S’il y a bien une icône, avec Yvan Colonna, qui mobilise la jeunesse corse c’est bien celle-ci : Ghjuvan Batti Acquaviva. Il y a tout juste 36 ans, le 15 novembre 1987 mourait ce nationaliste corse lors d’une opération du FLNC contre le colon Roussel à U Querciolu, lieu-dit de la commune de Sorbo-Ocagnano. Ferdinand Roussel était un Pied-Noir franchement rapatrié d’Algérie. Or, à l’issue des opérations de rapatriement des Français d’Algérie, à l’indépendance de celle-ci, il fut décidé d’envoyer un contingent d’agriculteurs pieds-noirs en Corse. A charge pour eux de valoriser certaines terres. La gestion de ces terres fut confiée à la SOMIVAC (Société d’aménagement pour la mise en valeur de la Corse) qui en attribua 90% aux nouveaux venus Pieds-Noirs ! La catastrophe était prévisible et rapidement les premiers heurs ont eu lieu. Pourtant, le but premier de la SOMIVAC était noble : mettre en valeur des terres abandonnées ou insalubres (la malaria n’a été vaincue dans la plaine orientale qu’après la seconde guerre mondiale avec l’assèchement des marais par les Marines américains par exemple). Mais la répartition aura été catastrophique. A la française, décidée d’en haut sans aucune concertation avec les Corses.
Le FLNC avait donc décidé de chasser le « colon Roussel » de la terre corse de U Quercilu. Hélas, l’opération tourna court. Ferdinand Roussel, armé d’une carabine, surprit les plastiqueurs en plein travail. S’en suivit deux versions. Ferdinand Roussel affirma s’être retrouvé face à Jean-Baptiste Acquaviva. Le coup mortel serait parti accidentellement au cours d’une bagarre. Selon les militants corses, les faits auraient été tout autre : le militant aurait été tué de dos alors qu’il cherchait à s’enfuir.
Obsèques à la corse, avec salve d’honneur du FLNC et discours vengeur, l’exploitation du « colon Roussel » sera plastiquée un moins plus tard alors qu’il est déjà rentré en France.
Depuis Ghjuvan Batti Acquaviva est rentré à la place d’honneur au panthéon de la martyrologie du FLNC. Il est le symbole de l’époque héroïque et naïve du nationalisme corse. Celle d’avant la guerre interne des années 90, d’avant les dérives mafieuses et personnelles, d’avant les meurtres entre amis.
Son nom sera donné à l’un des amphithéâtre de l’université de Corti. Ce qui provoquera d’ailleurs une crise avec la préfecture qui refusera d’être représentée lors de l’inauguration.
Aujourd’hui, le nationalisme corse commence à comprendre que le temps de la lutte exclusive contre l’Etat Colonial français est révolu. Que les anciens Pieds-Noirs sont tous morts ou en maison de retraite et que le nouvel ennemi est tout autre. Palatinu, l’association portée par l’ancien prisonnier politique Nicolas Battini, renouvèle courageusement la pensée nationaliste corse tellement marquée par le discours tiers-mondiste, modèle suranné ne correspondant plus aux réalités actuelles. Submersion démographique du Tiers-Monde, poussée de l’Islam, les Corses ont désormais d’autres sarrazins à fouetter que le colon Roussel même si les discussions autour du futur statut d’autonomie électrise les esprits au sein du maquis.
Reste cette question pour nous Bretons : devant la déliquescence de l’Emsav et son naufrage dans le wokisme, un « Palatinu » breton serait-il envisageable chez nous ?
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