« Le Président sait très bien que je n’ai pas l’intention de reprendre une activité politique à bref délai », raconte Richard Ferrand (Le Figaro, samedi 6 janvier 2024). Pourtant Macron lui a proposé d’être la locomotive de la liste macroniste aux élections européennes ; il a décliné la proposition (Le Canard enchaîné, 31 janvier 2024). Ce qui n’empêche pas ce macroniste historique d’appartenir à la catégorie des « visiteurs du soir » ; Macron l’a donc consulté sur la composition du nouveau gouvernement. « Richard Ferrand est très fâché contre le Président après la recomposition gouvernementale qu’il juge beaucoup trop à droite. En privé, il se montre très dur envers Emmanuel Macron. » (La Tribune Dimanche, 28 janvier 2024) Ferrand ne se contente pas de flinguer Macron, il inflige le même traitement à Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste. Et de conter un épisode qui s’est déroulé lorsqu’il était président de l’Assemblée nationale (2018-2022). Faure lui reproche de faire traîner une demande de commission d’enquête déposée par le groupe socialiste. Réaction de Ferrand : « La seule fois où j’ai été vraiment irrité, c’est lors d’un épisode avec cet imbécile de Faure. J’avais vraiment envie de lui mettre une beigne. Car Faure n’a jamais rien foutu (…), c’est vraiment un apparatchik qui vient vivre du Parlement et rien d’autre. » (Au perchoir, d’Annabel Roger et Jean-Pierre Bédéï, éditions l’Archipel)
Après sa défaite aux élections législatives de 2022 dans la circonscription de Carhaix, alors qu’il était le député sortant, Ferrand s’est recyclé dans le « conseil » en montant à Paris une petite boîte nommée « Messidor ». Voilà un excellent moyen pour faire fructifier son carnet d’adresses et de « s’occuper » en faisant du fric. Ses entrées dans les cercles gouvernementaux et au Parlement lui permettent en effet de faire figure d’homme recherché par les milieux d’affaires. Un exemple : une proposition de loi émanant du Sénat visait à encadrer les activités des cabinets de conseil. Mais le texte a été vidé de mesures ambitieuses lors de son examen à l’Assemblée nationale, du 24 janvier au 1er février, sous l’influence des représentants du secteur.
« Selon les informations de Médiapart, l’un des géants du secteur, le cabinet Accenture, s’est ainsi adjoint les services de l’ancien président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand , qui a quitté le perchoir en juin 2022, mais conserve une influence importante au sein des cercles de pouvoir, pour peser de tout son poids sur les débats parlementaires en cours. » « Cumulant 50,5milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2021, Accenture joue gros avec cette proposition de loi qui vise à rehausser le poids des pouvoirs publics dans leur rapport avec le privé. Cotée en Bourse, l’entreprise est un interlocuteur privilégié de plusieurs ministères régaliens (l’Intérieur ou la Défense, par exemple), auxquels elle vend des conseils en informatique. »
Ferrand est chez lui au Palais-Bourbon
La première version du texte, « adoptée par le Sénat le 18 octobre 2022, prévoit plusieurs dispositions qui inquiètent grandement l’état-major d’Accenture en France, s’agissant notamment des pouvoirs qu’elle confère à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) pour lutter contre les conflits d’intérêts. L’article 13 du texte, par exemple, permet d’octroyer à cette autorité administrative indépendante un pouvoir de sanction, pouvant aller jusqu’à l’exclusion des marchés publics pour une durée maximale de trois ans, en cas de non-respect des nouvelles obligations de transparence. » « Mais, au sein d’Accenture, cette évolution vers plus de transparence, et un contrôle accru de la HATVP, est clairement identifié à la fois comme un “risque“ “juridique“ et une menace pour le “business“ » « Au sein du cabinet de conseil, l’ex-président de l’Assemblée – qui a aussi offert ses services au milliardaire Daniel Kretinsky – a également aidé à cartographier les députés-es de la commission des lois en identifiant les profils les plus favorables à la proposition de loi, et ceux qui, à l’inverse, ne souhaitaient pas un contrôle accru du secteur. »
Quelques députés ont tenté de s’opposer à cette opération. C’est le cas de Frédéric Mathieu (LFI), député de Rennes-Bruz : « Offrons la possibilité à la HATVP de remplir sérieusement ses missions et de conduire son office. Si elle le souhaite et si elle l’estime nécessaire, permettons-lui de faire des contrôles sur place. Aucun argument rationnel ne peut s’y opposer. » (Médiapart, 6 février 2024) Cette affaire montre une incontestable collusion entre la majorité et les cabinets de conseil. Ainsi il y aurait beaucoup à dire sur le rôle joué par Marie Lebec, ministre des relations avec le Parlement, dans le détricotage de la proposition de loi, au moyen d’une série d’amendements du gouvernement.
On peut regretter que Ouest-France et Le Télégramme ne cherchent pas à savoir qui sont les clients de « Messidor ». Les journalistes de ces deux quotidiens pourraient également nous raconter si Maël de Calan (LR), président du conseil départemental du Finistère, travaille toujours chez McKinsey ; à coup sûr, ça intéresse les lecteurs…
Bernard Morvan
Crédit photo : DR
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4 réponses à “Richard Ferrand ne veut plus faire de politique… alors il fait des affaires”
FERRAND?….Il n’a meme pas pu etre réélu lors des législatives , ses magouilles jamais jugées, sa proximité avec foutriquet, son arrogance , en font un repoussoir , mème en CENTRE BRETAGNE
Promesse de gascon
Il y en avait une autre ministre qui ne voulait plus d’engagement politique …. et qui est ministre …. « Fontaine je ne boirai pas de ton eau »
Mais cet amis de foutriquet n’en faisait il pas alors qu’il était politique des affaires ? Mais oui bien sûr. Mains dans le pot de confiture il connaît.
la gamelle politique n’est pas assez grasse…