Le mythe de la compensation écologique, c’est-à-dire le grand remplacement de la nature, est l’un des sujets sur lesquels travaille l’économiste Guillaume Travers. Prenant l’exemple de Notre-Dame-des-Landes, il aborde la question de l’unité de compensation : « Si l’on creuse plus profondément, pour certifier qu’une forêt ici en vaut une autre ailleurs, encore faut-il avoir une unité de mesure. Celle-ci existe, c’est l’unité de compensation ou UC. Avant chaque projet impliquant l’artificialisation de milieux naturels, des bureaux d’études sont mandatés pour évaluer l’ampleur de la destruction et chiffrer le nombre d’UC devant être achetées par le promoteur pour « compenser » les dommages et transformer cette destruction en un projet supposément « neutre » du point de vue environnemental.
Le nombre d’UC dépendra, entre autres, d’un inventaire de biodiversité et d’une évaluation de la rareté des espèces répertoriées. Mais là est le point essentiel : une fois exprimées en termes d’UC, les milieux deviennent parfaitement interchangeables. Ainsi, le rapport d’études préalable à la construction (depuis lors abandonnée) de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes avait estimé que la destruction de centaines d’hectares de bocage humide valait très exactement 1 268,7 UC. Par conséquent, si les promoteurs de l’aéroport avaient acheté ce même nombre d’UC auprès d’une banque de compensation (finançant des actions de « restauration » ailleurs), le projet aurait pu être déclaré « neutre » d’un point de vue environnemental… quand bien même il aurait impliqué un bétonnage massif de milieux naturels ! Pire encore, si les promoteurs de Notre-Dame-des-Landes avaient acheté 1 300 UC, l’aéroport aurait supposément eu un bilan « positif » pour l’environnement. » (Eléments, août-septembre 2023). Bizarrement, l’argument de l’unité de compensation n’a pas été utilisé par Vinci pendant ces années où il a tenté d’imposer ce projet. Ni par les politiques de gauche (Jean-Marc Ayrault) et de droite (François Fillon) qui soutenaient l’opération.
Bernard Morvan
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Une réponse à “Notre-Dame-des-Landes : Vinci aurait pu se transformer en défenseur de l’environnement”
L’énorme scandale de la fraude aux quotas de carbone n’a pas aidé ! Dans les années 2000, elle a permis à une bande d’escrocs franco-israéliens de détourner des milliards de TVA en Europe. La compensation écologique est basée sur le même genre de principe : on répare ici ce qu’on démolit là. Vu le résultat, on comprend que Vinci et les autres aient préféré faire profil bas.