D’habitude, la Bretagne est volontiers légitimiste et soutient Emmanuel Macron et ses candidats. Changement de programme en juin 2024 puisque nous avons assisté au naufrage de la liste de la majorité présidentielle et au succès de celle des populistes. C’est particulièrement vrai dans les communes rurales dans lesquelles on peut parler de sanction de la politique gouvernementale et du Président.
La dernière semaine de campagne fut cruelle pour Valérie Hayer. Au vu des sondages portant sur les intentions de vote, tout le monde savait que les carottes étaient cuites pour la liste de la majorité présidentielle ; on lui donnait 16 % (Ipsos, échantillon de 11 430 personnes, Le Monde, mardi 4 juin 2024), 15,5 % (Ipsos, échantillon de 1 738 personnes, Le Parisien, vendredi 7 juin 2024), 15 % (Odoxa, échantillon de 1 808 personnes, Le Télégramme, vendredi 7 juin 2024). Pendant ce temps, Jordan Bardella était crédité, respectivement, de 33 %, de 32 % et de 32 %. Elle pouvait même craindre un croisement des courbes avec Raphaël Glucksmann, à qui les mêmes enquêtes accordaient 14,5 %, 13,5 % et 14 %. « Rien n’y fait. Ni l’implication d’Emmanuel Macron dans la campagne, ni le débat ultramédiatisé de Gabriel Attal avec Jordan Bardella, ni le comité de soutien de Jean-Yves Le Drian. Rien ne semble pouvoir sauver la liste conduite par Valérie Hayer (…) Chacun a ses raisons pour ne pas voter Valérie Hayer : l’immigration, l’insécurité, le pouvoir d’achat, les embardées en politique étrangère, la dette, la réforme de l’assurance-chômage …» (Challenges, 30 mai 2024).
Il faut sauver le soldat Hayer
« Le grand perdant de la séquence est Emmanuel Macron, le maître d’œuvre de la recomposition politique en cours qui ne parvient pas, malgré d’opiniâtres tentatives, à reprendre la main. » (Le Monde, mercredi 29 mai 2024). Alors, à trois jours du scrutin, le président de la République « jette ses dernières forces pour tenter d’atténuer la défaite que lui prédisent les sondages et réduire l’écart avec le Rassemblement national, qui fait la course en tête. » (Le Monde, samedi 8 juin 2024). On l’entend donc, dans l’entretien qu’il accorde à TF 1 et à France 2 (JT de 20 heures, jeudi 6 juin 2024), expliquer benoîtement : « Je suis à un moment où je veux convaincre. » « Et parler des européennes, c’est essentiel pour la vie du pays et le cours de la nation. Je pense que c’est mon rôle de le faire à la place qui est celle du président de la République. » Les choses sont claires : le « but » de son intervention est de « provoquer un réveil, un sursaut » pour «protéger la France » et « protéger l’Europe », c’est-à-dire barrer la route à l’adversaire clairement identifié qu’est le Rassemblement national.
Mais toutes ces bonnes paroles ne seront pas suffisantes pour que la liste de la majorité présidentielle remonte le courant. En Bretagne (5), Valérie Hayer arrive en troisième position (343 314 voix, 17,12 %), devancée par Raphaël Glucksmann (375 237 voix, 18,71 %) et surtout – humiliation suprême – par Jordan Bardella (496 742 voix, 24,77 %). Une comparaison avec les résultats des élections européennes dans nos cinq départements en 2019 montre l’importance de l’effondrement ; la liste « officielle » (LREM) conduite par Nathalie Loiseau y avait obtenu 458 542 suffrages ((25,62 %), tandis que Jordan Bardella se contentait de la troisième place (296 793 voix, 16,59 %). Le numéro deux s’appelait Yannick Jadot (EELV) avec 303 498 suffrages (16,96 %) et le numéro cinq Raphaël Glucksmann (138 180 voix, 7,72 %). De 2019 à 2024, en Bretagne (5), la macronie a donc perdu 115 228 électeurs, tandis que le Rassemblement national en gagnait 199 949.
