À l’occasion de la rentrée scolaire du 4 septembre, l’Ifop publie les résultats de cette enquête auprès des parents d’élèves critiques vis à vis de l’Education nationale et de l’action du gouvernement. Et qui veulent que le nouveau ministre aille plus loin dans le détricotage du BAC à la « Blanquer » et plus largement, agisse plus efficacement pour améliorer le niveau des élèves et lutter contre les violences scolaires.
Alors que l’éducation est largement mise au cœur de la politique d’Emmanuel Macron, 1 004 parents d’élèves y donnent leur avis sur l’action du gouvernement sur l’enseignement, expriment ce qu’ils pensent des établissements scolaires (notamment celui de leur enfant) tout en donnant plus globalement leur regard sur l’efficacité de notre système scolaire. Permettant de prendre le pouls de l’opinion sur des éléments mesurés depuis plusieurs années, cette enquête met notamment au jour la problématique des faits de violence scolaire dans des proportions qui se révèlent très préoccupantes.
LES CHIFFRES CLÉS
1 – Le nouveau ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal amorce son mandat avec une cote de popularité pour le moins limitée : 43 % seulement des parents d’élèves ont une bonne opinion de lui, soit une proportion similaire à celle observée pour son prédécesseur Jean-Michel Blanquer à l’été 2019 (43 %).
2 – Il est vrai que sa popularité est plombée par la défiance structurelle des parents d’élèves à l’égard de la capacité du gouvernement à résoudre les grands problèmes de l’école… Les deux tiers n’ont pas confiance dans sa capacité à résoudre les violences à l’école (69 %) ou la baisse du niveau des élèves (68 %).
3 – Les parents souhaitent que le nouveau ministre aille encore plus loin dans le détricotage du BAC à la « Blanquer » : les deux tiers des parents interrogés (67 %) réclament ainsi un retour à « un baccalauréat dont l’obtention serait basée sur les résultats en examen national et non sur ceux obtenus au contrôle continu ».
4 – D’autre part, les parents appellent à des réformes en matière d’autorité, telles que le rétablissement des sanctions prévues par le règlement intérieur envers les élèves perturbateurs (à 96 %) ou la responsabilisation financière des parents en cas de dégradation ou d’agression commise par leur enfant (à 92 %).
5 – La montée de l’insatisfaction des parents à l’égard de l’enseignement en France s’amplifie d’année en année… C’est pour le secondaire que le degré de satisfaction des parents chute le plus fortement, que ce soit à propos du collège (52 %, soit une baisse de 15 points en 4 ans cf. baromètre 2019) ou du lycée (55 %, soit une baisse de 13 points en seulement 2 ans cf. baromètre 2021).
6 – Mais au-delà du niveau d’enseignement dispensé par les enseignants, c’est le niveau même des élèves qui se détériore pour une proportion croissante de parents : 70 % d’entre eux trouvent que le niveau des élèves en France s’est dégradé depuis une dizaine d’années, soit une proportion record en dix-huit ans.
7 – De même, le sentiment d’une dégradation des conditions de scolarité des élèves est de plus en plus fort, notamment en matière de sécurité : 72 % des parents ont le sentiment que le niveau de sécurité dans les établissements scolaires s’est dégradé, contre 61 % en 2014 (+11 points en 9 ans).
8 – Il faut dire que près de la moitié des parents (48 %) rapportent qu’au moins un de leurs enfants a été victime d’une forme d’agression physique, verbale ou sexuelle au cours de l’année scolaire 2022-2023 ! Et c’est en zone d’éducation prioritaire que la proportion de parents ayant eu un enfant victime est la plus élevée (68 %).
9 – Si Gabriel Attal a déjà pris des mesures pour faciliter l’exclusion des harceleurs, la proportion de parents d’élèves qui rapporte que leur enfant a été l’objet d’un acte de harcèlement moral durant l’année scolaire 2022-2023 atteint un niveau encore plus préoccupant (32 %), notamment en REP (56 %).
