Répression contre la Tradition dans l’Eglise à Quimper. Elisabeth, catholique : « L’évêque ne peut rester éternellement insensible au désarroi des fidèles »

Elisabeth, mariée, 2 enfants, élevée dans la Foi catholique, son mari italien s’est converti à la Foi catholique à leur mariage et a été confirmé l’année passée avec l’abbé Courtois de la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre à Quimper. Elle s’exprime en amont de la manifestation du 16 juin 2024 à Quimper pour faire pression sur l’évêque Dognin afin qu’il maintienne en place les Abbés de Quimper et de Sainte-Sève.

Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous amené à la Foi catholique puis à la Tradition ?

La Foi catholique m’a heureusement été transmise par mes parents. Quimpéroise depuis une vingtaine d’années, j’allais à la messe à la cathédrale de temps en temps mais sans y trouver une véritable nourriture spirituelle. Ce n’était pas satisfaisant, j’étais bien souvent à deux doigts de tout lâcher. Nos enfants étaient scouts et quand il a été éventuellement question que l’abbé Courtois devienne leur aumônier (ce qui ne s’est malheureusement jamais fait…), le père Caill m’a expliqué que ça allait être une catastrophe qu’

un prêtre intégriste soit leur conseiller spirituel. Par curiosité et par soucis pour mes enfants, j’ai cherché à faire sa connaissance et là, ça a été une véritable révélation. Dès le dimanche suivant, nous étions en famille à St Mathieu et découvrions la messe en rite tridentin, et Dieu réellement à sa place au cœur de la messe.

Nous ne pourrions plus faire marche arrière tant cela nous a porté et élevé.

Breizh-info.com : Que pensez-vous des décisions récentes de l’évêque de Quimper ?

C’est l’incompréhension totale tant sur la forme que sur le fond. L’annonce par une lettre lue à la messe une semaine avant Noël est d’une violence sidérante. Nous nous sommes retrouvés devant le fait accompli à devoir obéir et valider une décision injuste et injustifiée. Nous ne comprenons pas et aucune raison valable et recevable ne nous a été donnée.

Les églises de St Mathieu et Ste Sève sont pleines et l’évêque devrait se réjouir d’avoir deux prêtres dévoués et disponibles pour les fidèles, qui remplissent les églises et font revenir à Dieu ceux qui s’en étaient éloignés. Au lieu de ça, il les exclue du diocèse et nomme 12 prêtres diocésains déjà surchargés pour venir nous dire la messe à tour de rôle. Messe qu’ils ne connaissent pas et qu’ils doivent apprendre en un temps record. Il nous retire le catéchisme, la formation pour adultes, les messes en semaine, les sacrements (baptême, communion, confessions, mariage, sacrement des malades, obsèques), le Tridum Pascal, etc et nous demande bien gentiment de rentrer dans le rang et de nous investir dans les paroisses. In fine, il nous retire toute dimension pastorale et espère voir disparaître doucement mais sûrement la Tradition du Finistère.

Breizh-info.com : Pourquoi est-ce important pour vous de maintenir les prêtres de la Fraternité ?

S’il n’y avait pas eu la Fraternité Saint Pierre, mon mari, mes enfants et moi-même, nous ne serions pas ce que nous sommes devenus et aurions certainement cessé toute pratique de notre foi catholique.

La messe en rite tridentin a traversé les siècles et a gardé sa colonne vertébrale et sa dimension eucharistique. Dieu est à sa place, au centre de la messe. Le prêtre ne nous tourne pas le dos, il est dans le même sens que nous, tourné exclusivement vers Dieu. Tel un berger, il nous guide et nous élève.

Il s’efface pour laisser la place au Seigneur, c’est là toute la grandeur de son humilité !

Les abbés nous aident quotidiennement à approfondir notre foi et à la redécouvrir. Ils ont un souci permanent de l’élévation de l’âme des fidèles qui leur sont confiés.

Ils enseignent aux enfants à devenir de vrais enfants de Dieu par un catéchisme riche et profond. A leurs parents, ils apprennent ou réapprennent à se comporter en chrétien, dans le mariage, le célibat ou le veuvage. Ils aident les étudiants et jeunes pro à avoir les bons discernements face aux dérives de notre monde et à les affronter sereinement.

Sans compromis mais avec espérance et miséricorde, ils nous raffermissent dans nos vocations d’état de vie et consolident notre Foi. Avec eux, nous devenons de vrais soldats de Dieu. Ils sont des guides dans les épreuves de la vie et dans la tempête civilisationnelle. Ce sont les gardiens de nos âmes.

Breizh-info.com : Quelles seraient la différence avec les nouveaux prêtres annoncés ?

Plus de catéchisme, et ce pour toutes les générations, plus de sacrements, plus de vie de communauté, plus de pasteurs. La différence est claire, on perd tout !

La nouvelle organisation proposée par l’évêque exclut la possibilité d’une vie de communauté avec un berger qui connaît ses brebis. Plus aucune pastorale ne nous sera proposée, si ce n’est celle du diocèse qui, de par son manque d’épaisseur, vide les églises.

Un prêtre qui ne viendrait nous dire la messe qu’un dimanche sur quatre, ne pourra pas connaître ses fidèles et s’en occuper correctement. C’est une église low cost où la qualité n’est plus la priorité. Cette situation n’est acceptable pour personne.

Si les abbés ont l’impression qu’on leur retire leurs enfants, nous nous perdons des guides spirituels.

Breizh-info.com : La mobilisation ne semble pas payer pour le moment. Comment faire plier l’évêque selon vous ?

L’évêque ne peut rester éternellement insensible au désarroi des fidèles. Il a fait la sourde oreille aux 300 catholiques finistériens attachés au rite tridentin venus manifester le 5 mai devant l’évêché, nous redescendons dans la rue le dimanche 16 juin en espérant qu’il nous entende enfin.

Nous ne lâcherons rien. Nous avons le devoir de tout faire pour le maintien de la Tradition en Finistère, pour nos âmes et celles encore plus précieuses de nos enfants. Comment pourrions-nous les regarder dans les yeux sans avoir tout tenté pour sauver ce trésor qu’est la Tradition et que nous devons leur transmettre, comme nous l’ont transmis les générations précédentes ?

A l’heure où la France découvrait ou redécouvrait la Tradition via la messe du pèlerinage de Chartres sur CNews, Monseigneur Dognin écrivait une nouvelle lettre pour chasser toujours un peu plus la Tradition du diocèse (cette fois Brest est aussi concerné). Quelques jours plus tard, le diocèse retweetait un message de Place Publique, parti politique de Raphaël Glucksmann sur l’accueil des LGBT.

Ne marcherait-on pas un peu sur la tête ? Les LGBT oui mais les tradis, surtout pas ?

Quelle image déplorable l’évêque donne-t-il de son diocèse à la France entière !

Dans ces conditions, c’est l’évêque lui-même qui nous pousse à rentrer en résistance ! Ce que le pape autorise , Monseigneur Dognin le rejette. C’est inadmissible ! Nous réclamonsle respect de la liberté liturgique

Comment expliquez-vous le silence de la direction de la Fraternité Saint Pierre qui aide peu les fidèles ?

Nous ne nous l’expliquons pas, nous le regrettons… Le saint Père a conforté la Fraternité Saint Pierre dans son charisme propre, ce qui me semble-t-il, leur donnait le droit de défendre leur place au sein de l’Eglise de France. Son manque de communication à ce sujet reste un mystère pour nous

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine