Voici un point sur les élections en Catalogne, avec différents articles synthétisés pour vous permettre, chers lecteurs, de mieux comprendre la situation.
Après plus d’une décennie d’instabilité politique et de subordination de la gestion des problèmes quotidiens des citoyens à une autodétermination conflictuelle avec l’Etat central, la société catalane réclame le retour à la normalité institutionnelle.
Les élections régionales catalanes ont confirmé la tendance déjà observée lors des dernières élections générales : la chute du soutien populaire à l’autodétermination. La grande majorité des citoyens de Catalogne ont clairement exprimé, comme l’indiquaient les sondages, que la voie vers l’indépendance n’était plus une priorité. Sans aucun doute, après plus de dix ans d’instabilité politique et de subordination de la gestion des problèmes quotidiens des citoyens à la poursuite d’un projet d’autodétermination unilatérale, la société catalane réclame le retour à la normalité institutionnelle et la prise en charge des problèmes graves qui la touchent, de la santé à l’éducation, en passant par l’immigration de masse qui affecte la sécurité de ses villes et villages.
Dans ce contexte, le Parti des Socialistes de Catalogne (PSC) de Salvador Illa a raflé la mise, bien que moins nettement qu’en juillet dernier, et que les deux partis de centre-droit constitutionnaliste, le Parti Populaire (PP) et Vox, forment un bloc important au futur Parlement, avec près de 600 000 voix, 26 députés et 18 % des suffrages. Cela s’explique en grande partie par les excellents résultats du PP dirigé par Alberto Núñez Feijóo, qui a gagné pas moins de douze sièges supplémentaires, la plus grande augmentation de toutes les forces politiques, et également par la consolidation de la base électorale de Vox.
On pourrait objecter que ces électeurs ne sont pas interchangeables et que les programmes et discours politiques représentent des visions différentes. Cependant, il est également vrai qu’il s’agit de deux partis d’envergure nationale, opérant dans le même spectre idéologique que la droite nationaliste, qui défendent sans équivoque l’idée d’une Catalogne espagnole. En fait, l’ampleur de la défaite globale du mouvement souverainiste est telle que, même en additionnant les sièges des quatre partis indépendantistes, y compris le parti xénophobe Aliança Catalana qui entre au Parlement avec deux sièges, ils n’atteindraient pas une majorité nationaliste pour gouverner la Generalitat. Même une alliance avec les Comuns/Sumar ne suffirait pas.
Une grande partie de ces mauvais résultats repose sur Esquerra Republicana de Catalunya (ERC). L’actuel président de la Generalitat, Pere Aragonès, qui a décidé d’anticiper les élections sous la pression de ses partenaires de Junts, a perdu près de 200 000 voix et treize députés, qui se sont répartis entre les socialistes et les partisans de Carles Puigdemont. ERC paye le prix d’une politique difficile à comprendre par les nationalistes catalans : soutien du gouvernement socialiste espagnol à Madrid tout en gouvernant la Catalogne avec un nationalisme se limitant à des phrases creuses.
Le Parti Populaire quintuple son nombre de députés en Catalogne et décroche quinze sièges
Les populaires deviennent la quatrième force au Parlement et garnissent leur cagnotte de 232 000 voix supplémentaires. Après près d’une décennie de traversée du désert, le Parti Populaire voit de nouveau la lumière en Catalogne. Sous la conduite d’Alejandro Fernández et Alberto Núñez Feijóo, les populaires ont frappé fort sur l’échiquier politique et ont obtenu quinze sièges, soit cinq fois plus que les trois députés obtenus lors des élections précédentes en 2021. De plus, ils ont gagné 232 000 voix supplémentaires, atteignant les 340 000 voix et se positionnant comme la quatrième des huit forces parlementaires présentes au Parlement.