LES PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS DE L’ENQUETE
– A – Un jugement sévère sur l’action du gouvernement et du ministère de l’Education nationale
1 – Le nouveau ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal amorce son mandat avec une cote de popularité pour le moins limitée
43 % des parents d’élèves ont une bonne opinion de lui, soit une proportion similaire à celle observée pour son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer à la rentrée 2019[2] (43 %). L’ancien porte-parole du gouvernement fait néanmoins mieux quelques jours après sa nomination que Pap Ndiaye dont la popularité mesurée à la fin de son mandat était tombée à 32 % à peine. À noter que l’impopularité du nouveau ministre – située en moyenne à 57 % – est particulièrement forte dans les milieux populaires (ouvriers, non diplômés…) et chez les personnes situées aux deux extrêmes de l’échiquier politique (70 % chez les sympathisants LFI, 69 % chez les sympathisants RN).
Environ deux tiers des parents d’élèves interrogés n’ont toujours pas confiance dans la capacité de la rue de Grenelle à résoudre les violences à l’école (69 %, -1 point depuis 2021), la détérioration du niveau des élèves (68 %, -1) ou encore les inégalités des chances en fonction de leurs origines sociales (63 %, -1).
Alors même que l’école est mise en avant comme une des priorités du gouvernement, la défiance à l’égard du ministère dans sa capacité à améliorer la situation reste donc massive, signe que les fruits de l’action publique ne sont pas perceptibles par les parents.
Si en reportant l’ensemble des épreuves du baccalauréat en juin, Gabriel Attal est déjà revenu sur une partie de la réforme du lycée de 2018, les parents souhaitent que le nouveau ministre aille encore plus loin dans le détricotage du BAC à la « Blanquer » : les deux tiers des parents interrogés (67 %) réclament ainsi un retour à « un baccalauréat dont l’obtention serait basée sur les résultats à un examen national et non sur ceux obtenus au contrôle continu », sachant que leur proportion est encore plus forte dans les rangs des électeurs macronistes (72 %). Cela confirme l’échec de la réforme Blanquer, déjà sanctionnée par le report des épreuves de spécialité de mars à juin.
D’autres réformes de fond relatives à l’évaluation des connaissances et à la sélection des élèves recueillent un assentiment encore plus massif des parents d’élèves, telles que le rétablissement du redoublement à partir du collège – soutenu par 93 % des parents interrogés – ou l’instauration d’un examen afin de valider les savoirs fondamentaux nécessaires au passage au collège (approuvé à 89 %).
D’autre part, les parents appellent à des réformes en matière d’autorité, telles que le rétablissement des sanctions prévues par le règlement intérieur envers les élèves perturbateurs (à 96 %), la responsabilisation financière des parents en cas de dégradation ou d’agression commise par leur enfant (à 92 %) ou encore le retour d’un indicateur public de mesure de la violence scolaire dans chaque établissement (à 90 %).
La priorisation de l’éducation à la sexualité annoncée par son prédécesseur est, elle, majoritairement rejetée
Si l’éducation à la sexualité dès l’âge de 6 ans avait été érigée en priorité par Pap Ndiaye, les parents la rejettent massivement : 68 % y sont opposés, et ce quel que soit le niveau de scolarisation de leur enfant (70 % si en primaire, 68 % au collège, tout comme au lycée). Les partisans situés à droite de l’échiquier politique s’y opposent plus (69 % des proches des Républicains et 81 % de ceux du Rassemblement national) par rapport à ceux de gauche (47 % de rejet pour les proches de La France Insoumise, 54 % pour ceux d’Europe Ecologie Les Verts).
– B – Un sentiment général de dégradation de l’école
Quel que soit le niveau testé, la montée de l’insatisfaction des parents à l’égard de l’enseignement en France s’amplifie d’année en année…
C’est pour le secondaire que le degré de satisfaction des parents chute le plus fortement, et ceci qu’il s’agisse du collège (52 %, soit une baisse de 15 points depuis 2019) ou du lycée (55 %, soit une baisse de 13 points depuis 2021) : la montée de l’insatisfaction à l’égard du niveau d’enseignement dans le second cycle du secondaire étant sans doute accentuée par la réforme contestée lancée en 2018. Mais le niveau d’enseignement dans l’école primaire, historiquement jugé plutôt satisfaisant, est également de plus en plus critiqué si l’on en juge par la baisse continue du nombre de parents satisfaits (-12 points en 4 ans): 69 % en 2023, contre 74 % en 2021 et 81 % en 2019.
