Dans la nuit du 1er au 2 novembre dernier, la tempête Ciarán a ravagé le Nord-Ouest du pays, établissant de nombreux records de vitesse de vent, notamment en Bretagne. Le territoire de Brest a subi des dommages considérables lors de cet événement climatique exceptionnel, entraînant la casse et la chute de nombreux arbres sur le territoire. Le Pays de Brest en collaboration avec l’ONF, le CRPF, Fransylva et Fibois Bretagne se projettent sur l’après tempête avec la conviction que cet événement constitue une opportunité de renforcer encore la structure de la filière forêt-bois locale déjà en place.
La quantité d’arbres couchés par la tempête en Bretagne varie considérablement d’un département à l’autre. Dans le nord du Finistère, les dégâts sont conséquents, bien qu’ils soient dispersés et difficiles à évaluer dans leur ensemble.
Une cellule forestière régionale post-tempête s’est réunie à plusieurs reprises depuis mi-novembre. Les services de l’Etat, le Conseil régional, l’ONF, le CRPF, Fransylva et l’interprofession Fibois partagent leurs éléments d’évaluation des dégâts en forêt en vue d’orienter les prochaines actions à mener. L’impact sur la filière bois doit encore être consolidé mais les bois à exploiter devraient pouvoir être mobilisés au niveau régional, avec une valorisation locale et un impact économique limité.
Recommandations à l’usage des propriétaires forestiers
Réaliser les chantiers forestiers avec des experts
La plupart des bois couchés lors de la tempête conservent une valeur économique. Toutefois, il est recommandé aux propriétaires de ne pas se précipiter dans leur exploitation. Les travaux doivent être confiés à des entreprises dûment déclarées et respectant la réglementation des chantiers forestiers. (assurance professionnelle des salariés, signalisation des chantiers, etc.)
Protéger les sols
Une vigilance particulière doit être accordée à la protection des sols gorgés d’eau cet hiver et donc très fragiles. L’exploitation des arbres renversés (chablis) peut attendre quelques mois et un temps sec plus favorable. Pour les pins susceptibles de se dégrader plus rapidement, l’exploitation peut être envisagée préalablement aux autres essences. Celle des arbres sinistrés est à privilégier à celle des bois non touchés par la tempête.
Analyser avant d’agir
Une précipitation de la récolte d’arbres pourrait se traduire par une transformation rapide en combustible bois énergie. Il s’agit d’un débouché possible mais il est plus cohérent et avantageux sur le plan économique d’organiser une valorisation en bois d’œuvre (construction bois, aménagement intérieur et extérieur…).
Vers une valorisation des bois locaux ?
La tempête Ciarán apporte aujourd’hui l’opportunité d’expérimenter à l’échelle locale une chaîne de valorisation des bois locaux en bois d’œuvre.
Comment ça fonctionne : Ce circuit court débute en forêt par l’évaluation de la qualité des bois puis par leur exploitation, se poursuit chez un scieur-transformateur et se finalise dans un aménagement ou une construction, porté par un acteur local qui peut être une collectivité ou un maître d’ouvrage privé.
Les collectivités ont un rôle primordial à jouer pour mettre en œuvre cette chaîne de solidarité pour la valorisation des bois locaux :
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Sans leur mobilisation, difficile de toucher les habitants, les agriculteurs et surtout de mobiliser les 8 000 propriétaires forestiers du Pays de Brest ! Ces propriétaires détiennent 89% des 30 000 hectares de forêts sur le territoire.
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Une collectivité peut également valoriser les bois locaux pour répondre à ses besoins d’aménagement et de construction ; elle peut faire appel au réseau des professionnels du bois sur le territoire pour l’accompagner dans cette démarche.
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Enfin pour faciliter la mise en place de cette chaîne de valeur, une collectivité peut mettre à disposition un espace de stockage de bois pour centraliser une ressource disséminée et faciliter ainsi son exploitation et sa commercialisation.
Une action expérimentale pour valoriser les arbres tombés dans le Pays de brest
Suite à la tempête, le Pays de Brest a lancé une action expérimentale pour valoriser en bois d’œuvre les arbres à terre ou abimés situés sur le domaine communal, chez des particuliers, des entreprises, des agriculteurs ou de petits propriétaires forestiers. Dans un premier temps, des recommandations et un auto-diagnostic des arbres ont été transmis aux 103 communes et 7 EPCI du territoire, information relayée par exemple par la ville de Landerneau : Tempête Ciaran, valorisation des arbres à terre hors forêt en bois d’œuvre (landerneau.bzh).
La propriété forestière de l’entreprise COLAS a subi d’important dégâts sur un peuplement de futaie de résineux (1.3 ha soit 35% de la futaie). L’évaluation de la qualité des bois laisse entrevoir une valorisation possible en bois d’œuvre pour les plus belles grumes. Le reste sera valorisé en bois de trituration (panneau de contreplaqué, pâte à papier etc.) sinon en bois énergie.
Plutôt que de se débarrasser du volume de bois généré par le passage de la tempête, la collectivité de Dirinon a décidé de transformer cet épisode compliqué en opportunité. Dans le cadre de leurs travaux d’aménagements urbains, ils ont imaginé recycler une partie des grumes (tronc d’arbre coupé ou abattu) récoltées après un façonnage a minima.
Les essences les plus résistantes ont ainsi été sélectionnées pour servir de bancs ou de séparateurs d’espaces dans les lieux publics. Le façonnage est réalisé sur place grâce à la compétence des services techniques de la commune, qui œuvrent à valoriser au mieux le bois communal.
Ce projet ne s’arrête pas à l’épisode de tempête, c’est une première étape qui va leur permettre de mettre en pratique cette notion de réemploi de matériaux locaux et durables, qui trouvent toute leur place dans l’espace public de la collectivité.
Pour en savoir plus : www.fiboisbretagne.fr
Crédit photo : DR
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