Santé. Narcolepsie : des crises de sommeil loin d’être anodines

La narcolepsie se présente comme un dysfonctionnement du sommeil caractérisé par une forte propension à la somnolence diurne ou périodique, ainsi que par des épisodes inévitables de sommeil en plein jour, souvent accompagnés de brèves périodes de faiblesse musculaire (appelées cataplexie). Elle se manifeste également par des symptômes tels que la paralysie du sommeil, des rêves très réalistes et des hallucinations lors de l’endormissement ou du réveil.

Également dénommée « maladie de Gélineau », du nom du médecin Jean-Baptiste Gélineau, qui l’a décrite en 1880, cette maladie neurologique rare, pouvant apparaître comme anodine en apparence, est encore sous-diagnostiquée. Et peut surtout se montrer très invalidante.

30 000 personnes touchées en France ?

La prévalence de la narcolepsie est estimée à environ 1 individu sur 2 000 aux États-Unis, en Europe et au Japon. Les statistiques montrent une incidence équivalente de cette maladie chez les hommes et les femmes.

En France, 0,03 % de la population, soit environ 30 000 personnes seraient touchées par ce trouble du sommeil chronique rare, indique le magazine Harmonie Santé, citant le Dr Morgane Lacour, neurologue spécialisée en pathologies du sommeil au CHU de Rouen.

Autre caractéristique de la narcolepsie, la quête d’un traitement approprié peut souvent être extrêmement prolongée, avec certains patients prenant en moyenne 8 années pour recevoir un diagnostic. Cette situation est d’autant plus dommageable que la narcolepsie, qui peut survenir à divers stades de la vie tels que l’enfance, l’adolescence ou l’âge adulte, a un impact significatif sur tous les aspects de la vie personnelle, professionnelle, sociale et familiale.

Quand la narcolepsie perturbe la scolarité

Le caractère anodin de certains symptômes rend effectivement plus difficile la nécessité d’un diagnostic médical rapide. Ainsi, il arrive souvent que la maladie ne soit pas envisagée devant des enfants qui s’endorment sur leur table de classe ou qui se montrent hyperactifs afin de rester éveillés. Avec, en conséquence, d’inévitables perturbations sur leur scolarité (problèmes de concentration, fatigue, décrochage scolaire…).

À l’âge adulte, en fonction de sa gravité, la narcolepsie peut même mener à une Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH), en raison d’épisodes de somnolence soudaine entravant la capacité à travailler de manière normale. Il est important de noter par ailleurs les risques potentiels associés à certaines activités telles que la conduite automobile.

narcolepsie

Deux types de narcolepsie à distinguer

Toutefois, il est nécessaire de distinguer deux types de narcolepsie, l’une avec et l’autre sans cataplexie, comme l’expliquait le Centre de Référence des Narcolepsies et Hypersomnies Rare en 2021.

À savoir que la narcolepsie de type 1 (dénommé « NT1 ») est la plus fréquente. Elle est causée par une perte ou une altération des neurones à orexine (encore appelée hypocrétine) de l’hypothalamus, qui jouent un rôle important dans l’initiation et le maintien de l’éveil.

La maladie débute souvent chez l’enfant, l’adolescent ou l’adulte jeune. Une origine auto-immune est fortement suspectée. « L’allèle HLA-DQB1*0602 est retrouvé chez presque tous les patients », ajoute pour sa part le CHU de Lyon.

Cette narcolepsie de type 1 s’accompagne donc de cataplexies, qui sont des épisodes brefs de relâchement musculaire déclenchés par les émotions. Elle se manifeste par des accès de somnolence diurne et des épisodes de chute brutale du tonus musculaires, souvent déclenchés par les émotions positives. Il peut également exister une perturbation du sommeil de nuit, une prise de poids parfois importante, des hallucinations à l’endormissement et/ou au réveil et des paralysies du sommeil.

Quant à narcolepsie de type 2 (NT2), elle partage les mêmes symptômes cliniques que la NT1 mais les crises de cataplexie sont absentes.

Comment réaliser un diagnostic ?

Pour établir un diagnostic précis de narcolepsie, des examens approfondis doivent être effectués dans un centre spécialisé en sommeil. Cette maladie peut être confondue avec d’autres troubles tels que les apnées du sommeil ou les crises d’épilepsie, surtout en cas de cataplexie (perte soudaine de tonus musculaire). Ainsi, le patient est généralement invité à tenir un journal de sommeil pendant plusieurs semaines, afin de noter ses périodes de somnolence diurne, d’endormissement et de réveils nocturnes.

En cas de suspicion de narcolepsie, divers examens sont nécessaires. Ils comprennent notamment une polysomnographie (enregistrement du sommeil pendant une nuit), suivie de tests diurnes tels que les tests itératifs de latence d’endormissement (TILE) pour évaluer plus précisément les tendances du sommeil.

Dans certains cas, une ponction lombaire peut également être proposée pour mesurer le niveau d’hypocrétine dans le liquide céphalorachidien et déterminer le type de narcolepsie présent. Cependant, les traitements restent sensiblement les mêmes quel que soit le type.

Quel traitement pour la narcolepsie ?

Concernant la guérison de la narcolepsie, lorsque les symptômes sont causés par une autre pathologie sous-jacente, comme une tumeur, la guérison est possible. Cependant, pour la narcolepsie de type 1, il n’existe actuellement aucun traitement curatif. La prise en charge vise donc à améliorer la qualité de vie des patients grâce à des mesures spécifiques d’hygiène de sommeil, une alimentation adaptée et des médicaments ciblés.

Les traitements médicamenteux reposent principalement sur des stimulants comme le modafinil, le méthylphénidate ou le pitolisant pour favoriser l’éveil. Dans le cas de cataplexie, des antidépresseurs peuvent également être prescrits pour réduire les crises. Un suivi régulier est essentiel pour surveiller d’éventuels effets secondaires, tels que des troubles de l’humeur ou une augmentation de la tension artérielle, liés à ces médicaments.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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