Ces symptômes supplémentaires indiquent que les parents sont de moins en moins contents de l’école et de son fonctionnement. Le ministère ne parvient pas à inverser la tendance. La perception négative des parents d’élèves sur le système scolaire français, quel que soit le niveau d’enseignement, continue de s’aggraver.
Au-delà du niveau d’enseignement dispensé par les enseignants, c’est le niveau même des élèves qui se détériore pour une proportion croissante de parents : 70 % d’entre eux trouvent que le niveau des élèves en France s’est dégradé depuis une dizaine d’années, soit une proportion record si on la compare à la première vague du baromètre (63 % en 2019) mais aussi à une enquête plus ancienne faite en 2005 auprès de l’ensemble des Français (57 %). Et ce sentiment de dégradation est de plus en plus ferme si l’on en juge par le quasi doublement du nombre de parents estimant que le niveau des élèves s’est « beaucoup dégradé » : 31 % en 2023, contre 17 % en 2005.
Dans le détail des résultats, il est aussi intéressant de relever que ce sont les parents les plus au fait du système éducatif qui ressentent le plus cette dégradation, à savoir les cadres (83 %) et les diplômés du supérieur (84 %).
La dégradation des conditions de scolarité des élèves, notamment en matière de sécurité
Dans ce domaine, on observe auprès des parents d’élèves un quasi-consensus sur la perception d’une dégradation du respect de l’autorité des enseignants (86 %), de l’investissement des élèves dans le travail scolaire (81 %, +3 points en deux ans) et de la qualité des enseignements dispensés par les professeurs (71 %, +16 points depuis 2014). Mais il est aussi important de souligner la hausse continue du sentiment de détérioration du niveau de sécurité dans les établissements scolaires : 72 % des parents considèrent que le niveau de sécurité s’est dégradé, contre 61 % en 2014 (+11 points en 9 ans).
La détérioration globale qui se dessine tout au long de l’enquête se confirme donc dans le détail, avec des éléments en forte détérioration, et une situation qui semble empirer de façon exponentielle sur certains indicateurs.
Une grande part des parents rapporte que leurs enfants ont fait l’objet d’agressions dans leur établissement au cours de la dernière année scolaire
Mesurés pour la première fois, les faits répréhensibles commis à l’encontre des enfants au cours de l’année scolaire écoulée sont malheureusement très nombreux. En effet, près d’un parent sur deux (48 %) rapporte qu’au moins un de ses enfants a été victime d’une forme d’agression physique, verbale ou sexuelle au cours de l’année scolaire 2022-2023. C’est dans les rangs des parents d’élèves en réseau d’éducation prioritaire (68 %) que la proportion de parents ayant eu un enfant victime d’au moins un fait de violence est la plus élevée.
Dans le détail, ces faits peuvent concerner une agression verbale (37 % en moyenne, 63 % en REP), du harcèlement moral (32 % en moyenne, 56 % en REP), une agression physique (25 % en moyenne, 51 % en REP), une dégradation des biens (25 %, 57 % en REP).
Si Gabriel Attal a déjà pris des décrets pour durcir les sanctions contre les harceleurs, il est intéressant de noter que la proportion de parents d’élèves qui rapportent que leur enfant a été l’objet d’un acte de harcèlement moral durant l’année scolaire 2022-2023 atteint un niveau encore plus préoccupant chez les parents d’enfants scolarisés en REP (56 %).
Par ailleurs, seulement 13 % des parents estiment que l’administration a bien géré cette situation de harcèlement moral, ce qui est un ratio similaire à celui que l’on observe pour les agressions verbales ou physiques.
