Le 17 juillet 1794, seize carmélites de Compiègne sont guillotinées pour motif de « fanatisme et de sédition ». Une bande dessinée révèle leur calvaire.
Pour éradiquer la religion chrétienne qu’ils considèrent comme portant atteinte à la liberté individuelle, les révolutionnaires dès 1789 prennent des mesures totalitaires. La loi du 29 octobre 1789 suspend ainsi les vœux religieux dans les monastères. Puis le 13 février 1790, les ordres monastiques et les congrégations religieuses régulières sont dissous. Les vœux que les religieux ont prononcés sont déclarés nuls parce que « contraires à la liberté ». Le 17 août 1792, un décret expulse de leurs couvents toutes les religieuses qui y étaient encore, les bâtiments devant être vendus pour financer la dépense publique. Enfin, les congrégations séculières sont dissoutes le 18 août 1792.
Ces mesures frappent de plein fouet les carmélites de Compiègne. Lorsqu’éclate la Révolution française, en 1789, alors âgée de 24 ans, Sœur Constance de Jésus est la plus jeune du Carmel de Compiègne. Alors novice, elle est ainsi interdite de prononcer ses vœux. Mais elle décide de rester au Carmel. Elle révèle à Mère Thérèse de Saint-Augustin, la mère supérieure des Carmélites de Compiègne, les raisons de son engagement. Elle était notamment attirée par la règle du Carmel dictée par Sainte Thérèse d’Avila. Mais le 5 août 1790, les révolutionnaires pénètrent dans le Carmel pour inciter les sœurs à en sortir. Aucune ne cède à la pression. En septembre 1792, expulsées de leur couvent, elles sont hébergées par des familles de Compiègne. Elles décident de s’offrir « en holocauste pour que la paix soit rendue à l’Église et à l’État ». Arrêtées en juin 1794, les seize carmélites sont transférées de Compiègne à la Conciergerie, à Paris. Elles sont jugées en juillet 1794. Leur procès est inique et expéditif. Il se fonde sur des images du Sacré-Cœur retrouvées dans leurs maisons. Le tribunal y voit un « caractère de ralliement des rebelles de la Vendée ». L’acte d’accusation de « fanatisme » est rédigé par Fouquier-Tinville. L’acte de condamnation est imprimé avant même la tenue du procès. Les carmélites n’ont pas droit à un avocat. Toutes sont condamnées à mort.
Elles sont exécutées le jour même, ce 17 juillet. Vêtues de blanc, les seize religieuses, conduites par leur supérieure, quittent la prison vers 18 h et prennent le chemin de la guillotine en chantant des cantiques. Elles descendent des charrettes, puis se mettent à genoux et entonnent le Te Deum et prononcent au pied de l’échafaud le renouvellement de leurs vœux. Impressionnée par leur calme et leur dignité, la foule d’habitude assoiffée de sang les accueille avec respect, en silence. À 20 h, le bourreau commence par guillotiner la plus jeune, la novice Constance de Jésus. En montant les marches de l’échafaud, elle entonne le Laudate Dominum, psaume chanté lors des fondations des Carmels. Les quinze autres carmélites sont exécutées, les unes après les autres… Onze jours après le sacrifice des carmélites, la Terreur prend fin.
Mariés et parents de sept enfants, Marie et Olivier Malcurat sont les auteurs de plusieurs livres de spiritualité, de romans de jeunesse ainsi que de bandes dessinées. Olivier a acquis une solide expérience en journalisme dans de nombreuses radios, dont Radio Notre-Dame à Paris. Marie a arrêté son métier de Professeur de Lettres Modernes en collège pour s’occuper de sa famille.
Aux Éditions Plein Vent, ils ont ainsi créé le scenario d’un album sur la vie de Louis et Zélie Martin, les parents de sainte Thérèse. Pour bâtir le scenario de cette nouvelle bande dessinée, ils ont obtenu l’aide de la communauté actuelle des carmélites de Compiègne, lesquelles ont ouvert l’accès à leurs archives historiques. Ces carmélites de Compiègne ont été béatifiées par le pape saint Pie X, le 27 mai 1906. Le Pape François, le 20 janvier 2022, a autorisé l’ouverture du procès de canonisation.
Leur courage et leur dignité ont inspiré plusieurs œuvres, intitulées le Dialogues des carmélites. Le roman La Dernière à l’échafaud, de Gertrud von Le Fort, paru en 1931, donne l’idée d’un scénario aux cinéastes Philippe Agostini et Raymond Léopold Bruckberger. Georges Bernanos en conçoit les dialogues, juste avant sa mort, en 1948. Mais ce film ne voit pas le jour. Publié en 1949, le texte de Bernanos attire alors l’attention de Jacques Hébertot. Celui-ci en fait une pièce de théâtre qui connaît un très grand succès : Le Dialogues des carmélites. En 1953, le compositeur Francis Poulenc l’adapte à l’opéra. Le succès de cet opéra conduit Agostini et Bruckberger à reprendre leur projet initial. Ainsi sort, le 10 juin 1960, leur film Le Dialogues des carmélites, avec Jeanne Moreau (dans le rôle de mère Marie de l’Incarnation) et Pierre Brasseur (dans le rôle du commissaire de la Révolution).
Le dessinateur italien Fabrizio Russo, après des études artistiques, s’est spécialisé en tant qu’illustrateur à l’école d’art de Castello Sforzesco. En 1991, il étudie à la Scuola del Fumetto (école de la bande dessinée) de Milan. Après Carlo Acutis : Un saint pour la jeunesse, il crée une nouvelle bande dessinée aux éditions Plein Vent. Son trait réaliste et soigné convient bien au récit. Il reconstitue fidèlement l’église Saint-Antoine ainsi que le carmel de Compiègne,
La coloriste italienne Roberta Pusceddu, qui avait déjà colorisé Carlo Acutis : Un saint pour la jeunesse, poursuit ainsi le binôme qu’elle forme avec Fabrizio Russo.
Les carmélites de Compiègne : Martyres de la révolution, 46 pages, 15,90 euros. Editions Plein Vent.
Kristol Séhec.
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4 réponses à “Les carmélites de Compiègne, martyres de la révolution (bande dessinée).”
merluchon se dit l’héritier de robespierre ! ça doit lui faire plaisir cette histoire de meurtre de femmes 😂
Saints martyrs de la révolution priez pour nous, bienheureuse Thérèse Fantou priez pour nous.
On a eu beau couper des têtes et installer la Terreur, le mal est dans l’homme en général et aucune guillotine n’a pu l’ éradiquer…
Encore un exploit glorieux de la révolution française !
La République française laïque envisage t’elle un traitement identique aux laudateurs d’une certaine religion envahissante pourtant bien moins « humaniste » que celle chrétienne ?