Parmi les témoins de la découverte par trois intellectuels dolois d’autels tauroboliques au Mont-Dol en baie du Mont-Saint-Michel, figurait François René de Chateaubriand. Entré au collège épiscopal au dernier trimestre de l’année scolaire 1776-1777, il le quitte à la fin de l’année 1780-1781, soit quatre années scolaires tout compte fait. Dans ses Mémoires d’Outre-Tombe, Chateaubriand écrit en octobre 1812 : « lorsque le temps était beau, les pensionnaires du collège sortaient le jeudi et le dimanche. On nous menait souvent au MontDol, au sommet duquel se trouvaient quelques ruines gallo-romaines ». Ces promenades avaient lieu sous la conduite d’un « régent » exerçant alors la fonction de « préfet de semaine ». On peut penser que c’est lors d’une de ces promenades où on laissait aux élèves « une grande liberté de jeux », comme le dit encore François René de Chateaubriand, que Rever, Leprince et Renoul firent leur découverte.
On ne dut pas manquer de faire observer les autels tauroboliques aux élèves ce jour-là de l’année scolaire 1778-1779 et à de nombreuses reprises pendant les deux années suivantes où Chateaubriand étudia encore à Dol-de-Bretagne. Ce devait être une agréable diversion à la lourde trilogie : mathématiques, grec et latin. Dans les propositions pédagogiques du temps ne demandait-on pas le développement de l’enseignement de l’Histoire et de la géographie ? L’abbé Leprince, un des découvreurs des autels tauroboliques du MontDol, passa les grandes vacances de 1780 à Combourg en qualité de précepteur ; les autels furent sans doute parfois évoqués à la table familiale. Les présentateurs des Mémoires d’Outre-Tombe ne donnent aucune annotation sur les ruines galloromaines du Mont-Dol. Seul Maurice Levaillant dans l’édition du Centenaire, en 1948, note que le Mont-Dol était occupé par une chapelle Saint-Michel construite à l’emplacement d’un temple païen. C’est approximatif : il ne sait pas que tout cela était en ruines depuis une trentaine d’années déjà.
Il n’est pas interdit de penser que les modestes fouilles des professeurs marquèrent durablement leur élève. L’ambassadeur de France y pensait sans doute quand, cinquante ans plus tard, et pour se désennuyer, Chateaubriand entreprit des fouilles personnelles à Torre Vegata près de Rome.
Mais les fouilles de Pompéi commencées au milieu du XVIIIème siècle avaient lancé une mode. C’est approximatif : il ne sait pas que tout cela était en ruines depuis une trentaine d’années déjà. Il n’est pas interdit de penser que les modestes fouilles des professeurs marquèrent durablement leur élève. L’ambassadeur de France y pensait sans doute quand, cinquante ans plus tard, et pour se désennuyer, Chateaubriand entreprit des fouilles personnelles à Torre Vegata près de Rome. La plupart des spécialistes de Chateaubriand croient que l’écrivain s’intéressa à l’archéologie parce que c’était la mode alors. Si, selon Elisa Grégori, dans plusieurs des œuvres et spécialement dans l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, Chateaubriand se révèle « archéologue enthousiaste », nous pensons qu’il imite l’attitude de ses jeunes professeurs dolois dont il fut témoin en 1778.
Kevin LOGNONÉ
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