Las patron du PP, Feijóo s’est fortement impliqué dans la campagne électorale et a été très présent au cours des deux dernières semaines aux côtés d’Alejandro Fernández, le chef régional de cette formation. En effet, le leader populaire a participé à plus d’une dizaine de meetings, et ensemble, Feijóo et Fernández ont réussi à transformer leurs différences politiques en un atout électoral. Ainsi, lors des débats électoraux, certains rivaux ont tenté de discréditer Alejandro Fernández avec ces écarts, mais le leader du PP catalan a choisi de l’utiliser pour revendiquer la pluralité au sein du parti, par opposition à la « génuflexion » que d’autres formations montrent envers leur leader, en faisant référence au socialiste Salvador Illa avec la premier ministre Pedro Sánchez.
Vox résiste à la montée du PP et maintient ses résultats avec onze députés
Le candidat de Vox, Ignacio Garriga, a exprimé sa gratitude envers les plus de 250 000 Catalans qui ont choisi de voter pour son parti. Il a précisé que « ces trois années d’opposition ne seront rien comparées aux quatre à venir, qui donneront de l’espoir aux Catalans ».
Cependant, le parti de la droite libérale espagnoliste n’a pas réussi à décrocher la quatrième place aux élections catalanes, se classant derrière le PSC, Junts, ERC et le PP. Santiago Abascal, présent à Barcelone aux côtés de son candidat le soir des élections, a commencé son discours avec une pointe d’ironie : « On dirait que nous ne sommes pas encore morts. Il semble que tuer Vox ne soit pas si facile. »
Lors des élections de 2021, Vox faisait son entrée au Parlement catalan avec onze députés : sept à Barcelone, deux à Tarragone, un à Lérida et un à Gérone. Ces chiffres se maintiennent et montrent même une augmentation de 10 % de l’intention de vote.
Vox voit dans ces résultats un « rayon d’espoir » pour l’Espagne, car « contrairement aux précédentes élections, le séparatisme a reculé et Vox s’est consolidé en Catalogne ».
Vox a choisi l’insécurité comme thème central de sa campagne pour se démarquer des autres partis, notamment du PP, qu’ils n’ont pas hésité à attaquer durant cette période électorale. Dans les jours précédant les élections, Santiago Abascal a accusé le PP de collusion avec les partis séparatistes.
Lors de son discours, le leader de Vox a rappelé les résultats précédents de son parti et les prévisions des sondages : « Contre toute attente, Vox a augmenté en voix et en pourcentage en Galice, au Pays basque et en Catalogne. Vox augmentera lors des prochaines élections européennes et à chaque nouvelle élection, » concluant que « nous avons déjoué tous les pronostics. »
Aliança Catalana, la droite indépendantiste identitaire, fait son entrée au Parlement
L’une des figures marquantes des élections régionales catalanes a été Sílvia Orriols. Maire de Ripoll, elle dirige Aliança Catalana, une formation de la droite indépendantiste identitaire dont les orientations idéologiques sont comparables à Reconquête d’Eric Zemmour ou à Mossa Palatina de Nicolas Battini. Un peu en deçà des pronostics, ce nouveau parti fait son entrée pour la première fois au Parlement avec deux députés et 3,8 % des suffrages.
Les députés identitaires ne devraient pas jouer un rôle déterminant dans la formation du gouvernement, car les forces indépendantistes n’ont pas la majorité nécessaire et, en cas de possibilité d’accéder au pouvoir, elles ont affirmé qu’elles ne pacteraient pas avec Aliança Catalana.
La candidate a suivi le dépouillement des élections de ce dimanche depuis le siège de son parti à Ripoll (Girona). Après les 45 premières minutes de décompte, Orriols a partagé un message sur ‘X’ (anciennement Twitter) repris par Europa Press : « Alea jacta est ».
La maire de Ripoll a obtenu une large majorité dans sa localité, remportant 33 % des voix, soit onze points de plus que Junts, la deuxième formation.
Dans ce sens, Aliança Catalana s’est également imposée dans les communes de Les Lloses (35 %) et Gombrèn (25 %), dans la province de Gérone.
