Face à une importante émigration de ses ressortissants vers l’Europe, notamment les îles Canaries, le président du Sénégal a ordonné de nouvelles mesures d’urgence, s’inscrivant dans un plan décennal de lutte contre l’émigration irrégulière.
Le Sénégal veut « neutraliser » les départs vers l’Europe
Comment retenir les Sénégalais au Sénégal ? Voilà l’enjeu auquel doit répondre l’exécutif à la tête du pays africain. En effet, un certain nombre de ressortissants sénégalais figuraient parmi les flux de migrants débarqués sur l’île italienne de Lampedusa au mois de septembre dernier.
Mais c’est surtout dans l’archipel espagnol des îles Canaries, situé face aux côtes de l’Afrique de l’Ouest, que le Sénégal se fait remarquer… Dans un article publié le 15 octobre dernier, nous informions nos lecteurs qu’environ 90 % des plus de 19 000 clandestins ayant débarqué illégalement dans l’archipel à cette date depuis le début de l’année 2023 étaient présentés comme étant de nationalité sénégalaise.
Pour tenter de mettre un terme à ses départs, les services du président du Sénégal Macky Sall ont indiqué le 8 novembre dernier que le chef d’État avait ordonné la mise en œuvre de mesures d’urgence pour endiguer le phénomène. Citant un communiqué publié après le conseil des ministres, le journal Le Monde indiquait le 9 novembre que Macky Sall avait demandé à son gouvernement « des mesures sécuritaires, économiques, financières et sociales d’urgence afin de neutraliser les départs d’émigrants à partir du territoire national ». En précisant par ailleurs que cette politique devra « associer les ministres de l’intérieur, des armées, de la jeunesse et de la pêche».
Un plan décennal de lutte contre l’émigration
Ces déclarations font écho à de précédentes annonces faites au cours de l’été dernier et que nous avions déjà évoquées à l’époque sur Breizh-Info.
Le 27 juillet, le ministre sénégalais de l’Intérieur Antoine Felix Abdoulaye Diome avait présenté un plan décennal de lutte contre l’émigration irrégulière visant à réduire la fuite des habitants du pays vers l’Europe, dans un contexte où les départs vers les Canaries étaient déjà en forte hausse.
En pratique, cette Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière (SNLMI) visait « à réduire drastiquement le phénomène à l’horizon 2033 » selon le ministre et devait s’articuler autour de cinq axes que seront la prévention, la gestion des frontières, des mesures de répression (contre les convoyeurs), des mesures d’aide, d’assistance et de protection et enfin le retour et la réinsertion des migrants.
Quant au financement du dispositif, dont le coût total n’avait pas été révélé, les autorités sénégalaises avaient précisé au mois de juillet que celui-ci proviendrait du budget national ainsi que de « partenaires extérieurs ».
Précision notable par ailleurs, cité par le média Sene.News le 27 juillet 2023, le Premier ministre sénégalais Amadou Ba avait également rappelé que « le Sénégal est aussi un pays d’accueil et de transit en matière de migration. En raison de sa position géographique, sa stabilité politique et son niveau de développement économique, [le] pays attire des migrants venant de différentes régions de l’Afrique de l’ouest, notamment. »
Enfin, le porte-parole du gouvernement sénégalais, Abdou Karim Fofana avait déclaré, toujours au mois de juillet dernier, « qu’une personne qui peut dépenser des millions, pour aller à l’émigration a de quoi commencer une activité décente et rentable au Sénégal », déplorant au passage des « causes sociologiques » à cette volonté de départ vers l’Europe, « liées à un Eldorado fantasmé du fait des images renvoyées par nous-mêmes, par certains médias ».
Aux Canaries, l’immigration en hausse de 111 %
Au Sénégal, la presse a fait état ces derniers jours de nouvelles disparitions de migrants ayant pris la mer à destination de l’archipel des Canaries tandis que le sujet de l’immigration a pris une place considérable dans la campagne électorale qui se déroule actuellement avant le scrutin présidentiel du mois de février prochain.
Selon les derniers chiffres communiqués par le ministère espagnol de l’Intérieur, ce sont désormais plus de 30 700 clandestins qui auraient débarqué dans les Canaries entre le 1er janvier et le 31 octobre. Il faut remonter à 2006 pour retrouver trace d’un tel afflux tandis que ce nombre de migrants illégaux arrivés dans l’archipel au cours de la période indiquée est en hausse de 111 % par rapport à la même période en 2022.
En ce qui concerne la provenance de ces clandestins, elle est conforme à la tendance déjà observée à la mi-octobre puisque, selon Frontex et plusieurs ONG espagnoles, les deux tiers de ces migrants illégaux sont originaires d’Afrique subsaharienne tandis que les Sénégalais figurent toujours parmi les plus nombreux, devant les Marocains.
En dernier lieu, il faut rappeler que, selon Radio France internationale, 75 % de la population est âgée de moins de 35 ans au Sénégal. L’occasion aussi de se remémorer une étude publiée en 2018 qui indiquait alors qu’un Africain subsaharien sur deux envisageait de migrer en Europe :
Afrique. Un Africain subsaharien sur deux compte migrer en Europe !
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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2 réponses à “Immigration. Le président du Sénégal veut « neutraliser » les départs vers l’Europe”
il faut aider ce président courageux …rendons lui toutes les pépites et futurs prix NOBEL qui sont en France : les PAPNDIAYE …OBONO….etc!
ces jeunes dynamiques qui en sont réduits à passer leur temps sous des ponts en france seraient plus efficaces s’ils travaillaient dans leurs pays