AfD commence à se faire une place politique, cela est notamment dû au travail des intellectuels allemand, comme Benedikt Kaiser, qui ont construit un véritable Vorfeld. L’iliade est l’institut qui entend aussi participer à cette base métapolitique, les partis français sont-ils sensibles au discours de l’Iliade ?
Nous effectuons un travail d’influence et d’argumentation théorique. Ce n’est pas toujours spectaculaire comme peuvent l’être des victoires électorales ou des actions d’agit-prop, mais pour nous, qui nous inscrivons clairement dans la bataille culturelle, les victoires métapolitiques se mesurent à l’aune de notre capacité à changer le vocabulaire, imposer des symboles ou briser des tabous. En l’espèce notre discours infuse depuis 10 ans : sur l’écologie enracinée, sur la critique du libéralisme philosophique, sur la complémentarité hommes femmes, sur la lutte contre l’effacement culturel et historique matrice du remplacement ethnique, sur la nécessité de la puissance européenne etc…
Nous retrouvons nos positions dans les programmes de certains partis opposés à la macronie ou dans les tribunes de journalistes en vogue. Le fait que de nombreux auditeurs formés dans nos rangs soit dans les cabinets ou élus au sein de ces partis, ou impliqués dans les médias, aident nettement à faire avancer nos idées.
Du point de vue de l’Iliade, tous les champs de bataille doivent être investis. Toutes les méthodes d’actions doivent être valorisées. C’est pour ça que nous avons une grande variété d’auditeurs (des ingénieurs, des autodidactes, des militants politiques…) et de projets personnels, que chaque stagiaire doit mener pour être distingué lors de sa formation (des textes, des associations culturelles, des créations graphiques…)
A la fin, ce qui compte c’est de proposer une alternative cohérente et radicale au système en place.
Breizh-info.com : Selon vous, comment peut-on s’inspirer du modèle allemand ?
Je connais bien l’Allemagne pour avoir vécu à Munich où j’ai fait mon année de recherche en anthropologie sur les fêtes populaires de la bière en Haute-Bavière, puis pour avoir travaillé en tant que producteur de spectacles à Cologne et Berlin.
L’Allemagne vit sous une chappe de plomb idéologique et la plupart des groupes identitaires sont infiltrés par la sécurité intérieur. Mais les choses bougent, et le succès de la chanson « Auslander raus » entonnée dans toutes les couches de la population à l’Est comme à l’Ouest a d’ailleurs récemment marqué les esprits.
C’est dans ce contexte très compliqué que travaille avec beaucoup de courage tout un réseau d’initiatives allant de la Nouvelle droite allemande, aux éditeurs et auteurs comme Philipp Stein et Benedikt Kaiser, aux activistes comme Martin Sellner, aux mouvements populaires comme Pegida, aux organisations de solidarité comme 1 Prozent ou aux médias comme le HeimatKurier qui contribuent à façonner le débat public en étant indépendants des partis afin de proposer des visions alternatives.
Breizh-info.com : Quelles sont les principales initiatives ou projets futurs que vous envisagez de mettre en place pour continuer à promouvoir la civilisation européenne à travers l’Institut Iliade ?
La pédagogie c’est l’art de la répétition. Notre discours est sain, clair, cohérent et surtout c’est une alternative radicale au système en place dont n’importe quel Européen voit les contradictions internes et la folie chaque jour. Tout cela finira par tomber et il faudra alors des hommes et des femmes bien formés, fidèles à leur héritage avec une claire vision de l’avenir.
Je vous invite à suivre l’Institut Iliade sur ses différents canaux et pour ceux qui le peuvent à nous soutenir financièrement.
Propos recueillis par Matisse Royer.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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