Pour comprendre l’événement, il faut se reporter au 18 septembre 1939, se mettre du côté des Polonais après la chute de Varsovie… La guerre était déclarée depuis seulement le 1er septembre de cette tragique année. Si résistance il y avait, elle ne pouvait se situer que du côté ouest, face aux Allemands nazis, du côté où la guerre avait été ouverte. Mais, contrairement à ce qu’ils escomptaient, les « débris » de l’armée polonaise étaient en train de se faire posséder…
En marchant sur Tarnopol (encore en Pologne en 1939), la dernière ville avant l’Ukraine, ils se racontaient comment ils s’étaient retrouvés à des milliers, hagards et héberlués… Pourquoi Tarnopol plutôt que s’arrêter à Lvov (encore en Pologne en 1939) ? Parce que les Russes étaient « neutres » et qu’il fallait les appuyer, leur offrir un mur avec le dos afin d’assurer ainsi l’assise à la contre-offensive. Mais les circonstances très ambiguës de la rencontre Pologne-URSS ne permettaient pas à l’espoir de se transformer. Ils avaient tous été piégés, vaincus par le langage de la fraternité… Le 18 septembre, les « débris polonais » avaient ressenti comme un flottement à l’avant (qui était aussi leurs derrières). Une rumeur était montée, comparable à celle qui précède un roi ou le passage des coureurs du Tour de France. Et le premier tank russe était apparu.
— Nous ne sommes pas vos ennemis, nous ne sommes pas des Allemands… nous sommes des Slaves-comme-vous… Il n’y a rien à craindre, avait lancé un haut-parleur. L’engin, juché sur un camion selon certain, sur un tank selon les autres, parlait le polonais comme le russe. Et puis aussi l’ukrainien. Il débitait son texte sans se rendre compte que les Slaves-comme-nous ne comprenaient pas ses intentions « fraternelles ». Car les tanks des Slaves-comme-nous s’étaient soudainement déployés en braquant leurs canons courts…
— Je suis le commandant Pavlov… Envoyez-moi quelques officiers comme porte-paroles… Ils avaient tous été saisis par cet ordre. ça leur avait réchauffé de vieilles habitudes. Ils avaient cherché à se rendre présentables. Les sous-off’ s’étaient agités… mais les simples marcheurs les avaient envoyés se faire voir. Après cinq minutes de parlote au plus haut niveau, un capitaine avait été désigné. Il était rentré chez les loups en agitant son mouchoir blanc — sale — et on l’avait attendu. On l’attendait encore, apparemment, puisqu’on le cherchait partout dans le camp… Sa voix seule, au bout d’un quart d’heure, était ressortie par le haut-parleur. C’était une proclamation, une citation à l’ordre de l’armée…
— Officiers, sous-officiers, soldats…
En bref, la voix du capitaine disait que l’Armée rouge n’était là que pour protéger les Polonais des Allemands, ennemis des Slaves et de toute la race humaine. Ce qui revenait au même. Comme il n’y avait plus de gouvernement polonais, plus de commandement polonais, il fallait se joindre aux forces armées soviétiques. En attendant de recevoir des ordres, le commandant du détachement de l’Armée rouge les priait de déposer leurs armes « là-bas, le long du bâtiment blanc » et d’en faire deux tas : celui des pistolets et celui des fusils. C’est alors qu’il y eut un coup de feu. Tout le monde l’entendit… C’était un officier de lanciers qui se brûlait la cervelle. Puis chacun avait pleuré, gémi, vomi, serré les poings ou seulement les dents. C’était selon… Et les tas d’armes avaient grossi. Celui des pistolets comme celui des fusils. On n’aurait jamais pu croire qu’il y eût autant d’armes encore utilisables. Le long du « bâtiment blanc », ils avaient rencontré une impressionnante alignée de mitrailleuses menaçantes, ce qui fit naître de la perplexité. Mais, se souvenant de la guerre de 1920, ils avaient cru que tout allait s’arrêter là. Il ne s’était rien produit… sinon qu’ils avaient défilé dans Tarnopol. Entre deux haies de « nouveaux Ukrainiens » muets et graves. Les Slaves-comme-eux les avaient enfermés dans un enclos près de la gare, les officiers d’active et les officiers de réserve qui, au civil, étaient professeurs, magistrats, journalistes, intellectuels, artistes… Le lendemain, leur remettant à chacun un pain et un hareng, ils les avaient embarqués dans des trains… vers Smolensk, Katyn et autres lieux.
MORASSE
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4 réponses à “Pour comprendre les effets du Pacte Hitler – Staline de 1939…”
Article impressionniste, propre à faire pleurer les Margot, s’il en existe encore
Mais c’est oublier :
– la mégalomanie polonaise qui s’exprimait à plein depuis 1919
– le tyrannie polonaise à l’encontre des Ukrainiens et des Biélorusses, orthodoxes et uniates, depuis 1921 (le Traité de Riga, après la Guerre Polono-soviétique déclenchée par les Polonais, avait offert au gouvernement polonais beaucoup de territoires peuplés de non-polonais)
– le fait évident pour tout le monde que les Soviétiques seraient heureux de prendre leur revanche de leur défaite de 1921 et de reprendre possession de territoires de l’ex-Empire tsariste
– le mépris des Polonais pour les autres Slaves (Russes, Ukrainiens, Biélorusses, Slovaques) et leur haine des Tchèques
à quoi pouvaient-ils s’attendre après leur politique folle depuis la fin de 1918 ?
Vous racontez l’histoire, fidèle au narratif admis. Les liens durables des anglo-saxons avec Hitler, la colonisation de l’Europe par l’oncle sam, le faux procès de Nuremberg, les pro nazis et la construction de l’union européenne, la scission ideologique avec l’URSS….. absents.
Bien sur cette événement comme bien d’autres mettant en scène les russes et leurs copains du parti national-socialiste des travailleurs Allemand ; les partis de gauche Européens ne veulent pas en entendre parler , pourtant c’est la triste réalité ; les gauches de 1936 sont belle et bien responsable a 100% des événements qui vont suivre ensuite, entrainant la destruction , la mort de milliers de personnes sur le continent Européen avec en corollaire la monté en puissance de l’impérialisme Américain tant dénoncé par ces mêmes parti de gauche actuellement.
le parti communiste français a tout fait pour faire ignorer sa collaboration avec les nazis pendant deux ans