Comment expliquer le faible résultat de Valérie Hayer ? Frédéric Dabi, directeur général opinion de l’Ifop, fournit plusieurs explications : « Hayer n’est pas responsable du mouvement très compliqué que connaît la liste du camp présidentiel. Sa faible notoriété n’a pas pu compenser cette envie de sanctionner la liste de la majorité, comme la droite avait été sanctionnée en 2004 et le PS en 2014. C’est le vote sanction qui a structuré la campagne de Valérie Hayer. Autre élément qui a rendu sa campagne difficile : de fortes incarnations comme Maréchal et Bardella. » (Le Journal du dimanche, 9 juin 2024). Certes Emmanuel Macron a essayé de donner un coup de main à Mme Hayer, mais il est probable que ses différentes opérations ont davantage desservi la liste de la majorité présidentielle qu’elles ne lui ont rendu service ; pour s’en rendre compte, il suffit de se reporter au niveau de l’approbation de l’action du président de la République : 32 % l’approuvent et 68 % la désapprouvent (Ifop-Fiducial, Paris Match, 6 juin 2024).
Avant le traité de Lisbonne, il y a eu le référendum sur le TCE
Bien entendu, d’autres éléments méritent d’être pris en compte. Ainsi Pascal Praud aborde la question de la construction européenne : « Valérie Hayer propose plus d’Europe à un peuple qui en veut moins. C’est audacieux. Nous ne sommes plus dans les années 1980 ou 1990. Madame Hayer répète que tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles en Europe comme Pangloss persuade Candide chez Voltaire. Il faut être gonflé pour suggérer une Europe omniprésente et omnipotente à des Français qui ont voté en 2005 contre le traité constitutionnel européen. Dysfonctionnements et désillusions de l’Union européenne n’éteignent pas le feu de madame Hayer. » (Le Journal du dimanche, 9 juin 2024). En même temps, Jordan Bardella bénéficie d’un courant porteur, comme l’explique Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégie d’entreprise de l’Ifop : « Plusieurs des préoccupations majeures de nos concitoyens se trouvent être en résonance avec des thématiques sur lesquelles le RN s’est positionné de longue date. Il en va ainsi du pouvoir d’achat. Au cours des deux dernières années, le prix des produits alimentaires a augmenté de plus de 20 %. Sur cinq ans, le tarif de l’électricité s’est envolé de 70 % (et un million de procédures pour impayés de gaz ou d’électricité ont été engagées en 2023, un record), le RN fustigeant à ce propos le mode de fixation des prix sur le marché européen de l’électricité. Le gasoil, carburant le plus usité dans la France périurbaine et rurale, qui constitue le cœur de l’électorat RN, s’affichait à 1,40 le litre en novembre 2018 au déclenchement de la crise des “gilets jaunes“, contre près de 1,9 euro aujourd’hui. » (Le Figaro, lundi 10 juin 2024).
Mais Valérie Hayer pourra se consoler en « bossant » en bonne entente avec « Glucks ». N’avait-elle pas annoncé la couleur au début de la campagne : « Avec Raphaël Glucksmann, on vote à 90 % de la même façon au Parlement européen. Il devrait être avec nous et il le sait. Il serait beaucoup plus efficace pour porter ses idées et avoir des résultats. » (Le Figaro, jeudi 29 février 2024). Rappelons qu’au Parlement européen – élu en 2019 – existait une majorité informelle constituée par la droite (Parti populaire européen), la gauche (Alliance progressiste des socialistes et démocrates) et les libéraux (Renew Europe) ; il n’y a pas de raison que cela change en 2024.
Bernard Morvan
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
6 réponses à “Elections européennes : Valérie Hayer a fait ce qu’elle a pu…”
Sincèrement, je ne vois pas ce que la Valérie Hayer peut apporter de plus à la Bretagne ?… Pour moi, le peuple est souverain, le peuple a parlé.
MACRON ET SA BANDE ne se rendent mème pas compte du rejet dont ils sont l’objet ! et on a encore rien vu , les vrais prpblèmes vont apparaitre lorsqu’il faudra boucler le budget 2025 ….et les fins de mois de tous ceux qui ne » sont RIEN « , et des » non vaccinés qu’il a décidé d’emmerder « …..En réponse aux 49.3…le peuple pourrait bien sortir l’article 5.56….
Quand on n’a pas toutes les frites dans le même cornet et cela se remarquait au premier coup d’oeil il ne fallait pas s’attendre à des miracles, elle s’était retrouvée assistante parlementaire car son père céréalier avait des fonctions syndicales en Mayenne! Sinon elle aurait fini employée de laiterie chez le duc de Mayenne Besnier!
Ces élections européennes ont permis aux Français d’exprimer leur désapprobation pour la politique menée par Macron, Valérie Hayer représentait »la majorité présidentielle »…Un sondage récent révèle que:69%des Français interrogés ne font pas confiance à Macron et 60% n’ont pas confiance dans notre premier ministre!…mais Macron ne veut toujours RIEN voir et ne sait que répéter que les électeurs de l’extrême droite sont tous des RACISTES,etc..il faudra lui acheter des lunettes!…
La France comme disait le General de Gaulle c’est la chienlit. Nous avons élu un président Emmanuel Macron avec 27 % de suffrages exprimés autant dire une minorité sans savoir qui était ce jeune technocrate sorti de nul part et ministre de l’économie en temps éclair. Despote orgueilleux dictateur égocentrique il s’énerve à chaque conférence de presse comme un enfant gâté. Il est sans enfants qui a eu des déboires sentimentaux à 18 Ans par une jeune folle de son âge. Il s’est rabattu sur sa professeurs de théâtre de 24 ans son aînée. C’est un signe de dévolu psychologique d’imposer son dictat facilement que des psychologues italiens ont très bien cerné et analysé comme un psychopathe passif. Bref il a ruiné la France en portant la dette à 4’200 milliards avec plus de 1’400 milliards en 6 ans de son actif. La France selon son PIB et son économie, ne peut absolument pas supporter et faire face à une pareille dette insolvable et ses intérêts de 75 milliards voire plus encore moins. La France n’en a pas les moyens, ni la capacité par la consommation de sa population, de plus vieillissante et une baisse de la natalité de 8,5 à 10 % qui va s’accentuer avec les déboires et l’insécurité économique du pays. Devant ce constat économique, sociologique, financier catastrophique sans appel, Mme Hayer n’avait aucune chance d’avoir plus de 15% de voix et encore avec le soutien de Mr Macron qui s’est investi en non droit pour arriver nul part.Le peuple français en a raz le bol à un point qui frise les 100 % puisque 94 % des communes ont mis le RN en premier. En conclusion avec notre dette les intérêts plus les pertes cachées et reportées aux exercices ultérieurs, les déficits récurrents (800 milliards cumulés en 6 ans de déficits du commerce extérieur). Nous ne sommes plus maître chez nous. Le dictat des créanciers et l’UE font leurs lois à notre place. En plus le plus désastreux la France a souscrit pour 210 milliards de dettes américaines irremboursables. Nous allons avoir un emprunt obligatoire comme la rente Pinay en son temps, un emprunt obligatoire ou presque, qui j’espère sera indexé au moins 3 points au dessus de l’inflation de pacotille citée à 2,7% donc un minimum de 5,5% de rendement net puisque l’inflation est à 45 % minimum. Autant dire nous sommes en faillite. Attention donc à la déclaration de la Chine hier, qui demande aux pays des BRICS de s’opposer à la guerre froide qui est en fait une guerre de l’économie financière contre le dollars. Ce jour le G 7 avait triste mine après l’annonce de la Chine. Ce qui sous entend un contournement à 100 % du dollars. Donc si le dollars monnaie de singe s’effondre nos dettes et l’euro couplés indexé au dollars soit tout l’occident font de même. Sachons voter intelligemment pour le redressement de la France dans la mesure du possible le 30 juin prochain, sinon on va tous être à la soupe populaire avec une dévaluation de nos économies de 40% en pouvoir d’achat (gaz et électricité transports et tout le reste) le cours de l’or en est témoin.
Je viens de jeter un coup d’oeil sur Histoires des catholiques en France…un gros livre, à partir de 1815 la Bretagne est légitimiste -suffrage censitaire et aussi refus de la conscription républicaine et bonapartiste- ensuite avec l’empire Napoléon III l’emporte ( surtout en Trégor) malgré une minorité royaliste et républicaine, chute de l’Empire et retour des tenants de la monarchie et aussi de la République…Ne jamais oublier que le seigneur du lieu écoute ses fermiers de façon générale donc transmets leurs doléances. J’ai souvent accompagné mon père qui était sollicité par le candidat MRP à la députation pour le présenter comme le meilleur candidat!