Le Mésolithique, période charnière entre le Paléolithique et le Néolithique, a été marqué par le bouleversement majeur du passage d’un mode de vie de chasseurs-cueilleurs à celui d’agriculteurs et d’éleveurs. Cette transition s’est propagée progressivement à travers l’Europe, amenant des changements profonds dans les sociétés humaines.
Rencontres et mélange : une réalité complexe
En Europe occidentale, on observe généralement un mélange génétique entre les derniers chasseurs-cueilleurs et les premiers fermiers néolithiques. Cette intégration progressive est le résultat de multiples rencontres et interactions entre ces deux groupes, favorisant l’échange de gènes et de cultures.
Cependant, une nouvelle étude menée sur des sites mésolithiques bretons (Hoëdic et Téviec) révèle une situation surprenante. Contrairement à la tendance observée ailleurs en Europe, les chasseurs-cueilleurs bretons ne semblent pas avoir intégré de gènes néolithiques dans leur patrimoine génétique.
Christian Dina, ingénieur de recherche CNRS dans l’équipe « Génétique Humaine” de l’Institut du Thorax et co-auteur de cette étude parue dans la revue PNAS. indique : «Nos analyses ne montrent aucune trace d’ascendance néolithique dans l’ADN des chasseurs-cueilleurs bretons. Cela signifie qu’il n’y a pas eu de métissage significatif entre ces deux groupes, malgré la présence attestée de populations néolithiques dans la région à la même époque. »
On vous laisse écouter l’excellente émission de France Culture sur le sujet, ici
Plusieurs hypothèses pour expliquer cette singularité:
- Un isolement géographique relatif: La Bretagne, à l’époque, était une presqu’île moins accessible, ce qui pourrait avoir limité les contacts avec les populations néolithiques continentales.
- Un choix culturel de résistance: Il est possible que les chasseurs-cueilleurs bretons aient délibérément choisi de maintenir leur mode de vie et de se distancier des innovations néolithiques.
- Des facteurs environnementaux spécifiques: L’environnement maritime et les ressources naturelles de la Bretagne pourraient avoir favorisé le maintien d’un mode de vie de chasseurs-cueilleurs, limitant l’attractivité de l’agriculture pour ces populations.
Cette étude soulève de nouvelles questions et ouvre la voie à des recherches approfondies pour mieux comprendre les dynamiques sociales et les interactions culturelles à l’œuvre en Bretagne durant le Mésolithique.
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