On connaît la première préoccupation des dirigeants de la Région des Pays-de-la-Loire : travailler à la construction d’une identité artificielle. Jusqu’à ce jour, pour les associations bretonnes, elle faisait le service minimum. Désormais, elle sucre les subventions ; plus question de verser 8 000 euros à Datsum 44, plus question de verser 4 000 euros à l’Agence culturelle bretonne de Nantes, plus question de verser 5 000 euros au centre culturel breton de Saint-Herblain. D’où une économie annuelle de 17 000 euros. L’argument étant que la Région a « recentré sa stratégie culture et patrimoine, votée en 2022, autour de projets à dimension régionale » (Presse Océan, samedi 2 mars 2024). Evidemment, les associations bretonnes de Loire-Atlantique n’ont pas l’ambition d’avoir une « dimension régionale » Pays-de-la-Loire. Un autre reproche leur est adressé : elles bénéficient d’« une faible visibilité au niveau régional ». Personne ne le contestera. Pour compenser, les Pays-de-la-Loire préparent la création d’une Maison régionale des patrimoines vivants en Vendée pour l’été 2025. L’investissement prévu est de l’ordre de 3,2 millions d’euros dont un million pour la Région.
Dans un courrier adressé au président de la République, Yvon Ollivier, président de l’association culturelle Koun, rappelle que « par la charte culturelle bretonne de 1978, l’Etat français a reconnu l’appartenance bretonne du département de Loire-Atlantique ». Il souligne également que « la population bretonne forme plus du tiers des habitants » des Pays-de-la-Loire. « Il est difficile de vivre et de devoir maintenir les fondamentaux de notre culture, notre langue et notre identité bretonne au sein d’une région dont les responsables politiques les considèrent injustement comme autant de menaces existentielles. » Pour Ollivier, en supprimant les subventions aux associations bretonnes, les Pays-de-la-Loire ont pris « une décision politique irrespectueuse des droits culturels des citoyens » (Le Télégramme, jeudi 28 mars 2024)
La justice administrative favorise le statu quo
Cette affaire – parmi d’autres – montre l’urgence qu’il y a à réaliser la réunification ; l’association Bretagne réunie s’y emploie avec un certain succès puisqu’elle avait recueilli 105 000 signatures réclamant l’organisation d’une consultation des électeurs de Loire-Atlantique. Il s’agit de demander la modification des limites régionales, donc d’obtenir la réunification. Le conseil départemental de Loire-Atlantique a voté contre (30 voix contre 13) le 17 décembre 2018. Bretagne réunie n’abandonne pas la partie, maintenant la pression pour que le conseil départemental inscrive cette question à son ordre du jour. Nouvel échec : le tribunal administratif de Rennes a rappelé que « l’exercice du droit de pétition » se limitait à « la faculté pour les électeurs d’une collectivité territoriale de demander l’inscription d’une question » mais « sans pour autant instaurer un droit à l’obtenir » (21 décembre 2022). Round suivant : la cour administrative d’appel de Nantes étudie la question. La rapporteure publique rappelle la règle du jeu : « Nulle part dans la loi, on ne lit le président est tenu de … Il garde un large pouvoir d’appréciation » (Ouest-France, Bretagne, mercredi 20 mars 2024) Un nouveau rejet de la requête est attendu car les juges suivent habituellement l’avis du rapporteur public. La décision est attendue le 5 avril.
Il ne restera plus à Bretagne réunie qu’à reprendre le combat en trouvant un autre angle d’attaque – les juristes s’en chargeront. Peut-être que du côté de « l’autonomie corse », on trouvera du grain à moudre… A moins que ce ne soit du côté de la Nouvelle Calédonie dont le statut est très particulier…
Bernard Morvan
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8 réponses à “Loire-Atlantique : les associations culturelles bretonnes victimes d’une espèce de discrimination”
Bravo au maréchaL Pétain… A part sa victoire de Verdun, il nous aura laissé en héritage quelques bêtises dont certains se sont malheureusement appropriés l’idée et le suivi dont celle contestable de séparer le département de Loire Atlantique (à l’époque Loire Inférieure) de la Bretagne. Aucun vrai Breton n’acceptera jamais cette amputation.
Le silence assourdissant de certaines associations bretonnes de Nantes quant à la réunification (faudrait pas annoncer les manifs surtout), quant à la défense de la langue bretonne, tient au fait qu’elles tiennent à leurs subventions. Plus de subventions, plus de permanents bidons. Quand, après la Région, le Département et la Ville de Nantes seront au diapason, elles redeviendront moins culturelles, et peut-être plus politiques. Mais tant que le roitelet n’est pas totalement nu…
Si une association décidé de bloquer des trains ou des voies rapides, je suis disponible, après tout je ne vois pas pourquoi les syndicats auraient le monopole de leur grève annuelle depuis Jésus Christ.
Datsum 44, c’est un garage ?
10 ans de militantisme sur le terrain pour ma part: affiches, tracts, préparation d’actions, signatures de pétitions, commentaires sur site, stands, manifs (jusqu’à 40 000 !)…Interventions auprès de l’ONU (Genève), et de la CDEH…Tout ça pour rien !
kan al louarn, Désolé, je ne crois pas que le Maréchal Pétain ait tous les torts; la guerre réduit la liberté d’action des gouvernements, sous occupation allemande. En effet, c’est en 1956, sous un gouvernement socialiste, qu’a été entérinée la séparation de la Loire-Atlantique du reste de la Bretagne.Les socialistes ont justifié la destruction de la Bretagne historique et une partie des mêmes notables (alliés aux gaullistes!) ont abandonné l’Algérie française.
en revanche pour les associations pro-migrants, il y a de l’argent; les autres avant les notres et ils ne disent même pas merci
Réponse à JP VARESE
Je ne prétends pas que Pétain soit le seul responsable mais il a enclenché l’amputation et donc la disparition de la Bretagne historique. Que d’autres, en particulier socialistes l’aient suivi et en aient profité en 1956 pour consolider cette situation j’en suis tout-à-fait conscient et tout-à-fait navré.