Pascal Bolo (PS), adjoint au maire de Nantes, vice-président de Nantes Métropole et conseiller départemental de Loire-Atlantique, rêvait de terminer sa carrière politique avec un bâton de maréchal : sénateur. Mais, aux élections de septembre 2023, la patronne (Johanna Rolland) a vu les choses autrement préférant donner la place à Karine Daniel (PS), une protégée qu’il fallait recaser après sa défaite aux législatives. Bolo a donc de bonnes raisons d’être fâché. Il se défoule dès que l’occasion se présente … Il aime régler ses comptes, ce fut le cas récemment avec Delphine Bonamy, adjointe écologiste, en charge de la Nature, qui avait voté un programme de réaménagement urbain dans le quartier du Bout-des-Landes ; cette opération prévoyait de replanter davantage d’arbres que ceux abattus pour la construction des immeubles. Mais les habitants du quartier manifestent et Delphine Bonamy se joint à eux ! Bolo s’empresse d’assassiner Delphine qui, selon lui, « se moque éperdument des habitants des quartiers populaires dont le mal vivre l’indiffère » (Ouest-France, Nantes, mercredi 14 février 2024)
Un entretien de deux pages dans Presse Océan (lundi 11 mars 2024) lui permet d’indiquer d’abord sa philosophie : « Moi, j’aime la clarté, je me suis fait un peu une spécialité de mettre les pieds dans le plat, de dire les choses politiquement incorrectes ». C’est ensuite l’occasion d’indiquer comment il voit les élections municipales de 2026 ; il n’est pas certain que cela plaise à Johanna Rolland, la « capitaine de l’équipe ». Elle « est sur une ligne de crête, elle essaie de tenir les deux bouts. Et elle a toujours la volonté, et l’espoir je pense, de composer une seule liste aux élections municipales, et non d’en avoir deux comme la dernière fois. » La possibilité d’une liste unique : « Je n’y crois pas une seule seconde. » Son pronostic : « Je crois que les écologistes décideront soit d’y aller tout seul, soit de se scinder. Une partie, les plus radicaux si j’ose dire, sur le plan de la décroissance, iront avec Nantes en commun [proche des Insoumis] » En attendant ce grand affrontement, « Johanna a pour rôle de veiller à la bonne entente de l’équipe. Elle essaie, et elle y réussit somme toute pas mal, de maintenir l’unité de sa majorité. » C’est peut-être la raison pour laquelle elle ne cherche pas à soutenir Bolo dans ses démêlés avec les écolos : « Je ne l’ai pas entendue ». « Elle ne m’a rien dit. Elle m’a souhaité mon anniversaire. » Il faut aussi compter avec l’habilité politique : Bolo dit tout haut, ce que Johanna Rolland pense tout bas.
L’union fait la force
Au premier tour des élections municipales de mars 2020, la liste « Nantes en confiance » (Johanna Rolland) avait terminé en tête (22 713 voix, 31,36 %). La liste écolo « Nantes ensemble » (Julie Laernoes) occupait la troisième place (14 181 voix, 19,58 %), tandis que la liste des insoumis « Nantes en commun » (Margot Medkour) arrivait en cinquième position (6 479 voix, 8,95 %). Au second tour, après fusion avec la liste écolo, Johanna Rolland l’avait emporté facilement : 59,67 % (34 107 voix) pour sa liste contre 27,61 % (15 781 voix) pour celle de Laurence Garnier (droite) et 12,71 % (7 267 voix) pour celle de Valérie Oppelt (macroniste). Bolo oublie que le tour décisif, c’est le second. Par conséquent que Johanna Rolland et les écolos fassent bande à part au premier tour est sans conséquence si la fusion s’opère au second. Au premier, Mme Rolland s’empressera de retrouver son électorat naturel (gauche sociale-démocrate), tandis que les écolos peuvent mobiliser leurs troupes – ce qui permet de ratisser large. Bien entendu, ces derniers ont intérêt à présenter leur liste, ce qui leur permet de négocier en position de force avec la maire et d’exiger des places, car Mme Rolland a besoin de leurs électeurs. Au cas où la droite et les macronistes s’alliaient dès le premier tour, on peut supposer que Johanna Rolland et les écolos pourraient être tentés d’en faire autant.
Bernard Morvan
Illustration : DR
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3 réponses à “Nantes. Entre les écolos et Bolo, c’est la guerre !”
Un beau panier de crabes !
Avant les sénatoriales, Karine Daniel avait été « recasée » de manière plutôt pittoresque, comme directrice salariée du « Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons ». Cette structure initiée par Nantes Métropole en 2017 devait en principe collecter une douzaine de millions d’euros pour financer une attraction mécanique. La collecte est restée très insuffisante sans que Karine Daniel soit remplacée par un collecteur plus efficace. Le projet a perduré cahin-caha jusqu’en septembre 2023. Heureuse coïncidence, Karine Daniel a trouvé à cette date une nouvelle source de rémunération comme sénatrice.
la guerre des chefs quand la ville brule