Orriols a finalement comparu devant les médias pour commenter les résultats, bien que le parti ait interdit l’accès des journalistes à son siège, les obligeant à travailler depuis la rue. « Nous allons continuer à travailler pour obtenir une percée encore plus grande lors des prochaines élections », a souligné la candidate, remerciant les 108 000 Catalans qui ont voté pour eux.
Les chiffres parlent. Les constitutionnalistes rassemblent 68 sièges et 1,462 millions de voix. Les nationalistes avec l’extrême gauche 67 sièges et 1,527 voix. Les socialistes ne peuvent accéder au pouvoir qu’avec le soutien des nationalistes et il est fort à parier que Junts avec Puigdemont à sa tête va faire monter les enchères au plus haut. Au delà des calculs politiciens sur le pouvoir à Barcelone, les formations nationalistes doivent faire leur examen de conscience face à l’échec cinglant qu’ils viennent d’enregistrer et aussi avec l’entrée de la droite identitaire catalane au parlement.
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7 réponses à “La Catalogne s’éloigne de la voie indépendantiste”
La souveraineté c’est la sortie de l’UE, l’OTAN, l’Euro (BCE) etc. La dislocation d’un pays en régions « autonomes » est un leurre afin de dévitaliser une nation.
Article très confu.
Pour qui connait l’ESpagne, il est facile de comprendre que cette idée de séparatisme ou de projet d’autodétermination unilatérale de la Catalogne est un leurre. Mis à part leur dialecte, sans Papa et Maman, c’est à dire le Pays et Madrid, c’est la ruine de la Catalogne. Tout le reste ne sont que boursouflures de politiciens vereux en recherche d’un avantage personnel, fiduciaire la plupart du temps.
Un tableau aurait mieux valu, mais peut-être qu’il fallait noyer les poissons ? Hélas, on attendra la presse nationale pour se faire une idée…
Enfin quand la nation elle-même travaille à sa disparition…
Les Nations-Provinces sont la mauvaise conscience des Etats-Nations. Ces derniers sont en train de subir le même sort que celui qu’ils ont jeté sur les premières.
Foutu pour foutu, autant revenir le plus vite possible à la base.
Qui a dit que Puigdemont avait perdu? son parti a encore plus de sieges qu’avant et il est impossible de former un gouvernement sans eux.
Dans la théorie, on devrait respecter « Le Droit des Peuples à disposer d’eux-même ».
En pratique, c’est autrement plus compliqué: Les régions riches comme la Catalogne pensent pouvoir assumer leur indépendance et s’exonérer ainsi de la solidarité avec les régions plus pauvres qui elles ont intérèt à préserver l’Etat Providence.
Nos anciennes colonies poussées par « le vent de la décolonisation » d’après guerre inspiré par les etats marxistes sont devenues « indépendantes » sauf qu’elles ne sont pas autonomes et incapables de se gérer: incompétence en matière de développement, corruption, démographie non controlée…Au point qu’elles ne cessent de demander de l’aide à leurs anciens colonisateurs (Aide Publique au Développement) 15 Mds€ en 2022 pour la France…Mais celà ne suffit pas, et les habitants des pays du tiers Monde ont trouvé plus rentable de s’inviter fusse clandestinement, en Europe, et ça marche !
On peut concevoir une large autonomie de fonctionnement au sein de Nations pour des régions soudées depuis des siècles par un fond commun civilisationnel et religieux comme en Allemagne, Italie, Espagne…mais on est pas à l’abri de tentations séparatistes dès lors qu’une autre civilisation et/ou religion se considère majoritaite dans des territoires de l’Etat, et là, ça devient plus compliqué comme dans nos quartiers de « non-droit ».
En ce moment, alors que d’immenses menaces pèsent sur l’Europe (immigration massive, volonté de conquète des Musulmans, guerre intra-Européenne Russie/Ukraine, il est urgent de ne pas fragiliser l’unité des Nations.