Le triptyque mêlant, Bretagne, escrocs béninois et bois de chauffage paraissait rocambolesque ! Et pourtant… À la fin du mois de novembre dernier, la section de recherche de Rennes et une brigade de gendarmerie finistérienne parvenaient à mettre la main sur le « cerveau » des opérations.
C’est au mois d’avril 2022 que l’affaire avait débuté avec l’ouverture d’une enquête préliminaire à la suite d’une plainte pour escroquerie à la fausse vente de bois sur internet pour un montant de 115 €. Une enquête diligentée par le parquet de Quimper.
Toutefois, compte tenu de l’ampleur de l’escroquerie, de la dimension internationale des investigations réalisées ainsi que du nombre de victimes des aigrefins recensées bien au-delà des frontières bretonnes, les gendarmes durent confier l’affaire à la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes.
Escroquerie au bois de chauffage : un butin au Bénin
Quant au mécanisme de l’escroquerie, il était simple mais efficace : après avoir créé de faux sites Internet bien référencés (et apparaissant donc comme crédibles), les auteurs proposaient du bois de chauffage à des prix très attractifs.
Problème : les acheteurs devaient payer à l’avance et via des paiements en ligne bien entendu. Et, par de vertigineux circuits, l’argent arrivait principalement au Bénin alors même que les gogos ne voyaient jamais la couleur de leur bois à prix bradé.
En l’espace d’un an, ces vendeurs de bois de chauffage sans scrupule auraient ainsi soutiré environ 30 000 € aux particuliers escroqués. Et ce, « sur le seul site energiebois-france.com, tandis que les comptes rebonds utilisés pour blanchir les fonds frauduleux drainaient plus de 100 000 € », précisait alors le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc au début du mois de décembre dernier.
Trois Béninois interpellés et jugés
Aussi, le 7 décembre 2023, le parquet de Rennes indiquait dans un communiqué qu’un « réseau d’escroqueries commises en bande organisée » venait d’être démantelé tandis que trois individus de nationalité béninoise avaient été identifiés.
Quant au « donneur d’ordre » ayant commandé la réalisation des faux sites et effectuant l’essentiel des transactions financières, il naviguait entre le Bénin et la Turquie. Par ailleurs, les enquêteurs ont découvert que le frère informaticien de celui-ci ainsi qu’un comparse (les deux résidant en France) avaient eux aussi effectué des mouvements de fonds suspects pour le compte du chef des opérations.
Ce dernier a été appréhendé le 30 novembre 2023 à son arrivée en France. Il a comparu devant le tribunal correctionnel de Rennes le 9 janvier en compagnie de son frère et de l’ami précédemment évoqué (ayant eux aussi la nationalité béninoise). Un trio âgé de 28 à 32 ans.
À l’issue de l’audience, Nadjiboulaye Kondoli, le Béninois donneur d’ordre, a été condamné à 30 mois de prison pour une escroquerie au bois de chauffage sur Internet. Une peine assortie d’une interdiction de séjour de cinq ans sur le territoire français. L’homme a été reconduit en détention à sa sortie du tribunal.
En ce qui concerne les autres prévenus, devant répondre de faits de blanchiment, Ahmed Kondoli et Coffi Hounsa ont été condamnés à 18 mois de prison avec sursis. En outre, ils ont l’interdiction de gérer une société pendant cinq ans.
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