Enfin, une proportion significative (15 %) de parents d’élèves révèle que leur enfant a été victime au cours de l’année scolaire 2022-2023 d’une agression sexuelle (49 % de ceux dont l’enfant est en REP l’affirment), sachant que ce sont les faits dont ils ont connaissance, il est donc fort probable que les taux réels soient supérieurs.
– C – Des établissements choisis notamment en fonction du degré de suivi des élèves et de leur niveau de sécurité
Les parents d’élèves ont été amenés à donner les raisons déterminantes qui constituent (ou constitueraient) le choix de l’établissement de leur enfant.
Les trois premiers éléments cités comme « déterminants » sont le suivi des élèves (69 %), le niveau de sécurité dans l’établissement (66 %) et les valeurs portées par l’équipe pédagogique (61 %). Globalement, les critères affichent des taux proches quelle que soit la proximité partisane, signe que les raisons dépassent les clivages politiques qui peuvent ressortir sur d’autres questions de cette enquête. Le niveau de mixité ethnique, sociale et culturelle, est (de loin) le critère le moins souvent mis en avant comme « déterminant » pour le choix de l’établissement : il l’est pour seulement 29 % des parents.
Le type d’établissement fréquenté est à celui où les chances de réussite estimées sont les plus grandes
Dans une certaine logique, qui se perpétue au fil des baromètres, les parents d’élèves estiment que c’est dans le type d’établissement où sont scolarisés leurs enfants qu’ils ont le plus de chance de réussir (notamment pour ceux dont l’enfant est dans le privé), et ce dans des proportions parfaitement stables. 67 % de ceux dont l’enfant est dans un établissement public jugent que c’est là où il a le plus de chances, 87 % de ceux dont l’enfant est dans un établissement privé sous contrat jugent que les chances de réussite sont plus fortes dans ce type d’établissement. Enfin, 74 % des parents d’élèves dont l’enfant est dans le privé hors contrat considèrent que c’est là qu’il y a le plus de chances de réussir.
Pour voir toute l’étude en détails, c’est ici
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
2 réponses à “Rentrée scolaire. Harcèlement, éducation à la sexualité, autorité, qualité de l’instruction…La défiance des parents d’élèves vis à vis du Gouvernement et de l’Education nationale.”
Tout cela est évident : les jeunes d’aujourd’hui en savent moins à 15 ans que nous n’en savions à 8 ans !!! (j’ai 78 ans et suis donc de la génération du « baby boom ») : nous rentrions en 6ème à 11 ans à l’issue d’un examen pas facile ; aujourd’hui tout le monde va dans le secondaire même les illettrés ! une bonne proportion des élèves entrant en 6ème ne savent même pas lire correctement et sont incapables de rédiger le moindre texte sans faire 10 fautes par lignes !!! Idem pour les autres matières !
ATTENTION ! : les seuls et uniques responsables de ce désastre sont les politiques qui, par idéologie stupide, sabrent l’avenir de ces malheureux jeunes qui sont les victimes expiatoires de tous ces principes illusoires ! Seule une infime minorité s’en sort surtout si elle fréquente le hors contrat qui ressemble encore assez à une école, le reste étant un pourrissoire tout juste bon à l’éducation sexuelle qui, elle, n’a rien à voir avec l’école et ne doit se faire, dans tous les cas, que dans la famille, l’école n’a absolument pas à se mêler de ça !
‘Claude Allègre, ministre de l’éducation nationale, de la recherche et de la technologie, a présenté, mardi 24 juin, aux côtés de Ségolène Royal, ministre déléguée chargée de l’enseignement scolaire, son programme d’action. M. Allègre a affirmé sa volonté de promouvoir une « culture technologique » et sa détermination à combattre la violence dans les établissements scolaires. Il a également insisté sur son souhait de réformer les structures de son administration, en poussant les feux de la déconcentration. Il s’agit de « dégraisser le mammouth » que serait l’éducation nationale et de « débureaucratiser ».’ C’était en 1997. Et comme disait une chanson des années 70 : « Non, non, rien n’a changé, tout tout a continué »…