« La liste, c’est moi qui vais la faire », annonçait en privé Emmanuel Macron. Et de poursuivre : « Ce sera la dernière campagne nationale du quinquennat, avançait-il pour justifier son implication. L’Europe, c’est l’ADN de ma démarche et de mon engagement politiques » (Le Canard enchaîné, 3 janvier 2024). Comme tous les poids lourds de la majorité (Jean-Yves Le Drian et autres) se sont défilés, il s’est vu contraint de placer comme tête de liste une inconnue, Valérie Hayer. Fille, petite-fille et sœur d’agriculteurs, en Mayenne, elle devient député européen en 2019, après avoir tenu des petits rôles dans la politique départementale (conseillère municipale, vice-présidente du conseil départemental, assistante parlementaire, candidate aux élections sénatoriales…). Elle a bien enregistré le discours présidentiel : « J’ai accepté avec fierté, enthousiasme et esprit de responsabilité la proposition du président de la République. Je suis fière d’être la porte-parole de la seule coalition pro-européenne de ce scrutin. L’engagement européen est au cœur de notre projet. Depuis 2017, notre bilan parle pour nous. » (Le Figaro, jeudi 29 février 2024)
Tout cela est bel et bon mais son affaire démarre bien mal ; c’est ce que nous montrent les sondages portant sur les intentions de vote. Pour l’instant, la liste Renaissance-Modem-Horizons (Valérie Hayer) est littéralement écrabouillée par la liste du Rassemblement national (Jordan Bardella) ; un écart de douze points les sépare – 17 % pour la première et 29,5 % pour la seconde (Elabe, La Tribune Dimanche, 10 mars 2024). Pour l’Elysée, « l’objectif est de « refaire une partie importante du retard ». Pour ce faire, on regarde de près « l’exemple Sarkozy 2009 ». Le président de l’époque avait lancé la campagne de son parti, l’UMP, avec un meeting en mai à Nîmes. Il était parvenu à enclencher une dynamique qui avait porté la liste de la majorité, emmenée par Michel Barnier, à 28 % des suffrages. »
« La morale de Sarkozy 2009 est que « le Président doit s’en mêler personnellement ». Emmanuel Macron pourrait reprendre à son compte certaines parties du discours de Sarkozy contre les banquiers qui avaient provoqué à l’époque une crise économique mondiale. Il en avait appelé « à ce que l’Europe soit exemplaire sur la régulation financière et la régulation des fonds de pension, sur les paradis fiscaux, sur les rémunérations des dirigeants et des opérateurs financiers et sur le partage de la valeur » (Challenges, 7 mars 2024) Ancien associé-gérant de la banque d’affaires Rothschild & Co, Emmanuel Macron apparaît en effet très bien placé pour reprendre ces propos qui n’engagent à rien mais peuvent avoir un effet positif sur les électeurs. On peut se rappeler le fameux discours du Bourget de Hollande…
La lutte des places – éligibles de préférence
On le sait, il s’agit pour le président de la République de « tenter de contenir la vague du parti de Marine Le Pen » (Le Monde, mercredi 6 mars 2024). D’où différentes opérations qui, pour l’instant, n’ont pas donné les résultats escomptés (Panthéon, Ukraine, révision constitutionnelle…) si l’on examine les sondages. Il faudra trouver autre chose, mais faire peur aux gens lorsque la guerre nourrit l’actualité a toujours permis au chef de l’Etat de remonter dans les enquêtes d’opinion – on a vu le cas avec Mitterrand et Chirac. Donc si Macron remonte, Hayer remonte !
