24/10/2013 – 11H30 Josselin (Breizh-info.com) – Alors que près de 900 salariés de Gad vont être licenciés à Lampaul-Guimiliau, Saint-Martin-des-Champs ou Saint-Nazaire, l’entreprise embauche des intérimaires roumains à Josselin, dans le Morbihan, pour combler le manque de main d’oeuvre sur place.
Une tendance à l’emploi de main-d’oeuvre étrangère, de plus en plus forte en Bretagne, au détriment des travailleurs bretons, mais également de ces Roumains qui viennent, sans leurs familles, loin de leurs racines, uniquement pour travailler avec acharnement, et surtout dans un contexte flou concernant l’application du droit du travail. Sur le plan salarial tout d’abord, bien que GAD affirme que les salariés roumains coûtent le même prix que les salariés français – mais alors pourquoi faire appel à de la main-d’oeuvre roumaine dans une région à plus de 10 % de chômage ? – il semblerait que « pour un euro de salaire versé, avec les charges patronales cela correspond à 1,8 euro en Roumanie, 2,1 en France » déclare un patron de boîte d’intérim au micro de France 3.
Sur le plan social et humain ensuite. Les salariés roumains vivent à plusieurs, entassés dans des logements, dans des conditions précaires. Ne maîtrisant pas la langue française, leurs contacts avec la population locale se réduisent au minimum. Joint par téléphone, un salarié de Gad à Josselin témoigne : « Cela fait plusieurs années que des Roumains travaillent avec nous. On a l’impression qu’ils ne sont ici que pour faire de l’argent et partir, car ils ne cherchent pas à s’intégrer. Mon fils de 23 ans qui est actuellement au chômage après avoir travaillé dans d’autres abattoirs, a récemment fait un entretien d’embauche et n’a pas été embauché. C’est scandaleux. Ils sont en train de monter les gens les uns contre les autres. »
Cette question des travailleurs européens en déplacement en France, se pose aussi avec acuité aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire, dont les sous-traitants ont recours à de la main d’œuvre étrangère. La Loire-Atlantique fait d’ailleurs partie des 10 départements qui concentrent l’essentiel des détachements des travailleurs de l’Union européenne.
Ayant bien conscience du problème – et du risque que cela présente pour son parti -, Yannick Vaugrenard, sénateur (PS) de Loire-Atlantique, est intervenu à la tribune de la Haute Assemblée, le 16 octobre dernier, pour évoquer « le dumping social qui met les travailleurs en concurrence, renforçant le sentiment nationaliste et de repli sur soi ». Pour l’élu socialiste « les travailleurs détachés doivent bénéficier de l’attention soutenue à laquelle ils ont droit, c’est notre devoir d’y veiller scrupuleusement, évitant ainsi par là même une concurrence déloyale avec les salariés du pays d’accueil. C’est le devoir de l’Europe, ajoute M. Vaugrenard, que de veiller au respect du droit des travailleurs partout où ils exercent. C’est également son devoir que de lutter, avec les moyens nécessaires, contre le dumping social. » Belles paroles, qui traduisent en réalité l’impuissance de la classe politique face à Bruxelles. Il est peu probable en outre que le sénateur Vaugrenard soit entendu. Soumise à la doxa libérale mondialiste, ce n’est pas demain que l’Union européenne prendra des mesures efficaces contre le dumping social.
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