Italie. Immigration illégale : face à la justice laxiste, le gouvernement aux abonnés absents ?

C’était en 2017. À l’époque, les autorités italiennes avaient ouvert une enquête sur des membres de l’équipage du Iuventa, navire affrété par une ONG allemande : Jugend Rettet. Cette dernière était accusée par le procureur de Trapani (Sicile) d’aider les clandestins à rejoindre l’Italie depuis la Libye.

Fondée quelques années auparavant par un groupe d’étudiants issus de la haute bourgeoisie allemande, Jugend Rettet avait réuni des fonds afin de restaurer  un vieux bateau de pêche destiné à récupérer des « migrants » en Méditerranée. Puis le navire de l’ONG fut placé en fourrière à Lampedusa. Au motif que Jugend Rettet figurait parmi les organisations ayant refusé de signer le code de conduite proposé par le ministère de l’Intérieur italien à l’époque. L’absence d’une telle signature empêchant alors les navires de faire escale dans les ports italiens.

Des comportements peu scrupuleux ?

L’enquête avait commencé à la suite de plaintes sur le comportement peu scrupuleux de membres d’équipage du Iuventa par des gardes de sécurité dans les navires d’autres ONG, en particulier par deux gardes à bord de Vox Hestia, le bateau de « Save the children international ».

Les témoins rapportèrent que le Iuventa intervenait près de la côte libyenne, en arrivant même à une distance minimale de 13 miles, pour charger les migrants transportés par les trafiquants.

Des images prises par un policier infiltré sur un autre navire montraient l’équipage du Iuventa parler avec les trafiquants et s’accorder avec eux pour prendre en consigne des migrants.

Les magistrats italiens décrivaient alors : « Bien que ce navire dans certains cas ait pu intervenir pour sauver des vies, dans la plupart des cas, cependant, il n’agit pas en présence d’un danger imminent de mort. Les migrants sont escortés par des trafiquants libyens et livrés non loin des côtes par l’équipage de la Iuventa. Il n’est pas question de migrants sauvés, mais consignés».

Entente entre les trafiquants et les « sauveteurs » ?

Selon l’enquête, l’équipage du Iuventa s’était arrangé avec les trafiquants pour être dans des lieux et des moments précis afin d’être prêt à recueillir des migrants.

Par ailleurs, le Iuventa laissa à la dérive des bateaux utilisés par les migrants, pour permettre aux trafiquants de les récupérer (les ONG sont normalement obligées de mettre hors d’usage le bateau après avoir sauvés les immigrés pour ne pas faciliter la tâche aux trafiquants).

Aussi, les membres de l’équipage du navire appartenant à l’ONG allemande risquaient jusqu’à 20 ans de prison en Italie. Mais les événements ont finalement pris une tout autre tournure…

Le gouvernement italien absent à l’audience

En effet, dans le cadre de cette enquête, les autorités italiennes devaient rapidement faire face a une fronde de diverses organisations pro-migrants. En 2020, Amnesty International lançait une « campagne mondiale de solidarité », demandant au gouvernement italien d’abandonner les investigations visant les membres de l’équipage de la Iuventa. Puis une procédure judiciaire était initiée au mois de mai 2022.

Dernier rebondissement en date, près de sept ans après le début de la procédure, le parquet sicilien a finalement changé d’avis et a demandé le 2 mars 2024 le non-lieu pour les membres de l’équipage du Iuventa, en abandonnant les accusations d’aide à l’immigration clandestine. Tout en réclamant la levée de la saisie du navire.

De son côté, le gouvernement italien, qui s’était constitué partie civile et demandait une indemnisation, s’en est remis à la décision du tribunal et a renoncé à être représenté à l’audience…

Si le procureur de Trapani de l’époque, Ambrogio Cartosio, avait déclaré qu’il existait « des indices sérieux de culpabilité », le parquet de Trapani a justifié sa demande de non-lieu au motif que les faits « ne constituent pas un crime ». Le juge a annoncé qu’il rendrait sa décision le 19 avril 2024. Laquelle pourrait constituer une jurisprudence préjudiciable…

Crédit photo : capture YouTube (photo d’illustration)
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2 réponses à “Italie. Immigration illégale : face à la justice laxiste, le gouvernement aux abonnés absents ?”

  1. domper catalan français dit :

    Des ONG qui participent à l’invasion des pays par des migrants qui, condamnés ou pas, illégaux ou non, ne seront jamais renvoyés d’où ils viennent grâce aux lois européennes et au laxisme général des dirigeants Le combat est déjà perdu d’avance car une volonté politique ( cachée ? ) permet cet afflux non maîtrisé de ces populations.

  2. kaélig dit :

    Les ONG avec la complicité de la justice plus forts que l’Etat régalien…Comme d’hab…

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