Que vont devenir les députés européens bretons sortants dans tout cela ? Compte tenu des mauvais sondages actuels (intentions de vote), les places en position éligible seront chères et le retour à Strasbourg n’est pas assuré. Alain Cadec (LR) est tout à fait concerné par les 7 % dont est créditée la liste des Républicains. Même observation pour Lydie Massard (UDB) alors que la liste des Ecologistes est donnée à 9,5 %. Pierre Karleskind (Renaissance) et Marie-Pierre Vedrenne (MoDem) peuvent être victimes des 17 % attribués à la liste macroniste – d’autant plus qu’il faudra accorder des places aux alliés de l’UDI et du Parti radical ; or tout de monde veut se trouver en position éligible ! Le survivant pourrait s’appeler Christophe Clergeau (PS) qui figure en cinquième position sur la liste de Raphaël Glucksmann (Parti socialiste + Place publique) laquelle bénéficie d’un modeste 8,5 %. Il ne faut compter ni sur la liste du PCF (3 %), ni sur celle de LFI (7,5 %), ni sur celle de Reconquête ! (4,5 %) pour donner des députés européens à la Bretagne (Sondage Elabe, La Tribune Dimanche, 10 mars 2024).
La place est bonne ! dit le bon sens populaire. A Bruxelles et à Strasbourg, le job nourrit bien. Un salaire mensuel de 7 300 euros, une enveloppe de 4 950 euros/mois pour les frais (sans justificatif), une autre enveloppe de 21 000 euros/mois allouée pour recruter discrétionnairement des collaborateurs. En ce moment, on parle beaucoup des affaires d’argent de Rachida Dati lorsqu’elle était devenue avocat, il faut croire que son traitement annuel de député européen (95 482,44 euros) ne lui suffisait pas ! (L’Obs, 14 mars 2024).
Bernard Morvan
Crédit photo : Gzen92/wikimedia (cc)
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6 réponses à “Député européen, un job qui nourrit bien (suite)”
a raison de 17000 euros net oui on peut penser qu’il y aura de la bagarrre
Bonjour petit rappel ; pour voter le 9 juin, il convient de s’inscrire sur la liste de votre commune ou de bien le vérifier ( moi j’ai pas à le faire puisque j’avais voté dans la même commune pour le deuxième tour de la « pestilentielle » et je n’ai pas déménagé ) puis surtout ne pas s’abstenir et de voter pour des listes souverainistes pour le Frexit… Voyez et vérifier ce qu’a réalisé par exemple sur son site un Monsieur comme Alain CADEC élu en député européen républicain ; voilà pour mes conseils que j’espère avisés ; quant à moi, bonne journée à vous tous et toutes.
Comme d’habitude, à chaque élection, on refait de la » cuisine électorale » pour essayer de sauver les meubles et surtout de conserver les avantages extraordinaires de député européen….L’Europe se fout pas mal de nos régions et la Bretagne risque de ne pas exister beaucoup dans cette assemblée avec si peu d’élus. Le vrai problème est UVDLeyen qui risque un peu sa place et heureusement !
En fait les rémunérations de députés européens sont calquées sur celles dea députés et sénateurs français, et il est fort probable comme pour nos parlementaires qu’ils bénéficient d’une inscription automatique à une de la dizaine de commissions, où d’ailleurs ils ne se bousculent pas, comme Fabius qui à l’époque pointait sur la feuille de présence…avant de faire demi-tour.
Cette inscription (présent ou pas aux séances), était rémunérée il y a une douzaine d’années 1 500 € pour les parlementaires et sénateurs français…Et ça, même les journalistes oublient de le signaler.
Des salaires indécents de 31’000 à 80’000 euros et la présidente doit émarger à plus de 120’000 euros mensuel. Si encore on arrivait à des résultats probants mais non. A Bruxelles il existe une sorte de local ou on met en attente tous les dossiers de standardisation depuis 20 ans en attendant qu’une commission soit en phase avec un dossier que l’on soumet ensuite à une seconde commission qui ont eu des relations avec les intérêts économiques de chaque pays. Et comme les 27 pays ne sont jamais d’accord sur le fond financier des pays intéressés l’inconnu persiste. Ces commissions se heurtent aux divergences économiques politiques de tous les bords avec un gaspillage énorme. Et vu les énormes salaires octroyés personne ne tient réellement à faire avancer la situation. Après plusieurs mandats vous devenez millionnaire sans trop de soucis on appelle cela faire fortune sur l’administration de l’UE et votre retraite est conséquente.
la gamelle est bien grasse. les français n’ont qu’à bosser , payer des impots et se taire (bientot l’interdiction de mal panser sera effective)