Ils sont plus de 100 000 à grandir sans leurs parents en Roumanie, et probablement encore plus en Bulgarie. Élevés par une tante, une grand-mère, un voisin, où parfois placés en orphelinat. Leurs parents sont partis à la conquête de revenus plus attrayants, en Italie, en Allemagne, en France, à l’Ouest. Ces enfants sont les victimes de cette Europe pourtant tant vantée pour panser les plaies de la fracture Est/Ouest. L’immigration intra-européenne aussi fait des dégâts. C’est un sujet de premier plan en Europe de l’Est, où le dilemme de l’émigration vers l’Ouest est un sujet traversant toutes les familles, mais quasiment inconnue en Europe de l’Ouest.
Le roman de Zoltán Böszörményi, dont la traduction française, Le temps long, récemment parue aux éditions du Cygne vient pallier à ce manque d’intérêt pour ce sujet. Originaire d’Arad en Transylvanie, Böszörményi est issue de la minorité hongroise de Roumanie et connaît parfaitement cette problématique de l’opposition Est/Ouest et des drames qu’elle peut impliquer ayant quitté sa terre natale pour le Canada sous l’ère Ceaușescu.
L’auteur se met dans la peau d’une fillette dont la mère est partie en Italie pour gagner sa vie, probablement en se prostituant, bien que cela ne soit que suggéré dans le roman. Ballotté d’une mère d’adoption à l’autre, cette fillette attend désespérément sa mère, souffre profondément et finira par se laisser mourir sur un lit d’hôpital, rongée par une violente anorexie.
Böszörményi a connu cette fillette, il a suivi sa trace et en a tiré de la matière pour un reportage sur un sujet de société à dimension internationale. Il en finalement produit un roman afin d’aller au plus près de la douleur de cette jeune fille et de mieux toucher le lecteur. À quelques semaines semaines des élections européennes, la lecture de ce roman permet de poser un regard nouveau sur les conséquences de cette Union européenne, que l’on vante pour sa capacité à avoir mis fin à la guerre sur le vieux continent mais qui n’en finit plus de fracturer les Européens.
Zoltán Böszörményi, Le Temps long, Éditions du Cygne, Paris, 2023
Chronique de Jean Marnier
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4 réponses à “Chronique littéraire. Le Temps long, par Zoltán Böszörményi – Cette Europe qui brise ses enfants”
ILy a quelques années , faisant mes courses, je suis tombé sur deux ukrainiens( 35/40 ans) , travaillant pour une entreprise anglaise , en France !…. Nous avons parlé du pays , de la famille , j’ai vite compris que ces deux pauvres types n’étaient pas là de leur plein gré , que c’était des gagne petit et que leur sort s’apparentait à une forme d’esclavage , des vies brisées , dont seule profitait l’entreprise anglaise
Ce sont toujours les enfants qui paient les errances des adultes…que ce soit dans les guerres ou l’immigration économique qui voit arriver des bateaux remplis à craquer mais avec peu de femmes et enfants. Ces hommes qui fuient leur pays laissent leur progéniture se débrouiller et le regroupement familial…..La plupart sont d’obédience religieuse islamique radicale alors les droits des femmes ne sont pas la priorité et les enfants sont les victimes collatérales de ces migrations débordantes.
le nouvel eldorado en europe s’avère être un nouvel esclavage qui ne dit pas la réalité
Gamin j’avais une masse effrayante de tantes et de très rares tontons qui venaient me chercher chez ma grand-mère pour me promener…avec le temps j’ai appris que toutes ces tantes s’étaient retrouvées veuves, époux perdus en mer et une famille dominante avait récupéré ceux qui lui étaient proches et au delà de la famille, de la Famille on avait la GENS au sens latin!De quoi armer un cotre pour faire la guerre de course à l’Anglois!!!