Les frictions interethniques au Kosovo ne se calment pas, elles s’alternent en fonction des agressions de rue et des décisions des autorités locales. Le 23 Septembre dernier des enfants serbes étaient agressés dans un parc de Kosovska Mitrovica par des Albanais.
Dans le nord de la région, à majorité serbe, le lendemain, un policier kosovar d’origine albanaise trouvait la mort dans une embuscade. Avec l’arrivée des renforts de la police kosovare, la trentaine de paramilitaires auteurs de l’assaut se barricadait dans le monastère orthodoxe de Banjska. Dans les échanges de tirs qui s’ensuivirent trois d’entre eux tombaient, d’autres étaient arrêtés.
Le président de la république serbe Alexander Vucic a immédiatement condamné l’attaque, rappelant néanmoins les autorités kosovares albanaises à leurs responsabilités :
« Le coupable de cette affaire est Albin Kurti qui, contrairement à l’accord de Bruxelles, n’a jamais voulu mettre en place l’autonomie des municipalités serbes et continue les provocations. Cela m’attriste que des Serbes aient répondu à ces provocations« . Le premier ministre kosovar est en effet vu pas les Serbes et leurs alliés comme un extrémiste de la cause albanaise, jetant de l’huile sur le feu pour alimenter un nettoyage ethnique larvé fait de crimes, de délits et de vexations quotidiennes.
Pour Moscou, «Il ne fait aucun doute que le sang versé hier (dimanche) est une conséquence directe et immédiate de la politique du soi-disant “premier ministre Albin Kurti” d’incitation au conflit», comme l’affirmait son ministre des Affaires étrangères.
Albin Kurti accuse de son côté Belgrade de « fournir un support financier et logistique » à la criminalité organisée, convaincu que Milan Radoicic, le vice-président du parti Srpska List, représentant les Serbes du Kosovo, était à la tête du commando, bien qu’il n’était pas parmi les personnes retranchées dans le monastère.
Le président serbe Vucic a demandé officiellement que le contrôle du nord du Kosovo soit confié à une force de maintien de la paix de l’OTAN à la place de la police kosovare tant décriée. Les effectifs de la KFOR, encore présente sur le terrain depuis son arrivée en 1999, pourraient être augmentés. Il s’agit de la mission plus longue de toute l’histoire de l’alliance atlantique.
Une autre ligne de front au sein de l’Europe où Russie et OTAN s’opposent sur la peau des populations locales. L’accalmie n’est pas pour demain, comme le laissent entendre les propos d’Alexandr Vucic : « Vous pouvez tous nous tuer, mais la Serbie ne reconnaîtra jamais l’indépendance du Kosovo, cette monstrueuse création née des bombardements sur notre pays », se référant à l’intervention de l’OTAN qui a conduit à la naissance d’un narco-état fantoche, il y a 24 ans.
Audrey D’Aguanno
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